Le kenjutsu(剣術?, litt. « technique du sabre ») est l'art du sabre des samouraïs. Il appartient aux anciens arts martiaux japonais et entre dans la catégorie des bujutsu, les techniques guerrières du Japonféodal. Le kenjutsu est seulement enseigné dans les écoles anciennes ou koryū[1]. Il est enseigné par le sōke (grand maître) ou les enseignants ayant reçu l'autorisation de ce dernier, directement ou indirectement pour les écoles plus répandues.
On pratique le kenjutsu généralement sans protections même si parfois on trouve des protections de main ou de tête[2]. L'entraînement se fait à deux avec un bokken ou un shoto. Au niveau le plus élevé, il est exécuté avec un katana ou un wakizashi.
Une transmission de koryū
Au Japon, les écoles anciennes d'arts martiaux (koryū) se sont particulièrement développées au lendemain de la victoire de la dynastie Tokugawa en 1615, même si les plus anciennes remontent au XIIe siècle. Au centre de leur enseignement, on retrouve généralement le kenjutsu (art du sabre, qui était l'arme privilégiée du samouraï). Dans un Japon maintenu en paix, la classe des samouraïs se trouva détournée du champ de bataille et eut la possibilité d'employer son énergie à perfectionner son savoir-faire, les arts martiaux anciens ou bujutsu. Ces koryū se développèrent en se structurant autour de l'expérience guerrière de leur fondateur. La Nihon Kobudo Kyokai est une association japonaise dont le but est la préservation et le développement des koryū et donc du kenjutsu[3].
Enseignement
L'enseignement du kenjutsu se fait uniquement par les katas. Le but de l'enseignement du kenjutsu est certes une efficacité certaine, mais tout aussi certainement une transmission sans faille, d'où :
transmission de l'efficacité,
efficacité de la transmission.
Enseignement sur mesure
L'enseignement du kenjutsu se fait au sein d'une koryū. Le grand maître, sōke, enseigne quand tous les autres sont des élèves. Un seul enseignant et ses élèves, voilà la structure d'une koryū[4]. Le sōke dispense son enseignement comme il l'entend et chacun reçoit selon la volonté du sōke. Il s'ensuit que ce que l'un apprend et comment il l'apprend peut être tout à fait différent de ce que reçoit son voisin ! À partir de cette observation, on déduit rapidement qu'il existe des niveaux d'enseignement. On raccourcit alors en désignant ce qui est « accessible au plus grand nombre » en l'appelant exotérique et ce qui est supposé « transmis aux avancés » et que l'on désigne par ésotérique. Certaines écoles ont un double enseignement quand d'autres en ont un « sur mesure ».
Enseignement double
Avec le prolongement d'une ère de paix des Tokugawa puis l'abrogation de la classe des samouraïs avec l'ère Meiji, sur la base des techniques guerrières apparurent des « voies » (budo) qui mettaient plus l'accent sur la maîtrise intérieure[5]. Si chaque école avait ses façons propres (longueur du sabre, positions du corps, manière de porter les coups, attitude mentale, saisie du sabre, déplacements, types d'entraînement), on peut avancer sans trop d'erreurs que l'enseignement de chaque école possédait un double aspect : exotérique et ésotérique. La connaissance de ces deux versants signait la maîtrise de la transmission. Cette distinction repose sur l'opposition entre l'enseignement accessible à l'ensemble des élèves et celui réservé aux élèves les plus avancés et non pas entre la technique d'un côté et la spiritualité de l'autre. Par l'organisation même de la transmission des connaissances dans les koryū, la dimension spirituelle apparaît après la maîtrise physique du sabre, d'où un lien plus marqué entre spiritualité et techniques plus avancées[6].
Profondeur des bases
Toutefois, dans l'esprit de simplicité qui caractérise le goût japonais, la plus haute spiritualité est à rechercher dans les exercices les plus simples et non dans les raffinements les plus complexes. C'est le travail lui-même sur le sabre et sur soi qui révèle, au fil des décennies et avec l'appui du maître et des anciens, la portée technique et philosophique de l'art. C'est ainsi que la spiritualité est rarement abordé avec les élèves, soit parce qu'ils n'ont pas le niveau suffisant pour aborder la question, soit parce que cette dimension se révèle d'elle-même dans l'étude sans mot dire, soit parce que l'école refuse la nécessité d'aborder le « domaine des dieux ». Toutes les écoles sont indépendantes et il faut prendre garde à toute généralisation abusive.
Les textes de références
Les koryū transmettent sur des rouleaux calligraphiés le contenu de l'enseignement. La technique et l'esprit du fondateur de l'école sont transcrits et leur lecture doit être appuyée sur la tradition orale interne à l'école. Certains textes ont atteint le public :
le Katsujin ken, le sabre de vie ou les enseignements secrets de la Maison du Shogun de Yagyū Munenori, étudié dans la Yagyu Shinkage Ryu.
L'opposition des termes jutsu et do
Les anciens arts du sabre se nomment jutsu et leur passage aux temps post-Meiji (1868) vers une dénomination do a fait croire une avancée de la technique vers un stade supérieur de la Voie ou Tao en chinois. Cette appellation a été introduite par Kano sensei, fondateur du judo en 1883. Cependant, l'art du sabre et la Voie du sabre ayant existé avant 1868 et ayant été transmis dans des textes de haute volée spirituelle, il est justifié d'établir que le kenjutsu véhicule l'étude de la Voie du sabre malgré l'emploi du suffixe -jutsu, technique. Il faut bien accepter que Miyamoto Musashi, Yagyū Munenori, Ito Ittosaï, Bokuden Tsukahara, Iizasa Ienao, tous tenants du kenjutsu, ont vécu selon la Voie du sabre et l'ont transmise dans leur école.
Quelques particularités
Deux sabres
L'école Hyoho Niten Ichi Ryu (littéralement « l’École de la stratégie des deux Ciels comme une Terre») est héritière du légendaire Miyamoto Musashi ; sa particularité est d'enseigner le maniement des deux sabres nito, katana et wakizashi, simultanément. La Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū, la Suiō-ryū[7], la Shingyoto Ryu[8] et la Tatsumi Ryu possèdent elles aussi leur katas à deux sabres.
Une forme dérivée
Le shinobi kenjutsu, forme « vulgaire » du kenjutsu, développée par les maîtres japonais du ninjutsu (ou shinobi-ho), et qui inclut des techniques « originales » mais d'une efficacité redoutable — parfois au détriment de l'aspect esthétique.
Les différentes koryū de kenjutsu
Le kenjutsu est aujourd'hui vivant au sein de koryū (écoles traditionnelles anciennes) qui enseignent tant au Japon que, depuis peu, ailleurs dans le monde et particulièrement en Europe. Que le kenjutsu soit vivant nous ferait presque comprendre qu'il soit très varié au point de pouvoir avancer qu'il y ait plusieurs kenjutsu. Mais le sens japonais d'un même principe commun aux kobudo les poussent à penser que « les katas permettent de trouver la voie qui elle-même transcende toutes les règles et que de ce point de vue, il n'existe pas de différences fondamentales entre les écoles de kenjutsu[9] ». Enseigner le kenjutsu d'une koryū signifie impérativement pouvoir faire état d'une autorisation du grand maître à divulguer un enseignement limité. La transmission de l'intégralité des connaissances est réservée aux menkyo kaiden, le niveau le plus élevé de l'école avant la grande maîtrise. De nombreux grands maîtres incarnent l'authenticité de la transmission et la vérité du sabre japonais. Certains voyagent en Europe afin de préserver la qualité de ce qui y est étudié. Il s'agit d'une ouverture progressive encouragée par le sérieux des élèves.
La très grande majorité des koryū intègre une étude du sabre, même si leur arme d'étude principale est autre, par exemple le jō (bâton) ou la kusarigama (chaîne-faucille). Chaque arme doit savoir réagir face au katana qui est l'arme principale des samouraïs et aussi face aux doubles sabres[10].
Les koryū au Japon
Liste des koryū de kenjutsu de la Nihon Kobudo Kyokai établie par Guy Buyens en [11]
Avec un katana, la coupe se fait uniquement avec les dix premiers centimètres de la lame, partie appelée monouchi(物打?), littéralement « objet qui frappe ». Lorsqu'il est manié seul (cas général), le katana se tient à deux mains ; l'exception la plus notable est l'école Hyoho Niten Ichi Ryu, où l'on utilise simultanément les deux sabres.
Les koryū transmettent un savoir qui ne se dévoile que très progressivement et parcimonieusement à l'élève. Chacune préserve ses caractéristiques à tel point qu'en parler de manière générale est illusoire. Les détails qui suivent sont donnés à titre indicatif. Le seul moyen de parler en connaissance de cause est de pratiquer dans une koryū et, si possible, avoir accès à l'enseignement du grand maître. Encore, cela ne suffit pas. Une saisie du sabre ne se dévoile qu'au bout de décennies d'exercice. Les fondements se révèlent en fin de course, fondements au sens de premières bases techniques mais aussi de principes essentiels.
Si un certain nombre de techniques ont été perdues avec la disparition de certaines écoles, il faut cependant rappeler que l'ambition et le devoir de ces écoles sont de transmettre leurs connaissances à la génération suivante. Les rouleaux internes de l'école certifient la validité et la totalité de cette transmission. Afin de célébrer cette pérennité, les koryū de la Nihon Kobudo Kyokai se réunissent régulièrement pour des démonstrations attestant de la vitalité de leur étude et de leur art, notamment chaque année, au temple shinto de Itsukushima sur l'île de Miyajima et dans d'autres manifestations[27]. Il existe des techniques communes[28] aux nombreuses écoles de kenjutsu mais aucune n'est identique aux autres malgré les similitudes.
Relation esprit/technique
Selon la pensée extrême orientale, le ki est le souffle-énergie qui s'amalgame en matière, vivant et action et se sublime en principes et voies. Ainsi, les techniques sont un mélange de l'énergie du fondateur de la koryū et sont pleinement réalisées en approchant l'esprit même du fondateur. Technique et esprit sont deux versants d'une même réalité. Ces deux aspects sont unis en la personne du sōke par excellence et du pratiquant par l'effort. La Suio Ryu détient une tradition ancienne qui rapporte ceci : « L’art du sabre vient des ascètes de la montagne. L’essence de notre tradition, et l’obtention d’une position inattaquable, consistent à abattre nos adversaires alors que le sabre est encore au fourreau, étouffant leurs actions et remportant la victoire sans sortir le sabre. Quand vous êtes engagé dans le combat, détachez-vous de toute pensée de victoire ou d’échec, parvenez à un esprit pur et libre et unifiez-vous avec les dieux[29]. »
Équipement
L'entraînement ou keiko se fait avec les armes en bois, bokken ou shoto. Dans les katas opposant le sabre long ou court à d'autres armes, on utilise aussi des bâtons longs ou courts, bō ou jō, une chaîne lestée avec une faucille (kusarigama) ou un fauchard (naginata), etc. Le choix des armes dépend du contenu de l'enseignement de l'école et du niveau atteint par l'élève. En démonstration ou embu, certaines koryū continuent d'employer les armes en bois et d'autres passent aux lames en métal.
La tenue vestimentaire varie selon les koryū, certaines ne donnant pas d'indication et d'autres recommandant une mise particulière.
Quelques écoles travaillent avec des protections très limitées, Maniwa Nen Ryu ou Ittō-ryū par exemple.
Gardes (kamae) ou non-garde
La garde, ou kamae(構え?) en japonais, est une position du corps correspondant au début ou à la fin d'une coupe. C'est logiquement une position d'attente en début de combat[30]. Selon certaines écoles, le combattant doit s'attacher[31] à ne montrer aucune intention. Pour Musashi, il faut avoir une seule intention : « pourfendre ». Il recommande même d'utiliser le stratagème de paraître « endormi ». Dans certains enseignements, lors du combat, le combattant s'attache à garder sa rectitude (shisei) afin d'être toujours équilibré ; de même, les gardes se font à gauche (hidari) et à droite (migi), de manière symétrique à l'exception de la position des mains sur la poignée (tsuka) qui ne varie pas. Toutefois, dans la Hyoho Niten Ichi Ryu, Hidari Wakigamae ou garde à droite n'est pas symétrique à Migi Wakigamae au nito seiho. On voit par ces exemples qu'il n'y a pas un enseignement unique mais une réelle autonomie des savoirs incarnés par le sōke de chaque école.
Certaines écoles ne considèrent pas le kamae comme faisant partie de leur enseignement, notamment la Yagyu Shinkage Ryu[32].
Encore une fois, il est juste de rappeler que les koryū n'ont de référence pour elles-mêmes que la pratique de leur fondateur et l'évolution de leur école. Il y a certes des similitudes mais surtout des exceptions puisque chacune suit sa propre règle.
Typologie des 5 gardes principales
Seigan no gamae : l'escrimeur est de face, le sabre pointé devant lui ; si l'on poursuit la courbe de la lame, la courbe passe entre les deux yeux de l'adversaire, le sabre est ainsi à une hauteur moyenne (chūdan) ; cette garde permet de frapper d'estoc (tsuki) ou bien de changer de garde pour effectuer une coupe (« armer » le coup) ;
Hassō-no-kamae : le sabre est tenu lame vers le haut, la poignée (tsuka) au niveau de l'épaule ; il est prêt à frapper en diagonale vers le bas (kesa giri) ;
Jōdan no gamae : le sabre est tenu au-dessus de la tête (position haute, jōdan), lame pointant vers le haut, prêt à frapper de haut en bas (shōmen) ;
Gedan no gamae : le sabre est tenu pointe en bas, la poignée au niveau du bassin (position basse, gedan), prêt à frapper en diagonale vers le haut (gyaku kesa giri).
Waki-no-kamae : le sabre est tenu horizontalement, au niveau du ventre, la pointe dirigée sur le côté :
Pour la garde à gauche (hidari waki no gamae), le pied gauche est reculé, et du fait de la position des mains sur la poignée (tsuka), le poignet droit couvre le poignet gauche ;
Pour la garde à droite (migi waki no gamae), le pied droit est reculé.
L'orientation du plan de la lame (hasuji) est capitale. Lorsque l'on est en garde, le sabre doit pouvoir couper sans qu'il soit besoin de faire pivoter la lame ; la lame est déjà dans le plan de coupe lorsque l'on est en garde.
Les déplacements
Le déplacement du corps est aussi essentiel car il permet de passer d'une garde à une autre, d'une situation à une autre, d'une réponse à une autre. La manière de poser le pied ou de le lever, d'opérer un pivot ou de reculer sont autant de signatures d'une école de sabre. Les déplacements donnent une juste idée de la maîtrise du pratiquant car, par eux, on aboutit à la véritable liberté de mouvement. Musashi insiste sur les différentes façons de se mouvoir le sabre en main dans le Gorin no sho[33].
Le Katori Shinto Ryu possède sa manière qui est distincte de celle de la Hyoho Niten Ichi Ryu[34].
Tenue du sabre
Évolution du sabre
Au cours de l'histoire, les armes ont évolué — entraînant l'évolution conjointe de la tenue du sabre — sur les variables suivantes :
Longueur et poids des armes
Lourdes aux époques de guerres sur champ de bataille à cause des armures à transpercer, avec port de gants (kote) ;
Légères en période de paix, lames plus fines.
Les progrès de la métallurgie — forge et alliages — qui modifièrent les sabres ;
l'évolution des techniques de combat au sein des koryū[35]
Variations autour de la saisie
On remarque que les écoles anciennes koryū, telles que la Katori shinto ryu ou la Take no uchi, ont des saisies différentes — saisie naturelle, comme s'il s'agissait d'un œuf pour la Katori et plus forte, comme une saisie de hache de bucheron pour la dernière — des pratiques codifiées plus récemment telles que Muso shinden ryu ou la Jikiden ryu.[réf. souhaitée]
Shōmen : coupe du haut vers le bas, men désignant la tête.
Kesa giri : coupe en biais de haut en bas, tranchant de la base du cou aux côtes flottantes de l'autre côté ; on parle parfois de yokomen, « côté de la tête ».
Gyaku kesa giri (kesa giri inversée ») : coupe diagonale de bas en haut ; elle part d'une garde gedan no gamae.
Yoko guruma (« roue latérale »), ou do giri (coupe de la cuirasse), ou encore ichimonji (le sabre a un mouvement similaire au pinceau écrivant le kanji « 一 », ichi) : coupe horizontale au niveau du ventre.
Parades et contres
La notion de parade est très différente de la notion européenne. En effet, en kenjutsu, on ne cherche pas à bloquer la lame (à l'exception des techniques d'arrêt : domaru waza ou uchi dome), car cela l'émousserait et risquerait de la briser, ou bien on risquerait de la lâcher. La défense consiste plutôt à « recevoir » la lame de l'adversaire (ukeru), c'est-à-dire à esquiver le coup tout en mettant sa lame au contact de celle de l'attaquant, afin de la contrôler et que celui-ci ne puisse pas frapper à nouveau ; les deux lames glissent l'une contre l'autre.
Les écoles qui se réclament du gonosen, l'esprit de répondre à l'attaque, recherchent à avancer dans l'attaque de telle manière que cela soit une esquive, mais on avance en premier et on esquive en second dans une seule et même action.
Dans la logique japonaise, les noms des techniques ne décrivent pas une forme mais plutôt un principe de combat (de même qu'un kanji peut avoir plusieurs sens)[37].
Cependant, certains maîtres dont Mochizuki Minorusensei et Yoshio Suginosensei[38] pour le Katori Shinto Ryu ou Inabasensei pour le Kashima Ryu ont pratiqué le kenjutsu dans une koryū pour ensuite intégrer cette étude du sabre dans un gendai budo. Cette démarche possède sa légitimité sans remplacer le courant central de la koryū historique.
Un développement récent du kenjutsu a abouti à la création du kendo. Sa principale influence est le Ittō-ryū de la famille Ono appelée Ono-Ha Ittō-Ryū, représentée aujourd'hui par le grand maître Sasamori Takemi sōke.
Il a également été d'une importance fondamentale dans la genèse de l’aikido ; une forme de kenjutsu, inspirée du Kashima-shinryū, est pratiquée par les aikidokas sous la dénomination aiki-ken.
L'art du sabre comprend également deux autres volets d'étude :
l'art de dégainer (iai) et frapper dans le même mouvement : iaijutsu dont une évolution a abouti au iaido ;
l'entraînement aux coupes sur des bottes de bambou (ou éventuellement des carcasses d'animaux) : batto do, tameshi giri (ce dernier terme désignant le test de la lame).
Voir aussi
Notes
↑À l'exclusion des formes modernes, créées après 1868.
↑L'intérêt du public pour les arts anciens du sabre a favorisé la création de nouvelles écoles se réclamant du kenjutsu, ou adoptant le suffixe ryū. Il s'ensuit une possible confusion sur ce qui est ancien et ce qui vient de naître. Les enseignements que ces écoles dispensent ne peuvent se réclamer du kenjutsu ou des koryū que si elles peuvent présenter une filiation claire avec une généalogie vérifiable.
↑Hunter B. Armstrong, “The hierarchy is a simple one: the one sensei and the students”, dans Koryu Bujutsu: Classical Warrior Traditions Of Japan, p. 25-26, cf. bibliographie.
↑Ce développement moderne engendra dans certains courants une mystique du sabre plus apparentée à la philosophie qu'à l'art guerrier, suivant un processus similaire à leurs homologues européens. L'Europe a aussi connu des écoles d'escrime « mystique » avec le « style espagnol » de Jeronimo de Carranza. Cette « voie du sabre » était la recherche de l'union de l'esprit et du geste.
↑Le style chūjō d'escrime était ainsi divisé en enseignement exotérique (style éclair, style roue, style arrondi ; style bateau flottant) et ésotérique (le Diamant, l'Édification, l'Infini).[réf. souhaitée]
↑Liste des dojos français de la Toda-ha Bukô-ryû La Toda-ha Bukô-ryû est avant tout une école de naginata, mais comprend une étude du sabre ainsi que la présence du sabre dans presque tous les katas en réponse au naginata.
↑Voir l'article Techniques de kenjutsu, qui présente quelques coups comme si elles étaient homogènes d'une koryū à l'autre. Cet article doit être révisé pour prendre en compte la réalité des koryū qui sont plurielles.
↑La logique de cet argument ne tient pas pour certaines écoles où le kamae est déjà action ! On n'est plus dans l'attente. Quand commence le combat est un enseignement important de chaque école et qui n'est pas dévoilé publiquement. D'ailleurs, l'esprit de la koryū n'est pas au dévoilement public.
↑Rappelons que Takuan recommande à Yagyū Munenori de n'attacher son esprit nulle part et donc pas non plus sur le kamae ! (Takuan Soho, Mystères de la sagesse immobile, cf. bibliographie.)
↑La Hyoho Niten Ichi Ryu nomme toujours certaines techniques par la hauteur des sabres et les techniques suivantes par le nom d'une position, passant ainsi de chudan à hidari wakigamae. La distinction n'est pas fortuite au regard de l'interview en anglais d'un maître de la Yagyu Shingake Ryu où le sensei dit : « Dans d'autres styles, oui, il y a kamae. Dans Yagyu Shinkage Ryu, il n'y a pas de kamae. Il s'agit de bouger en liberté. » Suit une intéressante mise au point sur le sens du kamae.
↑Le 11e successeur de Musashi, Iwami sōke, précise dans la façon de son école de se mouvoir : « Nous nous déplaçons selon la manière naturelle professée par Musashi. Musashi marchait en se déplaçant sur le bol du pied : dans la plupart des écoles, en dojo, le pratiquant marche sur la plante des pieds. Mais dans la nature, la marche emploie le bol du pied avec les orteils relevés. Nous gardons toujours à l’esprit que l’adversaire peut attaquer à tout moment aussi nous devons toujours nous tenir prêt. » Voir l'interview de Iwami sōke.
↑Voir sur les sites de diffusion vidéo les séquences où on voit les sōke de chaque école. Des photographies permettent aussi d'observer la prise de sol comme il y a une prise de sabre. Rappelons que les écrits sur ces aspects de l'art sont très limités par la nature même des koryū, écoles anciennes et relativement secrètes.
↑L'invention du iaijutsu (frapper en dégainant dans un seul mouvement) est apparue au sein des koryū et a été intégrée au programme d'étude de plusieurs koryū. L'apparition des nouvelles formes n'a pas pour autant signé la fin des formes précédentes qui gardent leur pertinence encore aujourd'hui. Ainsi on étudie conjointement le kenjutsu (ici nito kenjutsu) et le iaijutsu dans la Katori Shinto Ryu.
↑Le « u » est muet, tsuki se prononce donc « ts'ki ».
↑Par exemple, maki otoshi peut s'exécuter en écartant la lame avec un mouvement de coupe plutôt qu'un mouvement d'enroulement et la coupe peut même servir à écarter la lame et à frapper dans le même mouvement (forme dite i to i shin, « un sabre, un corps »).
Quelques techniques élémentaires :
Kiri kaeshi (contre-coupe), ou uke nagashi (recevoir et continuer) : contre une coupe venant d'en haut (shōmen, éventuellement kesa giri) ou un coup d'estoc (tsuki), mouvement consistant à monter les mains et orientant la pointe de la lame vers la bas, pour laisser glisser la lame de l'attaquant contre la lame levée (la lame protège l'avant-bras) tandis que l'on fait un pas de côté, ce qui permet de frapper ensuite en une coupe diagonale (kesa giri) ;
Maki otoshi (renversement en rouleau) : contre une coupe venant d'en haut (shōmen) ou une attaque d'estoc (tsuki), on recule d'un pas en contrôlant la lame, puis on écarte la lame par un mouvement de rouleau (maki) ce qui crée l'ouverture pour frapper (mouvement proche d'un « contre-de-sixte » ou d'un « contre-de-quarte » de l'escrime française) ;
Kiri otoshi : en partant d'une garde hasso, lorsque l'adversaire coupe, on effectue un coupe par-dessus à 45° de sa coupe ou du plan de sa lame (hasuji) ; s'il attaque shōmen ou tsuki, on coupe en kesa giri ;
Kiri age : en partant d'une garde basse (gedan), lorsque l'adversaire coupe, on remonte son sabre selon une trajectoire diagonale, mais contrairement à une coupe gyaku kesa giri, c'est le flanc de la lame, ou le dos, qui intercepte la coupe.
Koryu Bujutsu: Classical Warrior Traditions Of Japan, volume 1, 1997, 192 p. (ISBN1890536040).
Sword & Spirit: Classical Warrior Traditions Of Japan, volume 2, 1999, 192 p. (ISBN1-890536-05-9).
Keiko Shokon: Classical Warrior Traditions of Japan, volume 3, 2002, 192 p. (ISBN1890536067).
Le sōke de la Katori Shinto Ryu s'exprime :
Ōtake Risuke, The Deity and the Sword: Katori Shinto-ryu, Japan, Japan Publications Trading Co., 1977, volume 1 (ISBN0870403788) (le titre original des volumes en japonais est Mukei Bunkazai Katori Shinto-ryu).
Ōtake Risuke, The Deity and the Sword: Katori Shinto-ryu, Japan, Japan Publications Trading Co., 1977, volume 2 (ISBN0870404059).
Ōtake Risuke, The Deity and the Sword: Katori Shinto-ryu, Japan, Japan Publications Trading Co., 1977, volume 3 (ISBN0870404067).
En français
Takuan Soho, Mystères de la sagesse immobile, traduction de Maryse et Masumi Shibata, Albin Michel, 1987, 183 p. (ISBN2226029303 et 978-2226029300).
Recueil de récits édifiants mettant en scène le code du bushido avec des poèmes d'enseignement inédits :
Pascal Fauliot, Contes des sages samouraïs, Seuil, 2011, 240 p. (ISBN978-2-0210-4476-8).
1954 : Les Sept Samouraïs (七人の侍, Shichinin no samurai), les combats sont orchestrés par Sugino sensei qui est maître de la Katori Shinto Ryu
1999 : Après la pluie (雨あがる, Ame agaru) : œuvre posthume réalisée par Takashi Koizumi. La mise en scène, le scénario et les dialogues sont signés d'Akira Kurosawa. Nous avons ici la figure du shugyosha, l'adepte du sabre qui voyage à travers le Japon pour apprendre la Voie du Sabre, dans une sorte de compagnonnage.
Nagisa Oshima a recherché les techniques anciennes de sabre dans son film :
(fr) KoryuWeb Site consacré aux koryū avec une importante section consacrée au kenjutsu, présentation basique avec photographie, lignée de transmission
(fr) Lebujutsu.net Site consacré aux bujutsu et donc essentiellement au kenjutsu
(ja) Nihon Kobudo Kyokai Site de la Nihon Kobudo Kyokai (regroupement de koryū) et donc aussi les écoles de kenjutsu