« Son chef-d’œuvre, réalisé en 1914, Intérieur également intitulé Le Déjeuner ou Le repas servi[3] constitue l’une des toiles "phare" des œuvres produites par ces peintres de la périphérie bruxelloise que Paul Fierens désignera sous le nom de Fauves brabançons », estime Christian Desclez, administrateur du cercle artistique communal de Waterloo[4].
Très représentative de la manière de peindre de ces artistes ainsi nommés, cette toile de grand format[5],[6] aux couleurs pures sera régulièrement montrée dans les expositions consacrées au Fauvisme brabançon. Cette œuvre incarne cet intimisme autochtone qui privilégie les intérieurs domestiques et les scènes familiales avec, ici, ses modèles favoris : Louise, la femme et Émile, le fils de l'artiste, à l'instar de cette autre œuvre intimiste d’Éliane de Meuse, Les pantoufles rouges, présentée dans cette même exposition[7] où l'on observe cette fois une scène d'intérieur où sont montrés quelques objets familiers provenant de l'atelier de l'artiste comme ce masque semblant sorti tout droit de l'iconographie d'Ensor[8].
La toile Intérieur montre bien l’incidence de l'art de Schirren et de Rik Wouters alors considéré comme le chef de file de ce mouvement, sur le travail de Jos Albert mais, qui peint davantage à la manière d'un Jean Brusselmans, à l’aide d’une palette plus ferme et plus construite que celles de ces deux artistes influencés par Cézanne et ses enseignements.
Quant à Paul Colin, il avait remarqué que Jos Albert, comme ses camarades avait le fétichisme de la couleur pure et la volonté de saisir jusque dans leurs outrances les réactions de la lumière mais ne cherchait pas comme plusieurs d’entre eux, la simplification des plans et des grandes masses colorées, les reflets ardents, tout ce qui anime la matière et la modèle, restitue à la forme son frémissement et sa flamme. Inconsciemment il portait en lui l’amour du travail appuyé, de l’analyse, de la calligraphie[9].
En 1914, invité par Octave Maus, Jos Albert participe au dernier Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles. Au lendemain de la guerre, il séjourne trois mois à Paris et ne peut cacher son admiration pour Cézanne et Van Gogh.
C'est vers 1917 que son art commence à s'imposer et qu'une importante exposition lui sera consacrée à la galerie Giroux relève Philippe Robert-Jones[10].
Autour des années 1920, la palette d’Albert s’assombrit au contact du cubisme, s’aventurant même dans quelques velléités futuristes.
Sa période réaliste bruegélienne
En 1923, la galerie bruxelloise Le Centaure expose des œuvres au réalisme minutieux à la manière des maîtres anciens d’autrefois de tradition flamande issue de Pieter Aertsen et de Joachim Beuckelaer, paysages qui se situent dans la lignée de Bruegel, manière de peindre à laquelle, cette fois, il restera fidèle jusqu’à sa mort.
Jos Albert est alors, avec toutes ses nuances personnelles, le représentant belge de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité) et du réalisme magique.
Distinctions
En 1938, il est nommé membre de la Commission du Musée d'Art Moderne de Bruxelles.
Le , il est élu correspondant de la classe des Beaux-Arts de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique dont il devient membre le .
Créé en 1981, le Prix Jos Albert est destiné à encourager annuellement l'œuvre d'un artiste plasticien de tendance figurative ressortissant d'un pays de l'Union européenne ou domicilié en Belgique.
Bibliographie
Jos Albert Série: monographies de l'art belge. Auteur: François Maret, 1963, Éditions Meddens pour le Ministère de l'é́ducation nationale et de la culture à Bruxelles.
Hommage à Jos Albert, éditeur: Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, 1977 [7]
Jos Albert 1886-1981 publié en 1982 par la Ville de Bruxelles à l'occasion de l'exposition organisée en l'Hôtel de Ville de Bruxelles, du 22.12.1982 au 23.01.1983 [8]
Jos Albert, auteurs: Philippe Robert-Jones et la Fondation Jos Albert, Bruxelles, éditeur : Lebeer Hossmann, Bruxelles, 1986 [9]
Dictionnaire des Peintres belges du XIVe siècle à nos jours, La Renaissance du Livre, 1994 Jos Albert sur BALaT
Portrait de René Lyr, 1928, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, catalogue inventaire de la peinture moderne p.7 - n° inv. 8710[13]. Tableau dédicacé A mon ami, René Lyr, Jos. Don de Monsieur Claude Lyr, le fils du modèle et de sa famille.
↑au tout début de sa carrière selon Bernadette de Visscher-d'Haeye, historienne de l'art et guide conférencière indépendante auprès des Musées royaux des beaux-arts de Belgique dans sa conférence Les fauves brabançons et la primauté de la Couleur - 17 octobre 1996
↑Christian Desclez, catalogue de l'exposition consacrée au fauvisme brabançon (du 14 septembre au 27 octobre 1996) édité par le Cercle artistique communal de Waterloo p. 3 & 12
↑La peinture belge depuis 1830, Bruxelles : Cahiers de Belgique, 1930 p. 386
↑Serge Goyens de Heusch, in: L'Impressionnisme et le fauvisme en Belgique, Lannoo, p. 271