Haute taille, force extraordinaire, physionomie martiale, il fut remarqué entre les plus braves[2].
Biographie
Jean Bézier est né à Grenoux le . Il est le fils de René Bézier[3] et de Jeanne Mérias[4]
Virée de Galerne
À Laval, le , Jean est présent lors de l'entrée des Chouans du Maine à Laval pour rejoindre les vendéens et lors de l'attaque de la ville par les Républicains du Général François-Joseph Westermann (nuit du 25 au 26). La troupe de Jean Chouan fut la première à courir au combat. Après un engagement très vif, la troupe républicaine vigoureusement repoussée se retira. On cite lors de cet évènement : Jean Bezier, connu dans la suite sous le nom de Moustache, qui y retourna jusqu'à trois fois pour approvisionner ses camarades en cartouches stockées dans des caissons parmi les troupes Républicaines[5].
Quelques jours après, des soldats venus de Laval, prennent possession du bourg de Nuillé-sur-Vicoin et établissent leur poste dans l'église. Les frères Herminier, le 13 avril suivant, jour du Dimanche des Rameaux, attaquent avec Jambe-d'Argent le détachement caserné dans l'église. Enthousiasmés par leur succès et ayant supposément bu plus que de raison, les bataillons de Jean Bezier et Noël Jamois s'en prennent alors au poste républicain local d'Ahuillé, mais l'opération, menée de façon désordonnée contre l'avis de Jambe d'Argent, se solde par un échec, les chouans ne réussissant pas à déloger les républicains de l'église où ils s'étaient retranchés.
À Montchevrier, le , Jean est présent lors de la nomination de Jambe d'Argent comme commandant[9]
À Astillé, le , Jean Bezier est présent lors de l'Attaque du Poste d'Astillé avec Jambe d'Argent (défaite des Chouans) : 500 hommes. La précipitation de Noël Jamois dit Placenette rend l'attaque inutile. À Parné-sur-Roc, le , Jean est présent lors de l'attaque du poste de Parné avec Jambe d'Argent (Victoire des Chouans).
Au Combat de la Ramée, le , Jean est présent avec Jambe d'Argent lors de l'attaque des Républicains à trois reprises (Victoire des Chouans). À Houssay, en 1795, Jean est présent lors de l'attaque pendant laquelle Jambe d'Argent s'empare de 9 voitures de transport militaire qui avaient 200 hommes d'escorte. (Victoire des Chouans). Il y a 30 morts. Moustache tue le commandant de la colonne.
À Quelaines-Saint-Gault, en 1795, Jean Bezier est présent lors de Procès de Salmon dit Dur-au-Feu, déserteur républicain devenu Chouan, pour trahison devant l'état-major des Chouans. Il est condamné à être fusillé. Moustache commande le peloton d'exécution en présence de Jambe d'Argent[10]. À Ampoigné, en , Moustache est blessé lors d'une attaque avec Jambe d'Argent qui avait pour but d'empêcher les Républicains de récupérer du fourrage. Il est secouru par un certain Lochin de la paroisse de Nuillé. Moustache blessé restera un mois sans combattre.
Toutefois, le , le juge de paix de Quelaines déclarait que Jean Bezier, dit Moustache, récemment sorti des prisons de Laval, n'avait pas repris les armes et était soumis aux lois[11].
Jean Bézier est décoré en 1814 à L'Île-d'Yeu comme Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis qu'il reçoit des mains du Comte d'Artois (futur Charles X de France). Nommé Colonel de la Légion de l'Armée Royale du Maine, la marquise de Chavagnac, dame de la Rongère, née Henriette-Françoise de Monteclerc l'admit à sa table après qu'il eut reçu la croix de Saint-Louis.
Sur la route de Cossé-le-Vivien, le jour de la foire en visant le Colonel Michel Jacques François Achard, il est atteint d'une balle et haché à coups de sabre. Il est décédé le lundi , à l'âge de 65 ans, à Montigné-le-Brillant, Le Haut-Chêne. Il est inhumé le à Montigné-le-Brillant[12].
Sa pierre tombale[13] d'origine en ardoise se trouve au Musée de la chouannerie et de la Révolution française à Saint-Ouën-des-Toits. Une inscription indique: Ci gît, Mr Jean Bézier, dit Moustache, chevalier de Saint-Louis, colonel de la première Légion, de l'armée royale du Maine, né à Grenoux le , mort dans cette paroisse le , en combattant pour son Dieu et pour son Roi. Priez pour lui.
« [...] « Gauvain, sache qu'il faut faire la guerre à la femme quand elle se nomme Marie-Antoinette, au vieillard quand il se nomme Pie VI, pape, et à l'enfant quand il se nomme Louis Capet.
- Mon maître, je ne suis pas un homme politique.
- Tâche de ne pas être un homme dangereux. Pourquoi, à l'attaque du poste de Cossé, quand le rebelle Jean Treton, acculé et perdu, s'est rué seul, le sabre au poing, contre toute ta colonne, as-tu crié : Ouvrez les rangs. Laissez passer ?
- Parce qu'on ne se met pas à quinze cents pour tuer un homme
Pourquoi, à la Cailleterie d'Astillé, quand tu as vu que tes soldats allaient tuer le Vendéen Joseph Bézier, qui était blessé et qui se traînait, as-tu crié : Allez en avant ! J'en fais mon affaire ! et as-tu tiré ton coup de pistolet en l'air ?
- Parce qu'on ne tue pas un homme à terre.
- Et tu as eu tort. Tous deux sont aujourd'hui chefs de bande ; Joseph Bézier, c'est Moustache, et Jean Treton, c'est Jambe-d'Argent. En sauvant ces deux hommes, tu as donné deux ennemis à la république.
- Certes, je voudrais lui faire des amis, et non lui donner des ennemis.
- Pourquoi, après la victoire de Landéan, n'as-tu pas fait fusiller tes trois cents paysans prisonniers ?
- Parce que, Bonchamp ayant fait grâce aux prisonniers républicains, j'ai voulu qu'il fût dit que la république faisait grâce aux prisonniers royalistes. » [...] »
↑Moustache monte sur le toit d'une maison des faubourgs, d'où exposé à tout le feu de l'ennemi, il tirait sur les canoniers Républicains avec les fusils qu'on lui passait tout chargés. Il tua successivement dix-neuf Bleus qui s'obstinèrent à rester près de leurs batteries. Souvenirs de la Chouannerie, p. 136.
↑C'est La Rochejacquelein qui en arrivant au secours de l'avant garde des Chouans a fait basculer la victoire. Souvenirs de la Chouannerie, p. 137.
↑Sont présents :
- Pierre Mongazon (Présent)
- Jambe d'Argent (Présent) Chef du groupe de Chouans. Souvenirs de la Chouannerie, p. 137.
↑Comme on le pense bien, Jambe d'Argent n'en était point venu là tout d'un coup. D'abord confondu avec les autres chouans, il leur avait laissé faire l'expérience de sa supériorité. Il s'était successivement dévoué pour chacun et tous, avant de devenir ses soldats, avaient été ses obligés. Moustache surtout ne pouvait oublier que, surpris par les bleus sur la route de Cossé, il avait dû à Jambe-d'Argent de revenir sain et sauf et sans déshonneur parmi les siens. Appuyés épaule contre épaule, tous deux avaient traversé, le fusil en joue et au petit pas, les rangs des républicains qui, frappés d'admiration, s'étaient écartés en criant : - Laissez passer les braves . - Dès ce jour, l'ancien garde-chasse du marquis de Monteclerc avait dit : - Il faut que tu sois notre chef. Et il ne négligea rien pour préparer à ce choix les autres insurgés. Les victoires de la Bodiniére, puis de Nuillé, qu'ils durent à Jambe d'Argent, et la défaite d'Ahuillé, par laquelle ils furent punis d'avoir repoussé ses conseils, décidèrent sa nomination. Ceux qui avaient cherché dans la guerre civile une cocarde pour couvrir leurs crimes osèrent seuls protester. De ce nombre furent Moulins, lâche bandit, instruit à toutes les bassesses dans les égouts de la gabelle, et bon seulement à colporter la terreur au moyen de marches prodigieuses; Barbier, dit la Risque, Jamois, surnommé Place-Nette, et enfin Mousqueton, cet horrible Quasimodo de la chouannerie, que l'odeur du sang enivrait comme le vin, et qui sabrait les prisonniers à petits coups pour sa réjouissance.
Est présent :
- Pierre Mongazon(Présent). Souvenirs de la Chouannerie
↑Une place dans cette commune porte son nom. Il a été publié par extraits dans la 2e édition de la Vendée militaire (t. IV, p. 651) une relation, écrite par Michel-Georges de la Broise, du combat du Haut-Chêne où fut tué Moustache, le 10 juillet 1815, et auquel il avait assisté.
↑Une dalle d'ardoise est retrouvée en 1988, lors de travaux dans une ferme à Andouillé. Elle fait 1,84 m de haut, 84 cm en largeur et de 8 cm d'épaisseur.
↑TROISIEME PARTIE. EN VENDEE -LIVRE DEUXIEME. LES TROIS ENFANTS -VII. Les deux poles du vrai.