Jean-Pierre Ricard, né le à Marseille dans les Bouches-du-Rhône, est un cardinal français, archevêque émérite de Bordeaux depuis le . Il a été, entre autres fonctions, président de la Conférence des évêques de France de 2001 à 2008. Il est interdit de ministère public par le dicastère pour la Doctrine de la foi au printemps 2023 à la suite de son « comportement répréhensible avec une jeune fille de 14 ans ».
Il est ordonné prêtre le à Marseille. Il est vicaire à Marseille à la paroisse Sainte-Émilie-de-Vialar de 1970 à 1975.
De 1975 à 1981, il est au service de l’enseignement religieux et de la formation des prêtres et des laïcs. Il devient responsable du Centre de culture religieuse du Mistral.
De 1975 à 1985, il est délégué épiscopal auprès des séminaristes.
De 1984 à 1988, il devient délégué adjoint à l’œcuménisme, puis vicaire épiscopal de Marseille-Sud, puis secrétaire général du Synode diocésain de Marseille (1988-1991).
En 2005, il participe au synode à Rome sur l’eucharistie.
Conférence des évêques de France
Avant sa nomination comme évêque, il devient membre épiscopal de la commission des migrants de 1990 à 1993.
Une fois nommé évêque, il devient membre de la commission des ministères ordonnés et évêque accompagnateur du comité national du diaconat de 1994 à 1996.
L’année suivante et pendant un an, il est membre de la commission pour l’unité des chrétiens, et devient en 1997 le président de la région apostolique Provence-Méditerranée.
En 1997, il devient membre du conseil permanent. Il est élu vice-président de la Conférence des évêques de France en 1999, puis président le , et réélu en 2004. Il devient aussi membre de la commission pour l’information et la communication et de la Mission de France.
Le , il est élu membre du comité Études et Projets de la Conférence des évêques de France, pour un mandat de trois ans[2], et réélu à ce poste en 2011[3].
Le , lors de l'assemblée plénière des évêques de France à Paris, il est nommé président du conseil pour l'enseignement catholique[4].
Il participe les et à la convention nationale de l'Enseignement catholique, au cours de laquelle est remis le nouveau statut de l'Enseignement catholique en France[5].
Le , le pape François accepte sa démission, pour raison d'âge (75 ans), de sa charge pastorale d'archevêque du diocèse de Bordeaux. ll devient archevêque émérite du diocèse de Bordeaux. Il rejoint sa région natale et se met au service du diocèse de Digne.
En , il rencontre le patriarche Alexis II de Russie, à l'occasion de la première visite d'un primat orthodoxe russe en France[6].
Le , il est nommé membre pour cinq ans du conseil pour l'économie[7].
Le , il est choisi par le pape François pour diriger les Foyers de charité de manière temporaire, alors que l'organisation est en crise depuis les révélations d'abus de son fondateur Georges Finet[8]. Invoquant des raisons de santé, il renonce à cette mission un mois plus tard, le [9].
En 2023, en dépit de son retrait du ministère public, il est toujours cardinal électeur (votant pour l'élection du pape en cas de conclave), une responsabilité qui lui incombe jusqu'à ses 80 ans, le 25 septembre 2024[10]. Il ne peut plus depuis participer aux votes du prochain conclave.
Participation au conclave de 2013
En , à la suite de la renonciation de Benoît XVI au ministère de Pierre, il participe au conclave à Rome qui aboutit à l'élection du pape François. Il publie à cette occasion plusieurs messages et réactions, tant sur ses impressions durant le conclave[11] que sur l'élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio[12].
Fermeture du Séminaire Saint-Joseph
En , il annonce « non sans un pincement de cœur » la fermeture du grand séminaire Saint-Joseph de Bordeaux pour la rentrée de , le nombre de candidats n'étant plus suffisant[13]. Le cycle de formation pour l'archidiocèse reste néanmoins toujours ouvert, les séminaristes étant envoyés dans les séminaires de Toulouse, Paris et Rome.
Délégué pontifical pour les Foyers de charité
Le , à la suite d'affaires d'abus sexuels aux Foyers de charité, le Vatican le nomme délégué pontifical pour les Foyers de charité, afin de « gouverner l’association de manière temporaire »[8].
Le , alors que se tient l'assemblée plénière de la Conférence des évêques de France à Lourdes – un an après la remise du rapport Sauvé – Jean-Pierre Ricard adresse un communiqué aux évêques de France[14], dans lequel il reconnaît « s'être conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans » quand il était prêtre à Marseille. Dans ce communiqué, il « demande pardon » à la victime, à sa famille, et aux personnes qui seraient blessées par ces révélations[15],[16],[17]. Jean-Pierre Ricard assure que les faits se sont produits « il y a 35 ans »[18], alors qu’il était prêtre à Marseille, dans la paroisse de Sainte-Marguerite (9e)[19],[20],[21]. La victime affirme avoir envoyé une lettre de signalement au pape François et n’a a priori pas obtenu de réponse de Rome[22].
Dans un communiqué du , le parquet de Marseille annonce avoir ouvert une enquête préliminaire[19],[20],[21] pour « agression sexuelle aggravée afin de vérifier dans un premier temps la nature exacte des faits dénoncés ainsi que leur datation » et déterminer s’il y a d’autres éventuelles victimes du cardinal[20]. Le parquet a aussi fait savoir que Jean-Philippe Nault, ancien évêque de Digne – où s'est retiré Jean-Pierre Ricard –, avait saisi la justice le en transmettant une lettre des parents de la victime, écrite le , après la nomination de Jean-Pierre Ricard comme délégué pontifical pour enquêter sur des affaires d'abus au sein des Foyers de Charité (affaire Georges Finet). À la suite de ce courrier, Jean-Pierre Ricard aurait reconnu, auprès de Jean-Philippe Nault, avoir « embrassé » la victime[18] Le délai entre la réception de la lettre et le signalement (plus de huit mois entre et ) serait dû au fait que Jean-Philippe Nault n'aurait appris la minorité de la victime au moment des faits qu'en [21].
À la suite de cette révélation, de nombreuses associations se sont indignées tandis que, dans un communiqué, l'archevêque de Bordeaux, Jean-Paul James, a quant à lui exprimé sa « grande compassion à la personne victime concernée »[23]. La victime du cardinal Jean-Pierre Ricard s’est confiée auprès de la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, Véronique Margron, qui a fait savoir qu'elle a vécu un « traumatisme d’une grande violence ». Selon elle, il est « moralement impensable » que Jean-Pierre Ricard conserve le titre de cardinal et prévient que « Des mesures disciplinaires seront prises à Rome à son encontre »[24].
Le , le Vatican annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire (investigatio prævia) sur cette affaire[25] en parallèle de l'enquête en France[26].
Jean-Pierre Ricard est placé en garde à vue en , il avoue « avoir embrassé la jeune fille, l’avoir enlacée et caressée par-dessus les vêtements, sans rapport sexuel ». Selon la victime, ces agressions ont duré trois ans. Confronté à celle-ci, « il a demandé pardon ». Toutefois, l'enquête est classée sans suite pour prescription, les faits reprochés datant de la fin des années 1980[27],[28]. Au printemps 2023, le Vatican sanctionne néanmoins Ricard, qui est interdit de tout ministère public[29] pendant cinq ans, sauf dans son diocèse de domicile : le diocèse de Digne. L'évêque de ce diocèse, Emmanuel Gobilliard, indique néanmoins : « Je ne suis pas d’accord pour que le cardinal Ricard célèbre dans le diocèse de Digne pour l’instant, je le lui ai dit, je souhaite que la sanction soit appliquée aussi chez nous. Mais si demain il déménage dans un autre diocèse et obtient l’accord de l’évêque pour reprendre du service, je ne pourrai pas l’en empêcher car l’exception prévue par la sentence romaine s’applique au diocèse de domicile du cardinal, pas à l’Église de Digne ». Jean-Pierre Ricard reste toutefois cardinal[30].
Points de vue du cardinal Ricard
Embryon humain
Après que l’Union européenne a donné son accord à l'exploitation des embryons, le cardinal Ricard déplore[31], le : « la mise en place du processus de réduction de l’embryon humain à l’état de moyen, ce qui constitue une grave transgression éthique. Nous devons redire que l’embryon humain ne peut être considéré comme un simple matériau de laboratoire. « Tout embryon est déjà un être humain. Il n’est donc pas un objet disponible pour l’homme. Il n’est pas possible de décider d’un seuil au-delà duquel l’embryon serait humain et en deçà duquel il ne le serait pas. » »[32].
Libéralisation de la messe tridentine
Dans un communiqué du , le cardinal Ricard défend la vision du pape et appelle à « la communion fraternelle dans l’Église implique vérité, accueil de l’autre et réconciliation »[33]. Il s’explique plus longuement dans une interview[34]. Le , une convention est signée entre l’Institut du Bon Pasteur et l’archevêque de Bordeaux[35].
Titulaire de la Médaille de la ville de Bordeaux ()
Notes et références
↑« France: Le pape nomme Mgr Ricard membre de la Commission pontificale "Ecclesia Dei" », Cath.ch, (lire en ligne, consulté le )
↑« [https://eglise.catholique.fr/espace-presse/
communiques-de-presse/367827-elections-au-cours-de-lassemblee-et-nomination-dun-porte-parole/ Elections au cours de l’assemblée et nomination d’un porte-parole] », sur Église catholique en France, (consulté le ).
↑ a et bJuliette Paquier, « Les Foyers de charité placés sous la gouvernance d’un délégué pontifical », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑Mélinée Le Priol, « Les Foyers de charité placés sous la gouvernance d’un délégué pontifical Foyers de charité : Mgr Dubost succède au cardinal Ricard comme délégué pontifical », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑Odile Riffaud, « Abus sexuels - Le cardinal Jean-Pierre Ricard suspendu de ministère public : ce qui étonne dans la décision du Vatican », RCF, (lire en ligne, consulté le )
↑Matthieu Lasserre, « Abus sexuels dans l’Église : onze évêques français mis en cause, dont le cardinal Jean-Pierre Ricard », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑Bernadette Sauvaget, « Violences sexuelles : 8 évêques français dont un cardinal «mis en cause» pour abus », Libération, (lire en ligne, consulté le )
↑« Violences sexuelles : l’Eglise à nouveau dans la tourmente après les confessions du cardinal Ricard », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Abus sexuels dans l'Église: la victime du cardinal Ricard a vécu "un traumatisme d'une grande violence" », BFMTV, (lire en ligne, consulté le )
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↑ ab et cCamille Lecuit, Cyriac Zeller et Antoine Pasquier, « Affaire Mgr Ricard : une enquête ouverte, de nouveaux éléments connus », Famille Chrétienne, (lire en ligne, consulté le )
↑« Le pape François a-t-il lu la lettre de la victime du cardinal Ricard envoyée il y a cinq ans ? », Famille Chrétienne, (lire en ligne, consulté le )
↑« Affaire du cardinal Ricard: le Vatican annonce une enquête », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑« L'enquête pour "agression sexuelle" visant Mgr Ricard classée pour prescription par le parquet de Marseille », France 3, (lire en ligne, consulté le )
↑« Violences sexuelles dans l’Eglise : l’enquête visant le cardinal Jean-Pierre Ricard classée sans suite pour cause de prescription », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Bernadatte Sauvaget, « Visite du pape à Marseille : Jean-Marc Aveline, un cardinal en pleine ascension », Libération, (lire en ligne, consulté le )
↑Héloïse de Neuville, « Abus sexuels : le cardinal Ricard interdit de ministère public sauf dans son diocèse », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑Jean-Marie Guénois, « Dossier. Le Vatican et les intégristes. Entretien. Cardinal Jean-Pierre Ricard : « Il n'est pas facile d'accueillir de nouveaux venus » », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑Sophie de Ravinel, « Premières ordinations de prêtres chez les traditionalistes de l'Institut du Bon-Pasteur », Figaro, (lire en ligne, consulté le )
↑Michel Kubler, « Entretien. Cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de France. « Je dis aux catholiques : ne vous inquiétez pas ! » », La Croix, (lire en ligne, consulté le )