Jean Del Cour, né en 1627 puis baptisé le à Hamoir et décédé le [1] à Liège, est un sculpteur du courant baroque. Il est connu comme étant celui qui introduisit ce style dans la principauté de Liège et est considéré comme le plus fameux représentant de ce style en Wallonie.
Biographie
Il est né à Hamoir comme son frère Jean-Gilles Delcour, célèbre peintre, tous les deux fils de Gilson Delcour[2] et de Gertrude de Verdon à l'époque dans la principauté de Stavelot-Malmédy. Il se rend à Rome en 1648. Il séjourne près de 10 ans en Italie où il devient élève du Bernin. À son retour, vers 1660, il s'installe définitivement à Liège, rue Sœurs-de-Hasque, à l'enseigne du Saint-Esprit, lieu où il meurt en 1707. Resté célibataire, il est enterré, comme sa mère et son frère, à la collégiale Saint-Martin de Liège.
Par son testament du , il laisse tous ses biens pour la fondation d'une chapelle, qui a été érigée à Hamoir, sur le premier modèle de celle de Notre Dame de Lorette dans la Marche d'Anconne. Cette chapelle est consacrée le , par Jacquet, évêque de Hippone, et suffragant de l'évêque de Liège. Elle est démolie en 1868, mais on récupère les matériaux pour la nouvelle église de Hamoir[3]
Sa maison natale existe encore aujourd'hui au no 4 de la rue Gilles Del Cour à Hamoir. Ce bâtiment connaît une procédure de classement[4].
Jean Del Cour travaille le bois et le marbre, mais il réalise également des moules dans lesquels on coule du bronze. Les œuvres que nous possédons de ce sculpteur montrent qu'il possède la même maîtrise de ces techniques si différentes. Or, sous l'ancien régime, l'apprentissage d'un métier dépend des corporations. On ne sait toujours pas quand il a pu acquérir ces différentes techniques.
Demande de Vauban
Peu avant la fin de sa vie, Vauban lui propose de travailler sur une des statues équestre du Roi-soleil pour la place des Victoires à Paris. Il décline l'offre.
Christ en bronze qui se voyait autrefois sur le pont des Arches, posé sur la Dardanelle, et qui se trouve aujourd'hui au-dessus de la porte intérieure de la cathédrale Saint-Paul ;
On estime que, comme Le Bernin, il a réussi à dégager la sculpture de l'architecture qui témoignait autrefois d'une certaine soumission vis-à-vis de [celle-ci]. Les œuvres ne parvenaient pas à faire oublier le bloc dont elles étaient extraites. Le Bernin les libère de la pesanteur et crée des formes qui sortent de la matière originelle, s'animent, se soulèvent et planent entre ciel et terre (...) Del Cour ne copie pas Le Bernin, il ne l'imite pas de manière servile mais il l'assimile, il adapte à son tempérament et à son goût ce qu'il comprend de mieux en mieux[5].
L'art de Jean Del Cour illustre pleinement le modernisme de son époque. Élan mystique, passion, amour, sensualité, tous les thèmes chers à l'époque baroque, il les a traduits avec force, dynamisme et noblesse, mais aussi une certaine retenue. Jean Del Cour n'a jamais cédé aux emphases du baroquisme : pas de contorsions débridées, d'outrances anatomiques ni d'expressions ostentatoires. Il a su, en quelque sorte, garder une juste mesure dans l'expression passionnée des sentiments.[6]
Hubert de Liège (1689), tilleul peint, Liège, église Saint-Jacques.
Jacques le Mineur (1691), tilleul peint, Liège, église Saint-Jacques.
Statue de Jean Baptiste (1662), Liège, cathédrale Saint-Paul.
2008 : exposition à l'église Saint Barthélemy à Liège, à l'occasion du 300e anniversaire de sa mort.
Notes et références
↑Del Cour est inhumé à la paroisse Saint-Martin-en-Île, à Liège. cf. Michel Lefftz, Jean Del Cour 1631-1707. Un émule du Bernin à Liège, asbl "Les Musées de Liège" et Éditions Racine, Bruxelles, 2007, p. 21.
↑Gilson Del Cour, échevin de Hamoir, est enterré en l'église St-Pierre de Xhignesse. La dalle est encore visible dans le pavement du transept sud. Voir à ce propos Hadrien Kockerols, Monuments funéraires en pays mosan. Arrondissement de HUY. Tombes et épitaphes 1100-1800, Malonne, 1999, p. 222 (entrée no 251).
↑René Henry, Hier en Ourthe-Amblève: Mythes et Destinées, p. 139, 1991.
↑René Henry, Hier en Ourthe-Amblève, Tome 2, p. 137, Ed. Dricot, 1994
↑Marie-Madeleine Robeyns, Jean Delcour, Collection Wallonie, art et histoire, éditions Duculot, Gembloux, 1977, p. 53
↑A.Geersten, Professeur à l'Institut supérieur des Beaux-Arts Saint-Luc de Liège, Histoire de l'art de la sculpture en Wallonie in 2000 ans d'art wallon, La renaissance du livre, Bruxelles, 2000, p. 103-141, p. 121
Voir aussi
Bibliographie
Michel Lefftz, Jean Del Cour 1631-1707. Un émule du Bernin à Liège, asbl Les Musées de Liège et Éditions Racine, Bruxelles, 2007, 192 p.
Albert Lemeunier (dir.), Jean Del Cour et la sculpture baroque à Liège. Chefs-d'œuvre du Musée d'Art religieux et d'Art mosan, catalogue d'exposition, Liège, 1994.
Jean Del Cour, 1631-1707 : catalogue de l'exposition organisée à l'occasion du 250e anniversaire de sa mort, Salle des Pas perdus de l'Hôtel de ville du au , Liège, 1957, 20 pages.
Suzanne Collon-Gevaert, Le Christ mort de Jean Del Cour, 1966
Pascale Bontemps-Wery, Musée d'Art Religieux et d'Art Mosan. Liège, Jean Del Cour et la sculpture baroque à Liège : Chefs-d'œuvre du Musée d'Art religieux et d'Art mosan, catalogue, exposition org. au Podium de l'INNO - Liège du au .
René Lesuisse, Le sculpteur Jean Del Cour, sa vie, son œuvre, son évolution, son style, son influence : étude historique, esthétique et critique, 1953 - 222 pages
Erika Benati Rabelo et Pierre-Yves Kairis, « Le Bernin liégeois retrouve sa splendeur », Science connection, no 19, , p. 14-17 (ISSN1780-8456, lire en ligne, consulté le )