Kiryat Arba signifie la « ville des quatre », en référence possible aux quatre géants que sont Arba et ses fils Ahiman, Sheshai, et Talmi.
Selon une autre interprétation, Kiryat Arba signifierait « la ville d'Arba », Arba(en) étant le père ou l'aïeul d'Anak (Inachos), le fondateur de la dynastie des Inachides(en).
Le nom apparaît fréquemment dans la Bible comme synonyme de « Hébron ».
Genèse 23, 2 : « Sara mourut à Qyriat Arba, qui est Hébron, dans le pays de Canaan ».
Histoire
À la suite des pogroms de 1929 et 1936, la communauté juive de Hébron est expulsée par les Anglais. La Transjordanie conquiert la ville en 1948 et interdit le retour de la communauté juive. À la suite de la conquête de la Cisjordanie par Tsahal en 1967, le mouvement sioniste-religieux Goush Emounim tente de repeupler le quartier juif de Hébron. Le gouvernement israélien refuse et expulse de la vielle ville les colons menés par le rabbinMoshe Levinger, mais les autorise cependant à s’installer dans l’enceinte des bâtiments militaires, et finance la création d’une colonie en périphérie directe d’Hébron, y construisant 250 logements[3],[4].
Petit à petit, les baraques et les tentes font place à une petite ville. Kiryat Arba joue le rôle de capitale régionale pour l'ensemble des colons juifs de Judée. La population qui atteint 7 500 personnes en 2007 est totalement sioniste religieuse. Elle croît rapidement en raison d'une fécondité très élevée et de l'intégration de nombreux immigrants, dont de nombreux Français.
En 1994, Baruch Goldstein, un colon israélien de Kiryat Arba, membre du parti nationaliste-religieux Kach et Kahane Chai, abat 29 musulmans et en blesse 125 autres lors d'un office religieux dans la Mosquée d'Abraham, avant d'être maîtrisé et tué par les survivants de l'attaque. À Hébron même, un couvre-feu est mis en place et s’applique uniquement aux populations palestiniennes. Il est imposé durant deux mois sur l’ensemble de la ville, et six mois sur la vieille ville[3]. Ce massacre contribue à l'échec du processus de paix[6]. Le terroriste est enterré dans un mausolée à Kiryat Arba où sa mémoire est honorée chaque année par une frange de l'extrême-droite israélienne[7]. En 1998, le parlement israélien vote une loi interdisant l’édification de mausolées à la mémoire d'auteurs d'actes de terrorisme et contraignant la destruction de ceux déjà édifiés[8]. L'année suivante, l’armée israélienne détruit le mausolée édifié pour Goldstein, n'en préservant que la pierre tombale[9],[5].
Depuis l'an 2000, la population de la ville a été une cible privilégiée des attaques palestiniennes qui ont fait de nombreuses victimes[réf. nécessaire].
Cela commence en 1979, lorsqu'un petit groupe de femmes et d'enfants juifs s'installent dans le bâtiment abandonné de l'ancien hôpital « Beit Hadassa » datant de 1880. Elles squattent cet immeuble délabré pendant un an avant que le gouvernement ne l'autorise officiellement en . Le bâtiment est alors réhabilité et agrandi.
Cette même année 1980, le bâtiment Beit Romano est à nouveau autorisé aux juifs pour y abriter une yeshiva.
En 1984, à Tel Romeida, un groupe de sept familles juives installent leurs « caravanes » (il s'agit en fait de « mobile homes »), et baptisent leur campement Admot Yishai (אַדְמוֹת־יִשַׁי) ce qui signifie « les terres de Jessé ». En , le gouvernement autorise la construction d'un bâtiment en dur. Les caravanes sont alors empilées sur deux étages par manque de place. Le bâtiment baptisé Beit Menahem en hommage au Rabbi de Lubavitch, Menachem Mendel Schneerson, inauguré en 2005, repose sur des pilotis de béton pour préserver les vestiges archéologiques qui se trouvent en dessous.
Le Centre Goutnik (מרכז גוטניק), à proximité du tombeau des Patriarches, avec ses fenêtres grillagées (pour se protéger des jets de pierres), a été inauguré à Pâques 1996, à l'occasion d'une grande manifestation de soutien aux juifs d'Hébron, qui a rassemblé des milliers de personnes, brandissant des drapeaux et banderoles, et arborant des casquettes avec le slogan : « חברון מאז ולתמיד » (Hébron pour l'éternité!).
En 2007, une nouvelle tentative d'implantation dans le bâtiment baptisé « Beit HaShalom(en) » a échoué et les occupants ont finalement été évacués en 2008 par la police israélienne.
Ces petites implantations, même quand elles sont illégales, sont protégées par l'armée israélienne[3].
↑ ab et cChloé Yvroux, « L'impact du contexte géopolitique sur «l'habiter» des populations d'Hébron-Al Khalil (Cisjordanie) », L’Espace géographique, vol. 38, no 3, , p. 222–232 (ISSN0046-2497, DOI10.3917/eg.383.0222, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Robert Paine, « Behind the Hebron Massacre, 1994 », Anthropology Today,, Royal Anthropological Institute of Great Britain and IrelandStable, no 11, , p. 8-15 (lire en ligne).