L'Arabe du futur relate l'enfance et l'adolescence de l'auteur en Libye, en Syrie, deux pays alors marqués par l'idéologie du socialisme arabe[1] et en France.
Dans le premier tome, Riad décrit la rencontre de ses parents et leur installation en Libye, puis au village de Ter Maaleh en Syrie. Il pose les bases des thématiques principales de la série : l'image du père, le contexte géopolitique au Moyen-Orient de l'époque et le contraste entre les cultures et traditions européennes et orientales.
Dans le deuxième tome, il raconte particulièrement les conditions de sa vie d'écolier dans son village rural syrien Ter Maaleh avec le déroulement des cours, les relations entre les enfants, la place de la religion et de la politique dans le système scolaire ainsi que la pression scolaire exercée par son père.
Dans le troisième tome, Riad met l'accent sur les différences culturelles entre l'Orient et l'Occident : il évoque les évènements religieux comme Noël et le Ramadan, la question de la religion d'une façon générale (aussi bien musulmane que chrétienne) et le contexte de sa circoncision[2].
Dans le quatrième tome, il raconte principalement son adolescence au cap Fréhel avec sa mère et ses frères, alors que son père, de plus en plus religieux, raciste et négationniste vit seul en Arabie saoudite[3]. Ce tome marque la césure définitive entre le père et le reste de la famille (chose qui avait déjà été préparée dans les tomes précédents), notamment en raison des divergences de pensées et de modes de vie qui les opposent.
Le cinquième tome relate la vie de sa famille après l'enlèvement de Fadi, son plus jeune frère, par son père. Riad raconte le déchirement entre sa vie « d'adolescent » englobant ses questionnements sur son avenir, son cercle social et sa découverte du sentiment amoureux, et sa vie de famille marquée par l'enlèvement de Fadi, les moyens mis en œuvre pour le retrouver et l'image du père salie.
Le sixième et dernier tome présente la vie artistique de Riad. Sa mère est toujours désespérée par l'enlèvement de son plus jeune fils Fadi. Son père absent continue à lui empoisonner la vie après son départ. Ce tome dévoile la résolution des drames qui ont secoué sa famille, jusqu'à la guerre en Syrie. On y découvre aussi son parcours d'étudiant, ses débuts au cinéma, et surtout comment il a réalisé son rêve de toujours : devenir un auteur de bandes dessinées. Ces années sont marquées par l'absence du père, dont la voix reste pourtant omniprésente tout au long du récit, sous la forme d'une petite bulle rouge coincée dans un coin de presque toutes les cases.
Même si la Syrie l'a longtemps inspiré dans son œuvre, c'est le déclenchement de la guerre civile syrienne qui pousse Riad Sattouf à concrétiser son projet[4],[5]. Depuis l'échec commercial de son film Jacky au royaume des filles, il s'isole pour travailler cette histoire familiale qui lui tient à cœur et qu'il a du mal à raconter[6].
Il se base principalement sur ses souvenirs, et cela explique les références régulières aux odeurs et le point de vue enfantin[5].
La couleur dominante des illustrations et des pages de la bande dessinée varient en fonction du lieu de l'action : bleu pour la France, rose pour la Syrie et le Liban, jaune pour la Libye, vert clair pour Jersey, rouge pour la fiction, l'imaginaire ou les éléments violents. D'après Riad Sattouf, ce code couleur « s'est imposé assez facilement [...] ce sont les couleurs de l'émotion »[4].
Fin 2018, Riad Sattouf annonce que la série compterait finalement six volumes[7]. Toutefois, en 2024, il publie Moi, Fadi, le frère volé, prolongeant le récit et d'ailleurs surtitré L'Arabe du futur.
Réception critique
À sa sortie, le premier tome connait un succès critique[8]. Il remporte différents prix, dont le Fauve d'or d’Angoulême[9].
En , peu de temps après la sortie du tome 2, qualifié d'« excellente autobiographie » par Le Figaro, le volume est déjà annoncé comme un succès de librairie avec 75 000 exemplaires mis en place[10],[11].
En 2016, les deux premiers tomes se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires (700 000 en France[2]) et ont été traduits dans dix-sept langues[12].
En France, une critique d'un universitaire publiée sur Orient XXI déplore que l’œuvre puisse renforcer certains stéréotypes concernant les Arabes[13]. Nada Yafi écrit dans Plaidoyer pour la langue arabe, orient XXI Libertalia, 2023, p. 164, Laurent Bonnefoy a dévoilé la caricature d'un Arabe « sale, violent, arriéré, toujours bête, vulgaire, bigot et, bien sûr... antisémite », ce à quoi Sattouf répond qu'il caricature dans la même mesure les Français[14],[2]. Un journaliste du New Yorker, dans un portrait consacré à Riad Sattouf, affirme toutefois que L'Arabe du futur est un livre très populaire chez les Syriens expatriés. Subhi Hadidi, un journaliste de gauche et d'opposition au régime syrien, affirme que Sattouf est « juste et fidèle à ce qu'il voit. Il n'embellit pas le réel ». Le poète syrien Adonis, pour sa part, dit que Sattouf « montre les choses telles qu'elles sont »[réf. souhaitée]. Le journaliste rencontre également plusieurs intellectuels algériens qui sont frappés par la ressemblance entre l'enfance de Sattouf et la leur dans l'Algérie de Boumédiène[5].
La réception critique dans le monde est excellente[15] : le tome 2 est élu « roman graphique du mois » par le journal anglais The Guardian[16] et le New York Times le qualifie d'« artistiquement exceptionnel »[17].
Dans la revue Caractère, la journaliste Isabelle Calvo-Duval rapporte qu'en 2015, les deux premiers tomes de la série se sont écoulés à 343 300 exemplaires, ce qui en fait les troisième et quatrième ouvrages les plus vendus de l'année (après Le Papyrus de César et Bienvenue en adolescence !)[18].
En 2018, selon RTL[19], les ventes pour les trois premiers volumes représentent plus d'un million et demi d'exemplaires et les traductions existent dans vingt-deux langues, mais pas en arabe.
Los Angeles Book Prizes 2015 dans la catégorie Graphic Novel/comics[22],[23] pour la version américaine (The Arab of the Future: A Childhood in the Middle East, 1978-1984: A Graphic Memoir)
Prix Sproing de la meilleure bande dessinée étrangère 2016[24] pour la version norvégienne ((no) Fremtidens araber)
↑Stéphane Jarno, « L'Arabe du futur vole de succès en succès », Télérama, (lire en ligne, consulté le )
↑Laurent Bonnefoy, « L'Arabe du futur ou la force des préjugés - Une bande dessinée marquée par les stéréotypes », Orient XXI.info, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-GB) Olivia Snaije, « Riad Sattouf draws on multicultural past for The Arab of the Future », The Guardian, (ISSN0261-3077, lire en ligne, consulté le )