Koila Nailatikau

Koila Nailatikau
Illustration.
Fonctions
Ministre du Tourisme

(1 an et 6 jours)
Président Ratu Sir Kamisese Mara
Premier ministre Mahendra Chaudhry
Gouvernement gouvernement Chaudhry
Biographie
Date de naissance
Nationalité fidjienne
Père Kamisese Mara
Mère Lala Mara
Fratrie Finau Mara (en)
Conjoint Epeli Nailatikau
Diplômé de London School of Economics
Profession avocate

Adi Koila Nailatikau, née Vasemaca Josephine Koila Mara[1] en 1953[2],[3], est une cheffe coutumière, avocate et femme politique fidjienne.

Biographie

Jeunesse

Issue d'une famille de sept enfants[3], elle est la fille de Ro Litia Lala Cakobau, détentrice du titre de Roko Tui Dreketi (en), l'un des titres coutumiers les plus prestigieux de l'aristocratie fidjienne, détenu par la ou le plus haut chef de la province de Rewa et de la confédération Burebasaga, tandis que son père est Ratu Kamisese Mara, fils et héritier du Tui Nayau, l'un des chefs de l'archipel de Lau[4],[5]. L'année de sa naissance, son père entre en politique, étant nommé membre du Conseil législatif des Fidji, pendant la période coloniale britannique[6]. Ministre-en-chef de la colonie à partir de 1967, il joue un rôle clef dans les négociations qui définissent la Constitution des Fidji pour l'indépendance du pays en 1970, date à laquelle il devient Premier ministre[5].

Titulaire d'une licence de droit de la London School of Economics[7], Adi Koila Mara pratique le métier d'avocate[1],[8]. En 1981 elle épouse le chef et officier militaire Ratu Epeli Nailatikau, qui l'année suivante devient le commandant des Forces militaires royales fidjiennes[9].

Ministre puis otage

En février 1999, elle est cofondatrice, avec notamment son beau-frère Ratu Epeli Ganilau (en), du parti Alliance chrétienne-démocrate, qui demande qu'une majorité des sièges au Parlement soient réservés aux autochtones, et que les Fidji deviennent formellement un État chrétien[10]. Aux élections législatives de 1999, Adi Koila Nailatikau entre à la Chambre des représentants comme députée de la circonscription ethnique autochtone des îles Lau, autrefois représentée par son père avant qu'il ne devienne président de la République en 1993[11],[12]. L'Alliance chrétienne-démocrate obtient trois députés, tous élus au suffrage ethnique autochtone : Adi Koila, Mitieli Bulanauca et Poseci Bune[13]. Une fois élus, ces trois députés « abandonn[ent] le programme de leur parti » et entrent dans le gouvernement de coalition multi-ethnique du travailliste Mahendra Chaudhry, permettant à celui-ci de devenir le premier Premier ministre des Fidji qui ne soit pas d'ascendance autochtone[10].

Adi Koila est nommée ministre du Tourisme[14],[15]. Après un an, le , le gouvernement est renversé par un coup d'État mené par l'homme d'affaires George Speight, qui se réclame de l'ethnonationalisme autochtone. Les ministres et les députés de la majorité parlementaire sont pris en otage. Le lendemain de la prise d'otage, George Speight propose de libérer les quatre femmes autochtones parmi ses otages : Adi Koila Nailatikau, Lavenia Padarath, Ema Tagicakibau et Akanisi Koroitamana. Celles-ci se concertent, et refusent unanimement, par solidarité, de quitter leurs collègues masculins[16],[17]. Fin mai, tentant de faire pression sur son père pour l'amener à démissionner de la présidence de la République, George Speight menace de tuer Adi Koila[18] ; les images télévisées des rebelles appuyant un pistolet contre la tempe d'Ali Koila contribuent grandement à la démission forcée de son père[19]. Les quatre femmes sont finalement relâchées le 24 juin, les hommes n'étant libérés que le 13 juillet[20].

Suites

À la suite du coup d'État, durant une période de loi martiale, le banquier Laisenia Qarase forme un gouvernement ethno-nationaliste autochtone et organise de nouvelles élections en 2001. À la demande de son père, Adi Koila cède sa circonscription des îles Lau à Qarase, dont le parti remporte les élections[21]. Elle est ensuite nommée sénatrice sur proposition du Grand Conseil des chefs. Dans le même temps, son époux Ratu Epeli Nailatikau est élu président de la Chambre des représentants[22],[23]. Elle s'oppose au projet de loi dit « de réconciliation, de tolérance et d'unité » initié par le gouvernement Qarase en 2005 et qui vise non seulement à compenser les victimes du coup d'État de l'an 2000 mais aussi à en amnistier les auteurs ; Adi Koila explique qu'il n'est pas possible de pardonner aux auteurs du coup d'État sans que toute la lumière soit faite sur les soutiens et les financements dont ils ont bénéficié. Malgré son opposition, toutefois, le Conseil provincial autochtone des îles Lau soutient publiquement le projet de loi[24].

En 2008, son époux et elle sont fait membres grand-croix de l'ordre de la Couronne des Tonga (en) par le roi des Tonga George Tupou V[25]. Ratu Epeli Nailatikau est ensuite président de la République de 2009 à 2015[26].

Références

  1. a et b (en) "List of Legal Practitioners with valid Practising Certificate as at 16th March 2023 for the period 01st March, 2023 – 29th February, 2024", département judiciaire des Fidji, 16 mars 2023
  2. (en) "Adi Koila Nailatikau", Institut d'Études du Commonwealth, 14 juillet 2015
  3. a et b (en) "Lauan Chiefs Happy With Ratu Finau Appointment", The Fiji Sun, 3 octobre 2015
  4. (en) Baro Saumaki, "Bose ni Vanua and democratic politics in Rewa", in Jonathan Fraenkel et Stewart Firth (dir.), From Election to Coup in Fiji: The 2006 Campaign and Its Aftermath, Australian National University Press, 2007, pp.218-219
  5. a et b (en) "Obituary: Ratu Sir Kamisese Mara", The New Zealand Herald, 19 avril 2004
  6. (en) "Obituary: Ratu Sir Kamisese Mara", The Daily Telegraph, 20 avril 2004
  7. (en) "Adi Koila Mara Nailatikau - World Summit 2015 - Session VI", Fédération pour la paix universelle
  8. (en) "Female candidates for Fiji presidency", International Women's Development Agency, 28 septembre 2015
  9. (en) "FIJI HISTORY - Ratu Epeli Nailatikau and Adi Koila's Wedding - 1981", Archives nationales des Fidji
  10. a et b (en) Brij Lal, Historical Dictionary of Fiji, Rowman & Littlefield, 2015, p.61
  11. (en) Steven Ratuva et Stephanie Lawson, The People Have Spoken: The 2014 Elections in Fiji, Australian National University Press, 2016, p.48
  12. (en) Stephanie Lawson et Elizabeth Lawson, "Chiefly Leadership in Fiji: Past, Present, and Future", Université nationale australienne, p.9
  13. (en) "Elections 1999 Results By The Count", Bureau électoral fidjien
  14. (en) Brij Lal (dir.), Fiji before the storm: Elections and the politics of development, Australian National University Press, 2012, ch. 3-4
  15. (en) Michael Ong, "Fiji: May Elections and the New Government", Parlement de l'Australie, 29 juin 1999
  16. (en) Michael Field, Tupeni Baba et Unaisi Nabobo-Baba, Speight of Violence: Inside Fiji's 2000 Coup, Australian National University Press, 2005, (ISBN 1 74076 170 7), p.115
  17. (en) "Hostages snub offer of liberty", The Guardian, 5 juin 2000
  18. (en) "Talks Resume in Fiji", Associated Press, 29 mai 2000
  19. (en) "Obituary: Ratu Sir Kamisese Mara", The Guardian, 23 avril 2004
  20. (en) Michael Field, Tupeni Baba et Unaisi Nabobo-Baba, Speight of Violence, op.cit., p.164
  21. (en) Jon Fraenkel et Stewart Firth (dir.), From election to coup in Fiji : the 2006 campaign and its aftermath, Australian National University Press, 2007, p.69
  22. (en) "I am here as the servant of this House: Ratu Epeli", Fijian Broadcasting Corporation, 11 février 2019
  23. (en) Rae Nicholl, "Electing women to Parliament: Fiji and the alternative vote electoral system"], Pacific Journalism Review, vol. 12, n°1, 2006, p.103
  24. (en) Jon Fraenkel et Stewart Firth (dir.), From election to coup in Fiji, op.cit., pp.112, 132
  25. (en) "Royal orders presented at Palace", Matangi Tonga, 1er août 2008
  26. (en) "Fiji swears in new president", Radio New Zealand, 12 novembre 2015

Article connexe