Laurence Parent a grandi dans un village du centre du Québec[1]. C’est à son arrivée à Montréal en 2003 qu’elle constate les multiples défis liés à ses déplacements en fauteuil roulant.
À l’époque, aucune station de métro de la métropole montréalaise n’est accessible et un faible pourcentage des autobus le sont – et lorsqu’ils le sont, leur chauffeur-e n’est souvent pas en mesure ou ne veut pas utiliser le système permettant de rendre son véhicule accessible[2]. C’est à la suite de ces multiples expériences de limitations fonctionnelles imposées par une ville hostile à sa mobilité et plusieurs voyages dans des villes plus accessibles, notamment Berkeley en Californie, qu’elle commence sa militance[3],[4],[5],[6],[7].
Dès le début de sa carrière, elle a constaté l’ampleur du manque de littérature sur le handicap dans le monde francophone. Elle travaille à promouvoir l’étude critique du handicap dans les communautés francophones au Québec et au Canada. Elle est également conseillère et analyste en accessibilité universelle et inclusion des personnes handicapées.
En 2016, elle reçoit le prix francophone Tanis Doe[11] pour l’avancement des études et de la culture de l’incapacité décerné par l’Association canadienne des études sur l’incapacité. À titre de conférencière invitée, elle a donné des présentations dans plusieurs universités[12],[13].
Son mémoire de maîtrise s’intitule Je Me Souviens: The Hegemony of Stairs in the Montreal Metro[14],[15]. Elle a reçu le prix Bengt Lindqvist Human Rights Prize in Critical Disability Studies. Ce prix est remis à l’étudiant-e graduant du programme de Maitrise en Critical Disability Studies de l’Université York et qui a rédigé le meilleur mémoire de sa cohorte. Son mémoire argue que le capacitisme, en tant que système d’oppression, soutient l’exclusion des personnes handicapées dont les besoins en mobilité ne peuvent pas être accommodés par des escaliers. Son choix de se concentrer sur les escaliers est justifié par l’expérience du metro faite par des personnes handicapées peut grandement varier en fonction de leur façon de se mouvoir.
Son doctorat, quant à lui, s’intitule: Rouler/Wheeling Montréal: Moving through, Resisting and Belonging in an Ableist City[16],[17],[18]. Dans ce cadre, elle développe une nouvelle méthodologie, les entrevues roulantes (wheeling interviews), grâce auxquelles elle parcourt la ville et le sentiment d’appartenance qu’y développent des personnes handicapées. Elle étudie la négociation des barrières d’un point de vue théorique, affectif et linguistique démontrant que l’absence de vocabulaire en français pour reconnaître l’oppression capacitiste amène une absence de questionnement de cette même oppression. Elle conclut sa thèse en proposant 51 actions spécifiques qui permettront de construire une ville anti-capacitiste[19].
Politique
Le 7 novembre 2021, Laurence Parent a été élue comme conseillère d’arrondissement district De Lorimier[20] du Plateau-Mont-Royal sous la bannière de Projet Montréal lors des élections municipales[1],[21],[22],[23]. En plus de sa position d’élue, elle occupe les postes de présidente de la commission permanente sur le transport et les travaux publics et de vice-présidente du conseil d’administration[24] de la Société de transport de Montréal[25],[26]. Précédemment, elle a occupé en tant que représentante des clientes et clients du transport adapté de la STM de 2017 à 2021[25].
Le 19 juillet 2022, elle a inauguré la 20e station de métro accessible de la Société de transport de Montréal (Station Mont-Royal)[27]. En 20 ans, les politiques internes de la STM en matière d’accessibilité sont passées d’aucune considération à une transformation architecturale du tiers de son réseau[28].
Activisme
Elle œuvre initialement dans plusieurs organismes communautaires, notamment Action des Femmes Handicapées (Montréal)[29] et l'Association québécoise pour l'équité et l'inclusion au postsecondaire (AQEIPS)[29],[30]. Elle s’implique dans divers comités afin de rendre accessibles des droits et des services dont Élections Canada et le Musée canadien pour les droits de la personne (Winnipeg)[31]. Elle fait ses débuts en 2018 au sein de Projet Montréal en joignant le sous-comité Accessibilité et personnes handicapées[32].
Avant de faire le saut en politique, Laurence a cofondé plusieurs organismes militants pour les droits des personnes handicapées dont le RAPLIQ (Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec)[33],[34] et Québec Accessible[35]. Elle décrit un souhait dans une entrevue du Grenier aux Nouvelles qui résume bien son parcours:
«Si tu étais une plante/un livre/une œuvre d'art/un événement historique, tu serais :
J’aimerais être une révolution tranquille.»[36]
Principaux accomplissements
2017 – 2021
Membre, Commission de la citoyenneté culturelle, Culture Montréal, Montréal
2015 – 2017
Cofondatrice, Québec accessible, Montréal
2013 – 2017
Cofondatrice et coadministratrice, Transport mésadapté, Montréal
2009 – 2014
Vice-présidente et cofondatrice, Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec, Montréal
2011 – 2013
Vice-présidente aux affaires externes, Association québécoise des étudiants ayant des incapacités au post-secondaire, Montréal
2010 – 2011
Membre du conseil d’administration, Action des femmes handicapées de Montréal, Montréa
2009 – 2010
Membre du conseil d’administration, Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, Montréal
Publications
Thèse
Laurence Parent, Rouler/Wheeling Montréal: Moving through, Resisting and Belonging in an Ableist City (lire en ligne)
Articles dans une revue avec comité de lecture
2013 : Arseli Dokumaci, Antonia Hernández, Laurence Parent et Kim Sawchuk (Montreal in/accessible Collective), Virtual Poster Series (ViP) #1: Traffic Lights. Canadian Journal of Disability Studies, vol. 2 «Cripping Cyberspace: A Contemporary Virtual Art Exhibition Curated by Amanda Cachia», no 4
2017 : Ableism/disablism, on dit ça comment en français? Canadian Journal of Disability Studies, vol. 6, no 2, p. 183
2021 : (en) Laurence Parent, « 33 actions for an anti-ableist Montréal », Canadian Journal of Disability Studies, vol. 10, no 2, , p. 43–67 (ISSN1929-9192, DOI10.15353/cjds.v10i2.790, lire en ligne, consulté le )
Chapitres de livres
2016 : Transport mésadapté: Exploring online disability activism in Montréal. Laurence Parent et Marie-Ève Veilleux. Dans Disability and Social Media. Routledge.
2018 : Je Me Souviens: The Hegemony of Stairs at the Montreal Metro. Dans Untold Stories: A Canadian Disability History Reader (27 pages). Canadian Scholars’ Press.
2019 : Engaging Disability Access through Mobile Media Documentaries. Dans Disability and Media Companion (12 pages). Routledge.
2020 : Handicap, sourditude et medias. Laurence Parent et Véro Leduc. Dans De l’exclusion à la solidarité: Regards intersectionnels sur les médias. Les éditions remue-ménage.
2021 : Wheeling Montreal as a Disabled Woman. Dans Still Living the Edges: A Disabled Women’s Reader, Naming the Edges: Barriers. Éditions Diane Driedger.
Filmographie
2012 : Montreal*in/accessible
2014 : Performing Crip Time
2014 : Cripping the Landscape Series 1 Québec City
↑Geoffrey Reaume, « Disability History In Canada: Present Work In The Field And Future Prospects », Canadian Journal of Disability Studies, (DOI10.15353/CJDS.V1I1.20, lire en ligne)