Kate Claghorn

Kate Claghorn
Kate Claghorn vers 1912.
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Kate Holladay Claghorn (1864-1938) est une sociologue, économiste, statisticienne, juriste et militante américaine de l'Ère progressiste. Elle est cofondatrice de la National Association for the Advancement of Colored People.

Biographie

Claghorn est née le à Aurora dans l'Illinois, puis elle grandit à New York. Elle obtient son diplôme en 1892 au collège Bryn Mawr, et son doctorat à l'université Yale en 1896[1],[2]. Elle fait partie de la troisième promotion de femmes titulaires d'un doctorat de Yale — l'école est ouverte aux femmes qu'en 1892 et les sept premières étudiantes sont diplômées en 1894 —[3] - et elle est la première à recevoir son diplôme en public lors de la cérémonie d'ouverture de Yale. À Bryn Mawr, elle étudie l'économie politique auprès de Franklin Henry Giddings. À Yale, elle étudie « l'histoire industrielle, l'économie avancée, les sciences politiques et l'anthropologie » avec William Graham Sumner et Arthur Twining Hadley (en)[4] ; sa thèse s'intitule Law, Nature, and Convention, a Study in Political Theory[1],[4].

Claghorn devient la première secrétaire-trésorière salariée de l'Association of Collegiate Alumnae, l'organisation qui a précédé l'American Association of University Women, en 1898[5]. Elle travaille aussi brièvement pour l'American Industrial Commission, l'Economic Year Book et le Bureau du recensement des États-Unis avant de rejoindre le département de la Tenement House à New York, en tant que greffière adjointe en 1902, puis en tant que greffière titulaire en 1906[1]. Son salaire de 3 000 $ en fait la fonctionnaire la mieux rémunérée de la ville[6],[7]. Un article de magazine de l'époque écrit :

En 1912, elle occupe le poste de chargée de cours et de cheffe du département de recherche sociale à la New York School of Applied Philanthropy (qui deviendra plus tard la Columbia University School of Social Work (en))[1],[2], où elle donne des cours sur l'immigration et les statistiques[9]. Elle y reste professeure jusqu'en 1932[10].

Elle meurt en 1938 et est inhumée dans le cimetière de Maple Grove (en) dans le Queens[10].

Contributions et opinions

Claghorn écrit régulièrement pour des magazines et publie son premier livre, College Training for Women en 1896[4],[11],[12],[13].

Dans un rapport publié en 1901 par le New York Tenement House Department, Claghorn dénonce la propagande d'un journal associant l'immigration à la pauvreté[14] et note l'enthousiasme particulier manifesté envers la scolarisation des enfants d'immigrants juifs[15]. Dans une étude qu'elle écrit en 1904 pour le département, Claghorn prévoit que les nouveaux groupes d'immigrés d'Europe méridionale et orientale ne seront pas plus susceptibles de s'appauvrir à long terme que les précédents immigrants provenant d'Angleterre et d'Allemagne[16],[17].

Un autre de ses livres est Juvenile Delinquency in Rural New York (Département américain du Travail, Children's bureau, no 32, 1918)[18]. En plus d'examiner la question, elle recommande de transférer les affaires de mineurs du juge de paix local vers un tribunal pour enfants, de modifier le système de justice pour mineurs afin de le rendre plus accessible, d'ajouter un système de détention séparé au lieu d'internaliser, et d'augmenter l'âge adulte de 16 à 18 ans[19].

Dans son livre de 1923, The Immigrants' Day in Court, Claghorn explique que l'aide juridique disponible à l'époque est insuffisante[20],[21]. Elle évoque également l'injustice causée par une traduction inadéquate pour les clients non anglophones[22],[23] et le harcèlement sexuel des travailleuses par des agents de placement et des superviseurs[24]. Lorsqu’ils écrivent sur ce livre en 2003, les historiens britanniques Kristofer Allerfeldt et Jeremy Black (historien) le qualifie de « seule étude contemporaine significative sur les immigrants et le système juridique américain »[25].

Associations

Tout en travaillant au département de la Tenement House, Claghorn devient la trésorière fondatrice de la Ligue pour l'égalité des femmes autonomes (qui deviendra plus tard l'Union politique des femmes), une organisation fondée en 1907 par la suffragette Harriot Eaton Stanton Blatch comme « l'aîle politique de la Women's Trade Union League »[7].

En 1909, Claghorn est l'une des 60 signataires de « l’appel à la conférence de Lincoln pour l’émancipation afin de discuter des moyens de garantir l’égalité politique et civile des nègres »[10] qui devint le document fondateur de la National Association for the Advancement of Colored People[26].

Claghorn préside un comité de l'Institut américain de droit pénal et de criminologie sur les liens entre crime et immigration, qui publie son rapport en 1917[27].

En 1918, elle est élue fellow de la Société américaine de statistique[28],[29]. Elle est la première femme à être honorée de la sorte et la seule jusqu'en 1937, année où Aryness Joy Wickens rejoint à la liste des membres de l'association[30].

Références

  1. a b c et d (en) Yale University Graduate School et Margaret Trumbull Corwin, Alumnæ, Graduate School, Yale University, 1894-1920, Yale University, (lire en ligne), p. 46
  2. a et b (en) John W. Leonard, « Claghorn, Kate Holladay », dans Woman's Who's who of America: A Biographical Dictionary of Contemporary Women of the United States and Canada, 1914-1915, American commonwealth Company, (lire en ligne), p. 178
  3. (en) « Portrait of Yale's first seven women Ph.D.s unveiled », sur YaleNews, (consulté le )
  4. a b et c (en) William Henry Hills et Robert Luce, The Writer : A Monthly Magazine for Literary Workers, vol. 10, Writer Publishing Company, (lire en ligne), pp. 102–103
  5. (en) Susan Levine, Degrees of Equality : The American Association of University Women and the Challenge of Twentieth-century Feminism, Temple University Press, , 227 p. (ISBN 978-1-56639-326-3, lire en ligne), p. 182
  6. « Amador Ledger 23 March 1906 — California Digital Newspaper Collection », sur cdnc.ucr.edu, (consulté le )
  7. a et b (en) Ellen Carol DuBois et University Ellen Carol DuBois, Woman Suffrage and Women’s Rights, NYU Press, , 309 p. (ISBN 978-0-8147-1900-8, lire en ligne), p. 192
  8. (en) Arthur Hastings Grant et Harold Sinley Buttenheim, The American City, Buttenheim Publishing Corporation, (lire en ligne), pp. 816–817
  9. (en) Anatol Shmelev, Tracking a Diaspora : Émigrés from Russia and Eastern Europe in the Repositories, Routledge, , 218 p. (ISBN 978-1-136-44683-2, lire en ligne), p. 17
  10. a b et c (en) « Women's History Month at Maple Grove Cemetery », sur Queens Times, (consulté le )
  11. (en) College training for women, New York, Thomas v Crowell & Compagny, (lire en ligne)
  12. (en) The Western Christian Advocate, vol. 64, C. Holliday and J.F. Wright, (lire en ligne), p. 746
  13. (en) Munsey's Magazine, vol. 18, Frank A. Munsey Company, (lire en ligne), pp. 153–154
  14. (en) Kathie Friedman-Kasaba, Memories of Migration : Gender, Ethnicity, and Work in the Lives of Jewish and Italian Women in New York, 1870-1924, SUNY Press, , 254 p. (ISBN 978-1-4384-0338-0, lire en ligne), p. 97
  15. (en) Howard Morley Sachar, A History of the Jews in America, Vintage Books, , 1051 p. (ISBN 978-0-679-74530-3, lire en ligne), p. 160
  16. (en) Cybelle Fox, Three Worlds of Relief : Race, Immigration, and the American Welfare State from the Progressive Era to the New Deal, Princeton University Press, , 393 p. (ISBN 978-0-691-15224-0, lire en ligne), p. 102-103
  17. (en) Jack Glazier, Dispersing the Ghetto : The Relocation of Jewish Immigrants Across America, Cornell University Press, , 245 p. (ISBN 978-0-8014-3522-5, lire en ligne), p. 93
  18. (en) United States Bureau of Labor Statistics, Monthly Labor Review..., U.S. Government Printing Office, (lire en ligne), pp. 196–198
  19. (en) John Morris Gillette, Rural Sociology, Macmillan, (lire en ligne), pp. 125–128
  20. (en) Felice Batlan, Women and Justice for the Poor : a history of legal aid, 1863-1945, New York (N.Y.), Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-08453-7, lire en ligne), p. 172
  21. D. D. Lescohier et Kate Claghorn, « The Immigrant's Day in Court. », Political Science Quarterly, vol. 38, no 3,‎ , p. 518 (ISSN 0032-3195, DOI 10.2307/2142377, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Stephen Robertson, Crimes against Children : Sexual Violence and Legal Culture in New York City, 1880-1960, Univ of North Carolina Press, (ISBN 978-0-8078-7648-0, lire en ligne), p. 107
  23. (en) Nancy C. Carnevale, A new language, a new world : Italian immigrants in the United States, 1890-1945, Urbana, University of Illinois Press, , 243 p. (ISBN 978-0-252-03403-9, lire en ligne), p. 204
  24. (en) Julia Kirk Blackwelder, Now Hiring : The Feminization of Work in the United States, 1900-1995, Texas A&M University Press, , 308 p. (ISBN 978-0-89096-798-0, lire en ligne), p. 25
  25. (en) Kristofer Allerfeldt et Jeremy Black, Race, Radicalism, Religion, and Restriction : Imigration in the Pacific Northwest, 1890-1924, Greenwood Publishing Group, , 235 p. (ISBN 978-0-275-97854-9, lire en ligne), p. 135
  26. (en) Joyce E. Williams et Vicky M. MacLean, Settlement Sociology in the Progressive Years : Faith, Science, and Reform, Boston, BRILL, (ISBN 978-90-04-28757-0, lire en ligne), p. 73
  27. (en) American Bar Association, Annual Report : Including Proceedings of the Annual Meeting, (lire en ligne), p. 735
  28. Robert E. Chaddock, Proceedings of the 80th Annual Meeting of the American Statistical Association, Richmond, VA., December 27–28, 1918, vol. 16, Publications of the American Statistical Association, , 323–334 p. (JSTOR 2965007), chap. 125.
  29. (en) Chaddock, Robert E., Proceedings of the 80th Annual Meeting of the American Statistical Association, Richmond, VA., December 27–28, 1918, vol. 16, American Statistical Association, (JSTOR 2965007, lire en ligne), pp. 32-334
  30. « ASA Fellows List » (consulté le )

Liens externes