La Belle et la Bête est un conte-type, identifiable dans le monde entier en dépit de variantes locales (numéro 425 C dans la classification Aarne-Thompson), contenant des thèmes ayant trait à l'amour et la rédemption.
Une jeune fille que l’on appelle « la belle » se sacrifie pour sauver son père, condamné à mort pour avoir cueilli une rose dans le domaine d'un terrible monstre. Contre toute attente, la Bête épargne la Belle et lui permet de vivre dans son château. Elle s'aperçoit que, derrière les traits de l'animal, souffre un homme victime d'un sortilège. Le conte a fait l'objet de nombreuses adaptations au cinéma, au théâtre et à la télévision au cours du XXe siècle, notamment un long-métrage de Jean Cocteau et deux adaptations, l'une d'animation, l'autre en prise de vue réelle, par les studios Disney.
Il apparut pour la première fois en France sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, en 1740, dans un recueil de contes, La Jeune Américaine et les contes marins, publié anonymement, où différents passagers d'une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps[3]. Le conte y est raconté par la femme de chambre de l'héroïne.
Il ne connut véritablement la célébrité que lorsqu'il fut abrégé et repris par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son manuel d'éducation Le Magasin des enfants, publié à Londres en 1756. Cette dernière supprima, en particulier, toute la seconde partie, où Madame de Villeneuve relatait la querelle des fées expliquant l'origine royale de la Belle, mais ajoute un dialogue dans lequel la gouvernante Mlle Bonne débat avec ses élèves. C'est sur cette version que sont basées la plupart des adaptations ultérieures.
Certains auteurs et experts ont suggéré que l'histoire de la Belle et la Bête pourrait être influencée par une histoire vraie. Ce serait l'histoire de Pedro Gonzales (dit Petrus Gonsalvus), né au XVIe siècle sur l'île de Tenerife (Espagne), qui a été portée à la cour du roi de France Henri II[1],[2]. Il souffrait d'hypertrichose, provoquant une croissance anormale des cheveux sur le visage et d'autres parties. À Paris, il a été accueilli sous la protection du roi et a épousé une belle femme parisienne nommée Catherine.
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La Belle
Le conte présente comme situation initiale un riche marchand et ses six enfants, trois fils et trois filles, dont la fille cadette est plutôt identifiée par une qualité (sa beauté) que par son nom. Alors que ses deux grandes sœurs sont gâtées et capricieuses, n'ayant goût que pour le luxe et la richesse, la Belle est douce, modeste et s’intéresse à la lecture. Elle entretient une relation très forte avec son père, au point de se sacrifier à sa place lorsque ce dernier se retrouve condamné à mort par la Bête pour avoir cueilli une rose appartenant à celle-ci. La Belle part vivre chez la terrible Bête et découvre, au-delà de sa laideur, un être généreux qui ne demande qu'à aimer et se faire aimer en retour.
« Vous m'apprîtes à démêler les apparences qui déguisent toutes choses. Je sus que l'image trompe, et nos sens et nos cœurs. Vous m'apprîtes encore à ne point suivre les mouvements de l'esprit et que le monde ne me serait donné qu'en pensant (…) Absenté de votre corps d'homme, vous l'exhibiez au gré des tableaux et des rêves afin que j'en recueillisse les images éparses. Prisonnière de votre palais et de sa cour assoupie d'un sommeil minéral, je régnais à mon insu sur votre vie, puisque j'en détenais les fragments jetés de part et d'autre du miroir et que mon amour seul pouvait en rassembler le sens[4]. »
La Bête
« Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu'elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d'un pas ferme, et d'un air modeste salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre. Se retournant vers la Belle, il lui dit : Bonsoir, la Belle[4]. »
Le rôle du monstre permet au héros ou à l’héroïne de maîtriser sa peur et d’exercer ses propres forces. Les angoisses de dévoration et de mort qui assaillent la Belle face à la Bête sont autant d’aspects de l’ombre, dans la rencontre profonde de l’autre, et surtout avec le masculin dans l’intime de la sexualité[5]. Rapace, lion, sanglier ou chimère selon les versions, la Bête était autrefois un beau prince puni par une fée pour ses mauvaises actions. Une version raconte qu'une vieille femme habillée de haillons et dont la mine était repoussante frappa à la porte d'un jeune et beau prince (mais incroyablement vaniteux et inhospitalier) pour mander de la nourriture ou pour dormir sous son toit. Il aurait moqué l'apparence de la mendiante et l'aurait rejetée. La vieille était en fait une très belle fée qui s'était déguisée et cette dernière punit le prince pour cette action. Elle le condamna à une apparence monstrueuse de bête qui ferait fuir toutes les femmes qui s'approcheraient de lui sauf l'élue de son cœur qui ne se fiera pas à son physique mais à sa beauté intérieure.
Terré dans son château fantastique, le malheureux monstre attend l'amour d'une femme pour être libéré du sortilège. Amour qui viendra en la personne de la Belle.
Le conte
« [Ce conte] apprend aux enfants à distinguer la laideur morale de la laideur physique, à favoriser le rayonnement d’une intelligence, d’un cœur, d’une âme que rend timide un extérieur ingrat. […] Les deux sœurs de la Belle ont épousé deux gentilshommes dont l’un symbolise la beauté et l’autre l’intelligence ; ce n’est pas là le vrai fondement d’un amour solide, mais la bonté. Ainsi la Belle ne peut se défendre d’aimer la Bête à cause des attentions inlassables dont celle-ci l’entoure. Le don de soi est justifié par l’estime des bonnes qualités de la personne à laquelle on veut unir sa vie ; ainsi les jeunes filles apprennent l’usage du véritable amour. La Belle, voyant à quelle extrémité elle réduit par ses refus la pauvre Bête, passe sous l’impulsion de la compassion unie à l’estime, de l’amitié à l’amour. Des sentiments purs, estime, délicatesse, élégance morale, reconnaissance en sont les motifs. On trouve ici la justification des mariages fréquents à cette époque, entre hommes mûrs, souvent veufs, et filles très jeunes. Il ne restait à ces maris âgés qu’à entourer leur jeune épouse de tous les égards, et aux jeunes femmes à respecter la situation mondaine et la valeur des quadragénaires. »
— Marie-Antoinette Reynaud, Madame Leprince de Beaumont, vie et œuvre d'une éducatrice, [6]
La Belle et la Bête a été adapté au cinéma dans divers films dont les plus connus restent la version de Cocteau en 1946 et celle des studio Disney parue en 1991. On trouve également beaucoup d'adaptations littéraires, télévisuelles et théâtrales.
Cinématographiques
La Belle et la Bête[7], écrit par Madame Leprince de Beaumont 1757
Les Entretiens de la Belle et de la Bête, pièce pour piano à quatre mains de Maurice Ravel (1908) extraite du recueil Ma Mère l'Oye, secondairement orchestrée (1912).
La Belle et la Bête est une chanson de 1975 interprétée par Gérard Lenorman, écrite par Maurice Vidalin et composée par Jean-Michel Jarre (dont il reprendra le thème sous le titre Second rendez-vous).
Once Upon A Time, série télévisée américaine diffusée depuis 2011 sur la chaîne ABC, proposant une libre réinterprétation de La Belle et la Bête par le biais des personnages de Rumplestiltskin (Robert Carlyle) et de Belle (Emilie de Ravin)
La Belle et la Bête est un ballet, créé en 2013 par Ethery Pagava et interprété pour les rôles principaux par Ana Pinto, Mikhaïl Avakov, Jian Yé, Asuka Sato, Rodolphe Fouillot et Arnaud Mufraggi.
Littéraires
La Belle et la Bête, roman précieux, Madame Suzanne de Villeneuve XVIIIe siècle, 1740.
La Belle et la Bête, reprise du roman de Madame de Villeneuve en conte, par Madame Leprince de BeaumontXVIIIe siècle, 1756.
Annabel et la Bête, album de Dominique Demers, paru en 2002.
Le blog de la belle, de Mary Temple.
Trois histoires de La Belle et la Bête racontées dans le monde, recueil jeunesse, troisième tome de la collection Le tour du monde d'un conte par les Editions Syros - on y retrouve La Belle et la Bête de Mme Leprince De Beaumont dans sa version intégrale, la version norvégienne A l'est du Soleil et à l'ouest de la Lune et la version japonaise Le choja escargot (2011)