Franz Josef Maria Hoffmann est né le à Pirnitz (actuelle Brtnice), en Moravie (Autriche-Hongrie). Sa mère est Leopoldine Tuppy (1846-1906) et son père, Josef (1835-1903), maire de Pirnitz, fut un important industriel du textile, travaillant pour l'usine lainière de la famille princière des Collalto(de), d'origine lombarde. On destine le jeune-homme au métier d'avocat, mais rapidement, il se sent attiré par les techniques industrielles et l'artisanat ; aussi il entre à École nationale des métiers d'art (Staatsgewerbeschule) de Brno. Il a pour condisciple Leopold Bauer qui deviendra également architecte[1].
Hoffmann travaille ensuite, dans le cadre de son service national (1891), au bureau de construction militaire de Würzburg, puis il est étudiant entre 1892 et 1895 à l'académie des beaux-arts de Vienne, suit les cours de Felician Myrbach, puis se spécialise en architecture, avec pour maître Karl von Hasenauer et surtout Otto Wagner. En 1896, il effectue un voyage de fin d'études d'une année en Italie[1], dont il revient avec le premier prix (Staatsreisestipendium) et très marqué par les maisons de forme cubique avec leurs toits plats et leurs façades lisses qu'il a découvert dans la campagne romaine[2].
En 1903, grâce au banquier Fritz Wärndorfer(de), il fonde avec Koloman Moser, la Wiener Werkstätte, un atelier privé de production couvrant tous les métiers liées à l'architecture, la décoration, la mode, le design, et bien d'autres métiers mêlant art et artisanat. L'entreprise basée à Vienne perdure jusqu'en 1932, ouvre des filiales dans le monde et fait appel à des dizaines de créateurs, produisant plusieurs milliers d'objets, sans parler de bâtiments ou d'espaces, totalement pris en charge.
En 1906, Hoffmann supervise son premier grand ouvrage, le sanatorium de Purkersdorf. Grâce à ses contacts avec Adolphe Stoclet, administrateur de la Compagnie des chemins de fer austro-belges qui exploitait l'Aspangbahn en Autriche, est construit de 1905 à 1911 le Palais Stoclet (Bruxelles). Il conçoit également de nombreuses résidences privées, notamment à Vienne entre la Steinfeldgasse et la Wollergasse. Avec le temps, son style devient de plus en plus sobre, se limitant de plus en plus aux bâtiments fonctionnels. En 1906, il devient membre du Deutscher Werkbund, puis en 1912 de l'Österreichischer Werkbund(de).
Josef Hoffmann a également dessiné des meubles (dont la Sitzmachine, 1905), de la verrerie, des objets en métal, de la céramique et des tissus[3].
De nature essentiellement apolitique, il salue en « l'annexion » de l'Autriche par l'Allemagne nazie, car il y voit la promesse d'une reprise économique et la relance de sa pratique architecturale promise par le nouveau régime. Bien que son style ait été diffamé en tant qu'« artiste décoratif dégénéré » par l'idéologue nazi Paul Schmitthenner, les nouveaux dirigeants du pays cherchent à instrumentaliser Hoffmann. Le seul bâtiment notoire de cette époque est le palais de l'ambassade d'Allemagne (Deutsche Botschaft) situé dans le quartier de Rennweg à Vienne (1938-1945), devenu la Haus der Wehrmacht (« maison des forces armées ») qui toutefois ne suit pas vraiment les canons officiels du régime ; on compte aussi quelques objets décoratifs[4]. Ce bâtiment sert ensuite de siège au Foreign Office britannique, puis, fortement abîmé par les bombardements, il est détruit[5].
Après 1945
Après la Seconde Guerre mondiale, Hoffmann a assumé diverses tâches officielles, comme responsable du Commissariat général autrichien pour la Biennale de Venise et membre du Sénat artistique autrichien (Österreichischer Kunstsenat). En 1950, avec Albert Paris Gütersloh, il fonde la Fédération des artistes plasticiens modernes en Autriche. En 1950, il reçoit la croix de commandeur de la République italienne, puis le Grand prix d'État autrichien. Entre 1949 et 1954, il supervise la conception de grands ensembles résidentiels situés à Vienne.
Il meurt le à Vienne.
Vie privée
Hoffmann s'est marié deux fois. En 1903, il épouse Anna Hladik (née en 1880) avec laquelle il a un fils, Wolfgang (1900–1969), qui devient architecte. Divorcé en 1922, il épouse en 1925 Carla Schmatz (née en 1894), qui était mannequin pour la Wiener Werkstätte[6].
Réalisations
Bâtiments et monuments
1899-1900 : reconstruction et aménagement de la maison de Paul Wittgenstein (1842–1928), puis du Bureau de l'administration forestière du domaine à Hohenberg (Basse-Autriche)
Sa veuve, Carla Hoffmann, a confié à la Wittmann Möbelwerkstätten les droits sur les créations de son époux. Wittmann a commencé à rééditer des « meubles Hoffmann » dans les années 1970, tels le célèbre fauteuil Kubus. Les luminaires sont fabriqués à la main sous licence de la Fondation Josef Hoffmann par la société viennoise Woka[9].
En 1987, le MAK de Vienne, qui conserve par ailleurs un fonds important autour du Wiener Werkstätte, a organisé une exposition intitulée Josef Hoffmann: Ornament zwischen Hoffnung und Verbrechen. Une nouvelle exposition est organisée en 1992 sur son lieu de naissance à Brtnice (Pirnitz) en République tchèque, par le MAK en collaboration avec la Moravská Galerie de Brno, laquelle est reprise à New York. Depuis 2006, les deux institutions gèrent le musée Josef Hoffmann situé à Brtnice, qui présente une collection permanente et des expositions temporaires sur Josef Hoffmann et ses contemporains.
En 2007, la poste autrichienne dans une série dédiée au Jugendstil, émet un timbre commémoratif, un détail du collier conçu par Josef Hoffmann en 1916, et conservé au MAK de Vienne.
En 2011-2012, le palais du Belvédère (Vienne) organise une exposition intitulée Pioniere der Moderne: Gustav Klimt / Josef Hoffmann.
En 2022, le MAK de Vienne organise une nouvelle exposition consacrée à Hoffmann intitulée Fortschritt durch Schönheit.
↑(de) « Josef Hoffmann », in Thomas Chorherr (direction), Große Österreicher, Vienne, Verlag Carl Ueberreuter, 1985.
↑Guide : Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal, éd. Musée des beaux-arts de Montréal, , 2e éd. (1re éd. 2003), 342 p. (ISBN978-2-89192-312-5), p. 307
↑Dont un vase en argent datant de 1940/1942 qui porte des feuilles de chêne, des épées et des croix gammées comme ornement — Musée des arts appliqués (Vienne), numéro d'inventaire Go 1.864.
↑(de) Eduard F. Sekler, Josef Hoffmann. Das architektonische Werk. Monographie und Werkverzeichnis, Salzburg/Vienne, Residenz Verlag, 1982, p. 220.
↑(de) AUSTRIAN CENTRE FOR DIGITAL HUMANITIES AND CULTURAL HERITAGE, « Viktorin, Robert V. (1871-1933), industriel », sur DICTIONNAIRE BIOGRAPHIQUE AUTRICHIEN (ÖSTERREICHISCHES BIOGRAPHISCHES LEXIKON), Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, (ISBN978-3-7001-3213-4, consulté le )