Lors de ses études en philosophie à la faculté de l'université Jean-Moulin-Lyon-III, Jean Paul Civeyrac rédige un mémoire de master ayant pour thème le film d'opéra[7]. Cela montre une certaine intention du réalisateur dans ses choix futurs des musiques de ses films pour un mariage en osmose avec les images lors du montage. Il écrit sur la musique[n 1] et le cinéma dans la revue Transfuge[9].
Pour l'émission Blow Up de la plate-forme numérique d'Arte, il rend hommage au cinéma :
2011 : Une heure avec Alice[14] : un étudiant (Grégoire Leprince-Ringuet) est détourné du chemin de la faculté par Alice incarnée par Adèle Haenel pour discuter du film Les Amours d'une blonde de Miloš Forman. Ils ne sont pas d'accord sur le film. Ils se séparent. Devant le cinéma, Alice constate que le film n'est pas projeté ce jour-là. Ils se retrouvent par hasard dans la rue et, cette fois-ci, vont bien finalement trouver quelques sujets de discussion sur lesquels ils seront sur la même longueur d'onde[15].
2012 : Françoise au printemps[16] est un hommage au couple de Rainer et Amin dans L'Allemagne en automne réinventé au féminin. Françoise jouée par Sabrina Seyvecou est réalisatrice. Elle veut dormir. Anna interprétée par Mathilde Bisson est actrice. Elle veut découvrir le film de Fassbinder avec son amie « maîtresse autoritaire[n 2], très bonne, gentille et juste » et éveiller son désir[18] alors que se fait entendre le 4e moment musical Opus 94 Deutsch 780 en ut dièse mineur de Franz Schubert.
2016 : Un jour de blues chez Elena[19],[20] : Saurédamor exprime, dans la solitude d'un silence assourdissant, la mélancolie d'une lettre d'amour de Beethoven, l'adagio en ut dièse mineur. Cela s’entend par à-coup comme un pachyderme doré dans le magasin d’un fusil d’assaut, hommage à Gus Van Sant, mis en perspective par rapport à Alan Clarke. De l’autre côté du miroir de la boucle temporelle Un jour avec, un jour sans de Hong Sang-soo, Ching-Lo ne peut rien avouer de sa lettre intime pour Saurédamor qui s’échappe du confinement. Bredouille, Ugo tente un plan rapproché avec Elena. Les quatre acteurs gardent leurs prénoms comme dans Elephant.
Collaboration artistique
En 2006, une compilation contenant huit films de Jean Paul Civeyrac (éditée chez Blaq Out) a été conçue par l'artiste visuel Grégory Chatonsky qui a aussi créé pour l'occasion le programme génératifInterstices basé sur des fragments de l'œuvre de Civeyrac et ses informations de réalisation[21].
Écrivain
Outre le cinéma, il écrit sur la peinture (Matisse[22], Schlummernde Frau[23] de Johann Baptist Reiter) et les nymphes[8] dans la revue de littérature érotique Edwarda[24] : ces textes et autres nouvelles sont publiés dans son premier ouvrage Écrit entre les jours[8],[25].
Son second ouvrage Rose pourquoi[26],[27] est une réflexion sur l'émotion suscitée par une scène du film Liliom de Frank Borzage avec Rose Hobart dans le rôle de Julie[28].
↑« il me semble, en effet, que mes films sont beaucoup montés "à l’oreille". C’est-à-dire que, pour moi, il existe en eux, et d’une façon primordiale, une forme de musicalité — qui en est aussi une voie d’accès, même si ce n’est pas la plus aisée[8]. »
↑référence à la réplique de la mère de Fassbinder dans L'Allemagne en automne : « Le mieux, ce serait un maître autoritaire[17] qui serait très bon, gentil et juste » nostalgique du 3e Reich.
↑Romain Blondeau, « Mon Amie Victoria », sur Les Inrocks, (consulté le ) : « Étrangère dans son propre pays, victime de sa couleur de peau, Victoria traverse ainsi le film comme une présence invisible, apparaissant tel un spectre dans des scènes de somnambulisme à la lisière du fantastique. »
↑Damien Aubel, « Les mondes de Victoria », sur Transfuge, (consulté le ) : « Mais si politique il y a dans Mon amie Victoria, elle n'a rien du constat brut ou de la clameur militante. Elle se nimbe, au contraire, de magie. Il y a ces plans sur une maison de poupées, comme une maisonnette de conte de fées. »
↑« Carmelina », sur Edwarda, (consulté le ) : « Une œuvre de Matisse, choisie par Jean-Paul Civeyrac ».
↑Jean-Paul Civeyrac, « La première épouse de l’artiste », sur Edwarda, (consulté le ) : « Je m’aperçois que je ne vous ai pas dit que cette Femme endormie est de Johann Baptist Reiter. »
↑« N°5 The Dreamcatcher », sur Edwarda, (consulté le ) : « Jean Paul Civeyrac est cinéaste. il a réalisé notamment : Ni d'Ève ni d'Adam (1997), Le Doux Amour des hommes (2001), À travers la forêt (2005). Son dernier film: Des filles en noir (2010). »