En 1544, le père de Jean Antoine de Baïf engage Dorat comme précepteur de son fils, et de son jeune secrétaire Pierre de Ronsard. Les deux amis sont les disciples fervents de l'humaniste qui se servait du grec pour apprendre à ses élèves le latin, dans la tradition des humanistes du siècle précédent qui se perpétua au XVIe siècle[3]. Ronsard a souvent reconnu sa dette envers cet homme prodigue de son savoir, qui lui avait « appris la Poésie ».
Il se fait d'abord remarquer par des poésies françaises, qui lui valent la faveur de François Ier.
Quand le père de Baïf meurt, en 1547, on offre à Dorat le poste de principal du Collège de Coqueret[3]. Le , il épouse Marguerite de Laval en l'église Saint-André-des-Arts et emménage dans la Maison du Chef Saint-Jean, rue de la Grande Bretonnière, à l'emplacement de l'actuelle rue Soufflot. De cette union naquirent deux enfants : Madeleine et Louis Dorat. En 1549, Joachim du Bellay vient rejoindre le groupe de ses élèves. La Défense et illustration de la langue française, vraie bombe littéraire, fut composée sous les yeux de Dorat. Celui-ci recherchait peu les honneurs et s'est peu préoccupé de sa gloire posthume[3].
Personne n'a recueilli les pièces grecques, latines et françaises que Dorat éparpillait un peu partout, car chacun le sollicitait et il satisfaisait chacun.
En 1586, des élèves et des amis s'unissent pour publier un ensemble fort incomplet de ses Poemata : elles contiennent des poèmes, des épigrammes, des anagrammes, des odes, des églogues. On y remarque le Tumulus Caroli[4] (Charles IX).
Dorat, déjà très malade, meurt deux ans plus tard. Il laisse deux fils et une fille qui se sont distingués aussi comme poètes et érudits.
Son rôle auprès du groupe de la Pléiade est peut-être d'être l'humaniste porteur de la tradition, pour qui le latin ne pouvait s'étudier correctement sans la connaissance du grec. Il est presque exclusivement un poète d'expression latine et grecque[3].
Publications
Hymne de Bacus… avec la version latine de Jean Dorat (avec Pierre de Ronsard), Paris, André Wechel, 1555.
Il a paru d'abord dans le recueil des Meslanges publié la même année 1555. C'est le plus important poème français consacré à Bacchus à l'époque de la Renaissance. « Que scauroi-je mieux faire en ce temps de vendanges Après avoir chanté d'un verre les louanges Si non louer Bacus et ses festes, à fin De celebrer le Dieu des verres et du vin »
Ad belli ciuilis auctores et eorum socios, 1576.
(la) Poematia, Paris, Gulielmus Linocerius, (lire en ligne)
Geneviève Demerson, Dorat en son temps, culture classique et présence au monde, Clermont-Ferrand, Adosa, 1979.
Geneviève Demerson, Les Odes latines, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires, 1980.
Jean-Claude Ternaux, « Furax poeta, l'imitation dans Ad Belli ciuilis auctores et eorum socios (1576) de Dorat », L'Information littéraire, janvier/ no 1, p. 11-16.
Jean-Claude Ternaux, Lucain et la littérature de l'âge baroque en France. Citation, imitation et création, Paris, Champion, 2002, p. 161-174 ("Les odes latines de Dorat")
Christine de Buzon et Jean-Eudes Girot, Colloque Dorat de Limoges, Genève, Droz, 2002.