Joaquín León Milans del Bosch y Carrió (Barcelone, 1854 – Madrid, 1936) était un militaire, diplomate et homme politique espagnol.
Après une carrière dans des unités combattantes (Maroc, guerre carliste, Philippines), il fut nommé assesseur personnel du roi Alphonse XIII, puis occupa des postes militaires dans la métropole et remplit quelques missions diplomatiques. Comme capitaine général de Barcelone, il contribua, par la mise en œuvre de méthodes militaires, à réprimer l’agitation sociale des années 1919 et 1920. Nommé gouverneur civil de Barcelone sous la dictature de Primo de Rivera, il se mit en devoir de brimer le mouvement catalaniste en ciblant plus particulièrement la vie associative et culturelle et la presse catalane. Quelques semaines après le coup d’État de juillet 1936, il fut appréhendé à Madrid et fusillé sans tarder par les milices républicaines.
Joaquín Milans du Bosch fait figure de point d’orgue de l’évolution idéologique de la famille Milans del Bosch, qui, composée traditionnellement de militaires libéraux, glissa au cours du XXe siècle vers des positions plus conservatrices.
Au mépris des ordres du gouvernement, Joaquín Milans del Bosch se rangea du côté du patronat et, dès que l’état de guerre eut été proclamé avec l’approbation du gouvernement central, fit usage, pour gérer les conflits sociaux, de méthodes militaires, tandis que les hommes de main du patronat agissaient en totale impunité. Ainsi, pour réprimer la grève dite de La Canadiense (du nom familier de certain producteur d’électricité ayant son siège à Toronto et dont Milans del Bosch avait contribué à créer la succursale barcelonaise)[2], en vint-il à autoriser la création d’un somatén, milice paramilitaire traditionnelle catalane, financée en l’occurrence par le patronat, qu’il mit à la disposition du général Martínez Anido, gouverneur militaire de Barcelone et futur ministre de l’Intérieur sous Primo de Rivera. Milans del Bosch se sentait épaulé par les classes supérieures de la société catalane, et ne renonça pas à son poste avant que ne lui soient parvenus des ordres directs en ce sens de la part du roi Alphonse XIII, à l’instigation des Cortes, en 1920[4].
Le roi, pour le récompenser de son obéissance et de ses années de service, le désigna chef de la Maison militaire de la Maison royale.
Gouverneur civil de Barcelone
Trois mois après avoir déposé en ses fonctions comme chef de la Maison militaire du roi et avoir été relégué à la réserve, il fut sollicité par son ami Miguel Primo de Rivera d’assumer le poste de gouverneur civil de Barcelone. C’est à ce titre qu’il mena entre 1924 et 1929, conjointement avec le ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Severiano Martínez Anido, et avec le capitaine général de Catalogne, une virulente campagne anticatalaniste, ordonnant la fermeture de la société chorale Orfeó Català et des terrains de football du FC Barcelone (1925), faisant interdire les clubs de loisirs et les associations culturelles, et prononçant des mesures de suspension et des amendes à l’encontre de journaux et de revues catalans. Destitué après la chute de la dictature primorivériste, il se retira à Madrid[2].
Par ailleurs, Joaquín Milans del Bosch fut d’ à membre de droit (« por derecho propio ») de l’Assemblée nationale consultative de la dictature[2].
Guerre civile
Après le coup d’État militaire de juillet 1936, à l’origine de la Guerre civile, Joaquín Milans del Bosch, au motif que son fils Mariano avait été mis en détention, se refusa de quitter Madrid et ne saisit pas l’occasion qui se présenta à lui de se réfugier dans l’ambassade de Turquie. Le , il fut appréhendé à son tour par des miliciens républicains, puis fusillé le lendemain, aux côtés de son fidèle adjoint, le commandant José Martínez Valero, devant le mur de clôture du cimetière de l'Est à Madrid[4].
↑ ab et c(es) Xavier Salas, « Un territorio en construcción », Revista Bon Pastor, Barcelone, Església Arxidiocesano de Barcelona, vol. 43, (ISSN1139-7365, lire en ligne).
↑(es) « Guía Oficial », Biblioteca Nacional, (lire en ligne)
(es) José de Azcárraga y Gutiérrez de Caviedes, « El linaje de Milans del Bosch », Revista de Historia y de Genealogía Española, Madrid, vol. III, no 17, , p. 414-425 (ISSN0211-2280, lire en ligne).
(es) Xavier Casals Meseguer, « Auge y declive del "partido militar" de Barcelona (1898-1936) », Iberic@l. Charisme et image politique. Figures du monde hispanique contemporain (sous la dir. de Nancy Berthier et de Vicente Sánchez-Biosca), Paris, Institut d’études hispaniques, université de Paris IV Paris-Sorbonne, no 4, , p. 163-180 (ISSN2260-2534, lire en ligne).