Jean de Viguerie est le fils de l'ingénieur Nicolas de Viguerie, fonctionnaire au sein de l'institution qui deviendra bientôt l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Sa famille — profondément catholique — appartient à la noblesse française et entretient une proximité intellectuelle avec le maurrassisme. Dans ses mémoires, Viguerie rappelle notamment l'admiration de sa famille pour le pape anti-moderniste Pie X et le rejet par ses parents du pangermanisme autant que du « paganisme hitlérien ». En 1938, lors de la visite d'Adolf Hitler à Rome, où elle vit, sa famille s'installe même temporairement à Florence pour éviter les rassemblements pro-nazis de la capitale[2].
Parcours professionnel
Après avoir soutenu son diplôme d'études supérieures en 1956[3], Jean de Viguerie obtient l'agrégation d'histoire en 1959[4], et effectue son service militaire en Algérie en 1961-1962. Selon lui, il est alors employé par l'armée française « à enseigner à de jeunes Maghrébins des bidonvilles d'Alger »[5].
Il est docteur d'État en 1973[6]. Sa thèse porte sur les prêtres de la doctrine chrétienne. Selon Raymond Darricau, spécialiste de la spiritualité et de l'histoire religieuse du XVIIe siècle français[7], elle constitue « un progrès énorme dans notre connaissance du mouvement philosophique de l'époque moderne »[8].
Il devient doyen[Quand ?] de la faculté des lettres de l'université d'Angers[9],[10].
Proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, Viguerie rédige la « Déclaration des trente universitaires catholiques » du , notamment signée par Guy Augé, Yvonne Bongert, Jean-Pierre Brancourt, Jean Barbey, Marguerite Boulet-Sautel, Marcel De Corte, Hubert Guillotel, l'historien Roland Mousnier ou encore Georges-Henri Soutou. Dans cette déclaration, lesdits universitaires rappellent « la communion de pensée qui les unit à Mgr Lefebvre », leur profond regret du « mépris affiché par tant de clercs pour la culture gréco-latine » et « que de nombreux prêtres et la plupart des évêques n'enseignent plus aux chrétiens ce qu'il faut croire pour être sauvé ». Enfin, ils « espèrent en une renaissance de l'Église » et demandent « au pape l'entière justice pour le peuple fidèle ». La déclaration est publiée intégralement dans Le Monde du , puis dans L'Aurore du et, de façon partielle, dans Le Figaro du [14]. Viguerie renouvelle publiquement cet engagement en 2005, lors d'une conférence intitulée L'année 1976 de Mgr Lefebvre, donnée dans le cadre des Journées de la Tradition à Villepreux, dans les Yvelines : « je signerais encore aujourd’hui ce texte des deux mains. Je regrette seulement de n'y avoir pas fait mention de la messe »[15].
Il fait par ailleurs partie des premiers contributeurs du journal Présent, fondé en 1982[16], et des chroniqueurs de L'Homme nouveau de 2012 à sa mort.
En 1995, il intègre également le Conseil d'études hispaniques Philippe II — sur invitation de son président, le juriste et philosophe Miguel Ayuso — et contribue activement à sa revue, Verbo, jusqu'au début du XXIe siècle. C'est une revue bimensuelle fondée en 1961 à Madrid, qui diffuse un catholicisme traditionaliste[17],[18].
Mort
Jean de Viguerie meurt le à Montauban, aux côtés de sa fille Constance[19]. Ses obsèques sont célébrées le suivant, par l'abbé Daniel Séguy, en l'église Saint-Barthélemy de Verlhac-Tescou, dans le Rouergue, où il est enterré[16].
Publications
Trois semaines vécues à la Sorbonne : mai-, texte de l'exposé fait à la réunion privée d'information du C.E.P.E.C. le… . Le Sens des événements, par Louis Salleron, Centre d'études politiques et civiques, 1968
Les Missions intérieures des Doctrinaires toulousains au début du XVIIIe siècle : un missionnaire, le père Jean-Baptiste Badou, Paris, Presses universitaires de France, 1969.
Une œuvre d'éducation sous l'Ancien Régime : les Pères de la Doctrine chrétienne en France et en Italie, 1592-1792, Publications de la Sorbonne, éd. de la Nouvelle Aurore, 1976, 705 p.
L'Institution des enfants : l'éducation en France XVIe – XVIIIe siècle, Calmann-Lévy, 1978
Avec Raymond Darricau et Bernard Peyrous, Sainte Jeanne Delanoue, servante des pauvres, Chambray-lès-Tours, C.L.D., 1982 (ISBN9782854430257).
Un village en Quercy : Verlhac-Tescou, Verlhac-Tescou, Hier, aujourd'hui, demain à Verlhac-Tescou, 2017, 112 p. (ISBN9782956031208).
La Dégradation de l'école en France, Paris, L'Homme Nouveau, 2020, 50 p. (ISBN979-10-97507-18-3).
Les travaux et les jours d'un historien : chroniques, Paris, L'Homme Nouveau, 2021, 124 p. (ISBN979-10-97507-30-5).
Cinq portraits : Colbert, Benoît-Joseph Labre, Mgr Cazaux, André Chénier et Montesquieu, septembre 2022, préface de Remi Perrin, Versailles, Via Romana, 103 p. (ISBN978-2-37271-211-8).
↑Hélène Himelfarb, « Raymond Darricau », Cahiers Saint-Simon, vol. 22, no 1, , p. 97–97 (lire en ligne, consulté le )
↑Raymond Darricau, « Jean de Viguerie. Une œuvre d'éducation sous l'Ancien Régime : les Pères de la Doctrine chrétienne en France et en Italie, 1592-1792 », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 63, no 170, , p. 125–128 (lire en ligne, consulté le )