Jean Jacques Gustave Dufy naît au Havre, au no 15 de la rue de l'Espérance[2], le , septième des onze enfants (Raoul est le deuxième) de Léon Marius Dufy, comptable dans une entreprise de métallurgie, musicien amateur talentueux, et de son épouse née Marie Eugénie Ida Lemonnier, native d'Honfleur[3]. Il effectue sa scolarité au collège Saint-Joseph du Havre avant d'être placé dans une maison d'importation de produits d'outre-mer puis de devenir secrétaire sur le transatlantique La Savoie[4]. Après son service militaire (1910-1912), il s'installe à Paris où il rencontre André Derain, Georges Braque, Pablo Picasso, Émile Othon Friesz, Albert Marquet ou encore Guillaume Apollinaire[5].
Dans ses premières aquarelles, exposées à la galerie de Berthe Weill en 1914, les tonalités sourdes, bruns, bleus, rouges sombres, côtoient la technique des hachures héritée de Cézanne à travers l’œuvre de son frère Raoul Dufy.
Mobilisé, après cette première exposition, dès le 2 août 1914, il est affecté au 24e Régiment d'infanterie comme conducteur d'ambulance et participe à la bataille de Charleroi. Il est ensuite versé dans l'artillerie où il est cycliste de batterie. Il entre dans le 103e Régiment d'artillerie lourde en 1917[6]. La guerre n’empêche pas Jean Dufy de continuer à peindre ou à dessiner sur des carnets, essentiellement des fleurs, des chevaux, des paysages de l'Argonne[6]. Il dessine et peint de même des vues du Val d'Ajol qu'il découvre dans les Vosges où, malade, il séjourne au retour de la Première Guerre mondiale[7].
Pour l’Exposition universelle de 1937, le directeur général de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité charge son frère, Raoul Dufy, d’exécuter la décoration du pavillon de l’électricité confié à l'architecte Robert Mallet-Stevens. Jean l’aide à réaliser une vaste fresque à la gloire de l’électricité, sur une surface de six cents mètres carrés : La Fée Électricité[12]. Célébré pour l'œuvre, Raoul ne fait aucune citation publique de la contribution de son cadet, ce qui les éloigne définitivement l'un de l'autre[4].
Dans les années 1939-1948, il séjourne en Limousin et en Touraine, contrées qui lui inspirent des œuvres, notamment des paysages et des scènes villageoises (par exemple à Preuilly-sur-Claise).
Les dernières années (1950-1960) sont consacrées à des voyages, principalement en Europe et en Afrique du Nord[13].
Limoges, 14-18 - Être artiste dans la Grande Guerre, Musée de la Résistance, Limoges, 2015[23].
Réception critique
« Né onze ans après Raoul, qui fut son professeur, il adopte volontiers son style et aussi ses sujets. Jean a travaillé à Lyon pour les soieries, à Limoges pour les porcelaines. Deux disciplines qui apportent à sa manière certaines particularités : des rythmes harmonieux rompus par des éclats de lumière zébrés, nés de sa passion pour le jazz, et, par rapport à Raoul, des formes plus fondues dans la composition. » - Gérald Schurr[24]
« On a dit que l'écriture de Raoul Dufy était un staccato, rythme classique dans un tempo vif, tandis que Jean Dufy, lui-même bon joueur de guitare classique et amateur de jazz, pratiquait un rythme plus coulé, aux sonorités plus confidentielles, à base de bleus profonds, qu'animent les rouges et les verts, tandis que les jaunes viennent poser les accents de lumière. Tandis que Raoul Dufy s'attache souvent à disséquer chacun des éléments qui entrent dans une de ses compositions, souvent avec humour et tendresse, en tout cas avec acuité, Jean Dufy est plus sensible au panorama global de la scène représentée ; la particularité, l'individualité le touchent moins. » - Dictionnaire Bénézit[7]
« il fréquente le cirque en habitué, attentif aux détails, mais l'associe à son quotidien, à la fois prétexte et matière vive à sa création. Les références au cirque s'apparentent à un vocabulaire, avec lequel il développe un langage pictural fort... Les tableaux de Jean Dufy révèlent un cirque à la fois sentimental, nerveux et incisif. Ils forgent une atmosphère troublante, entre précipité d'énergie, omniprésence du tourbillon et poétisation du déséquilibre. Avec lui, le cirque est toujours une fête, une célébration permanente de la joie de vivre, une accélération du temps et une ardente manière de le fixer. » - Pascal Jacob[5]
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, Bouquet, lithographie 65x50cm ; Nature morte, huile sur panneau 50x53cm ; Vue du Trocadéro, aquarelle ; Scène avec musicien, dessin, vers 1912 ; Musicien, peinture, 1926 ; Cavaliers, peinture, 1940.
Musée national d'Art moderne, Paris : Femme fumant une cigarette, aquarelle 40x32cm ; Vase de fleurs, aquarelle 56x44cm ; Un intérieur, huile sur toile 61x50cm.
L'écuyère au cirque Medrano. huile sur panneau, 33 x 24,5 cm, non daté, signé au centre Jean Dufy[29].
Hommages
Une rue des communes d'Ermont et de Boussay (hameau de La Boissière où vécut l'artiste) portent le nom de Jean Dufy.
En 2014, La Poste a émis un timbre représentant La Seine au pont du Carrousel pour le cinquantième anniversaire de la disparition de Jean Dufy[30].
En 2014, la manufacture Haviland a édité deux vide-poches, un service à thé et un service à café, avec des décors réalisés à partir de tableaux du peintre.
En 2016, Amin Maalouf, de l'Académie française, a illustré la couverture de son livre Un fauteuil sur la Seine - Quatre siècles d'histoire (Grasset) du tableau de Jean Dufy Paris, la Seine et Notre-Dame.
↑Laurence Bertrand Dorléac (préface de Michel Winock), Histoire de l'art, Paris, 1940-1944 - Ordre national, traditions et modernités, Publications de la Sorbonne, Paris, 1986.
↑ « Art : Jean Dufy », New York Magazine, 19 mai 1989, page 20.
↑ « Art exhibitions », New York Magazine, 6 décembre 1993, page 171.