Mentelin s’intéresse à l’imprimerie à caractères métalliques mobiles, tout comme Eggestein, et conclut avec ce dernier un accord secret sur leurs ambitions. Tout en poursuivant son activité de notaire[4], il ouvre un atelier d’imprimerie à Strasbourg vers [note 2], dans lequel Eggestein a probablement exercé comme prote avant d'en devenir associé puis de partir pour fonder sa propre officine[5]. En , un premier ouvrage sort des presses de Mentelin : il s’agit du premier volume d’une Bible en latin de quarante-neuf lignes qui paraît à peine cinq ans après celle imprimée par Gutenberg ; le second volume est publié en [6]. Cette réalisation constitue le tout premier livre imprimé en Alsace.
En , l’imprimeur strasbourgeois édite la première Bible en langue allemande qui, durant de nombreuses années, est reprise comme modèle par d’autres imprimeurs : la Bible de Mentelin sera, jusqu’à la parution de la Bible de Luther, réimprimée treize fois dans le sud de l’aire germanique. Le , l’empereurFrédéric III décerne à l’imprimeur des lettres de noblesse l’autorisant à porter comme armoiries celles de Sélestat, sa ville natale : d’argent au lion couronné de gueules[3].
La première épouse de Johannes Mentelin, prénommée Madeleine et probablement décédée dès , a donné naissance à deux filles qui ont toutes les deux épousé des imprimeurs : Salome devient la femme d’Adolf Rusch vers ; la seconde fille, dont le prénom est inconnu, se marie avec Martin Schott[3]. Les deux gendres ont sans doute fait leur apprentissage dans l’atelier de Mentelin[7]. Ce dernier épouse en secondes noces Elisabeth von Matzenheim qui lui apporte une dot conséquente, à savoir des biens fonciers, des meubles et une vaisselle en argent. Lorsque celle-ci décède en , Mentelin perd cet apport revenant à sa belle-mère Anne von Matzenheim[8]. Johannes Mentelin décède le : il est inhumé le lendemain dans la cathédrale de Strasbourg[3].
L’historien et poète Jacques Wimpheling rend hommage à Mentelin dans son œuvre Epitome rerum germanicarum en 1505.
Un buste apparaît sur la façade de l’immeuble situé au n°5 de la rue de l’Outre à Strasbourg[10], et un autre se situe au sein de la Bibliothèque humaniste de Sélestat. Une rue et un pont portent le nom de Mentelin dans le quartier strasbourgeois de Koenigshoffen, ainsi qu’un collège à Sélestat.
Notes et références
Notes
↑Le siège de cette corporation était situé au n°15 de la rue du Dôme, dans la maison dite « À l’Échasse » (en allemand : Zu der Steltzen) où se trouvaient des artistes, des orfèvres, des peintres, des sculpteurs, des peintres verriers, des graveurs, des imprimeurs, et d’autres artisans.
↑Mentelin s’est d’abord établi dans la maison « Au Saint-Esprit » située dans la ruelle du Saint-Esprit (n°7 de l’actuel quai Saint-Thomas) et a installé son atelier dans la maison « À l’Épine » (Domus zue dem Dorne, située au n°9 de l’actuelle rue de l’Épine) qu’il a acheté après avec la demeure voisine, dite « Au Paon » (Zum Pfawen, située au n°7 de la rue de l’Épine).
(de) Ernst Voulliéme, Die deutschen Drucker des fünfzehnten Jahrhunderts. Berlin : Verlag der Reichdruckerei, 1922, XVI-176 p. ;
(de) Karl Schorbach, Der Straßburger Frühdrucker Johann Mentelin (1458-1478): Studien zu seinem Leben und Werke, Mayence, Verlag der Gutenberg-Gesellschaft, 1932, 25 p. ;
(de) Ferdinand Geldner, Die deutschen Inkunabeldrucker: Ein Handbuch der deutschen Buchdrucker des XV. Jahrhunderts nach Druckorten : Teil 1. Das deutsche Sprachgebiet. Stuttgart : Hiersemann, 1968, 310 p. (ISBN3-7772-6825-9) ;
(de) Hartmut Harthausen, « Johannes Mentelin », in Severin Corsten, Lexikon des gesamten Buchwesens (LGB) : Band 5, 2ème nouvelle édition entièrement revue et augmentée, Stuttgart : Hiersemann, 1989, p. 145 (ISBN978-3-7772-8527-6) ;
(de) Peter Amelung, « Mentelin, Johannes », sur www.deutsche-biographie.de (consulté le 1er septembre 2020) ;
Alexandre Dorlan, Quelques mots sur l'origine de l'imprimerie, ou, Résumé des opinions qui en attribuent l'invention à Jean Mentel, natif de Schlestadt. Sélestat : Impr. de F. Helbig, 1840, 38 p. ;
« Mentel ou Mentelin, Jean », in Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, tome 2, K-Z. Rixheim : Impr. F. Sutter & Cie, 1909, p. 270-271 (lire en ligne) ;
Auguste Bernard, De l'origine et des débuts de l'imprimerie en Europe, partie 2. Paris : Imprimerie impériale, 1853 (lire en ligne) ;
« Prétentions en faveur de Jean Mentelin », in Edmond Werdet, Histoire du livre en France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, tome V. Paris : E. Dentu, 1864, p. 29-46 (lire en ligne) ;
François Ritter, Histoire de l'imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe siècles, Paris : F.-X. Le Roux, 1955, XVI-631 p. ;
Jean-Luc Kahn, « Mise au point sur un incunable strasbourgeois célèbre : Le Fortalitium Fidei d’Alphonse De Spina imprimé par Mentelin en 1470 », in Annuaire de la Société des amis du Vieux Strasbourg, 1982 (ISSN0986-2684), p. 23-28 (lire en ligne) ;
Maurice Moszberger, Strasbourg et banlieue (communauté urbaine). Strasbourg : Éd. de la Nuée Bleue, 1986 (21e édition), 264 p. (ISBN2-7165-0095-9) ;
Michelle Meyer, Les premiers temps de l'imprimerie : Jean Mentelin, Primo typographiae Inventori. Strasbourg : Éditions Prospective 21, 2001 (réédition), 115 p. (ISBN2-905871-25-3) ;
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Édith Karagiannis-Mazeaud, Strasbourg, ville de l'imprimerie : l'édition princeps aux XVe et XVIe siècles (textes et images) : tradition et innovations. Turnhout : Brepols, 2017, 220 p. (ISBN978-2-503-57047-1) ;