Né dans une famille protégée par le duc d'Épernon, il est le fils du maire d’Angoulême, Guillaume Guez, et de Marie Nesmond, d'une des meilleures familles de la ville[4], d'où provient le fief de Balzac.
C'est dans une province particulièrement marquée par les intrigues et les affrontements politiques qu'il commence ses études, d'abord chez les jésuites, à Angoulême, plus brièvement à Poitiers puis à l’université de Leyde où il fut l'élève de Baudius et le condisciple et l'ami de Théophile de Viau[4].
C'est en Hollande qu'il rédige son premier essai politique, publié quelques décennies plus tard : Discours politique sur l'état des provinces unies, qui critique ouvertement la politique espagnole aux Pays Bas[5].
En 1624, paraît le premier volume de ses Lettres qui lui vaut d’emblée les plus grands éloges, et l'attention de plusieurs autres protecteurs. Balzac obtint la même année une pension sur le trésor, un brevet de conseiller d'Etat et une charge d'historiographe du Roi[7].
En prise avec un de ses anciens professeurs d'Angoulême, le jésuiteFrançois Garasse[8], il est l'un des acteurs d'une querelle d'imprimés où s'affrontent en sous main partisans et adversaires de la politique de Richelieu.
Sa volonté de s'affranchir de la critique des anciens et des modernes le voit être attaqué par Jean Goulu, supérieur de l’ordre des Feuillants, dans son pamphlet Lettres de Phyllarque à Ariste de 1627, qui voit dans ses écrits un individualisme suffisamment subversif pour être libertin[9].
Après une brouille avec le cardinal de Richelieu, fidèle à l'idéal littéraire du Refuge, Balzac se retire en Angoumois, en 1631, tout en maintenant une correspondance soutenue. Appelé à siéger à l'Académie nouvellement créée au fauteuil 28, il ne s'y fera représenter qu'une décennie plus tard, en faisant lire, par la voix d'un de ses membres, l'un de ses discours.
Les œuvres de Guez de Balzac se composent de Lettres, adressées à Conrart, Chapelain, Descartes, et d'autres ; de Discours, d’Entretiens, de Dissertations littéraires, de petits traités, dont les principaux sont Aristippe ou la Cour, un traité de politique ; le Prince, essai satirique et apologie en demi-teinte de Louis XIII et de son ministre[10] ; Socrate chrétien, essai de doctrine et de morale religieuses ; de quelques poésies françaises et de vers latins.
La réputation actuelle de Balzac se fonde essentiellement sur ses Lettres dont un premier recueil parut en 1624 et un second en 1636. On y lit, selon les critiques, une élégance et une harmonie « jusque-là jamais rencontrées dans aucun ouvrage en prose de langue française. » Les lettres de Balzac, qui connaissait également l’italien et l’espagnol, démontrent une véritable maîtrise du style en introduisant une prose française claire, précise, nouvelle, affranchie du latin.
Admiré et imité par Descartes[11] qui fut son ami et son correspondant, Balzac a fait l'objet d'un regain d'intérêt littéraire aux XIXe (cité à de nombreuses reprises comme parangon de la belle langue par Sainte-Beuve dans son Port-Royal) et XXe siècles.
Il meurt à Angoulême en 1654, et est enterré dans l'église des cordeliers[12]. Une plaque commémorative est toujours visible à l'entrée de l'Hôpital de Beaulieu[13], et son nom a été donné en 1962 au lycée Guez de Balzac d'Angoulême.
Le prix littéraire Guez de Balzac, attribué par l'Académie française récompense depuis 2021 « une œuvre qui par son style, évoque le génie de la langue française. » Il a entre autres été attribué à Michel Deguy.
↑ a et bGaston Guillaumie, Jean Louis Guez de Balzac et la presse française, Contribution à l'étude de la langue et du style pendant la première moitié du XVIIe siècle., Paris, A. Picard, , 563 p., p 27
↑Antoine Adam, Théophile de Viau et la libre pensée française en 1620, Paris, E. Droz, , page 35
↑Léo mouton, Un demi-roi, le duc d'épernon, Paris, Perrin, , 275 p.
↑Jean Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain (1597-1654), Saint Etienne, Université de Saint Etienne, , 577 p., p. 153
↑Celui-là même qui essayait de faire condamner Théophile au bûcher. Il y a d’ailleurs fort à croire que, comme pour Théophile, les mœurs de Guez n’étaient probablement pas étrangères au motif véritable de l’attaque dont il fut l’objet de la part du parti dévot.
↑Jean-Vincent Blanchard, « De quoi donner une jaunisse à Richelieu. Autour d'une lettre de Descartes à Guez de Balzac », CAIRN, Littératures classiques 2013/3 (N° 82),, (lire en ligne)
↑Cf. notamment Christian Leroy, Le Prince, Paris, éditions de la Table Ronde, coll. « La petite Vermillon », , 250 p. (ISBN2-7103-0750-2), « Introduction : De la politique à la poésie », p. 13-16.
↑Nicolas Grimaldi et Jean-Luc Marion, Le Discours et sa méthode, acte d'un coloque organisé en Sorbone ( 28-30 janvier 1987), Paris, Centre d'Etudes Cartésiennes, p. 416
↑Henri Labbé de la Mauvinière, Poitiers & Angoulême, Saint-Savin, Chauvigny, Paris, H. Laurens, (BNF43657891, lire en ligne), p. 122.
↑Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Cherche midi, , 385 p., p 42
Références
Jean Goulu, Recueil des pièces touchant l’éloquence, et les différends entre Narcisse, Phylarque & Aristarque, Paris, 1628
François Ogier, Apologie pour Monsieur de Balzac, 1627, Saint-Étienne : Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1977
Le prince, Éd. Christian Leroy. Paris : Table ronde, 1997 (ISBN2710307502)
Épîtres latines Sous la direction de Jean Jehasse, préface de Bernard Yon, Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1982 ASIN 2867240115
Socrate chrestien par le Sr De Balzac et autres œuvres du mesme Autheur. Amsterdam, Pluymer, 1662. In-12, [1 (titre frontispice)], [1 bl.], [22 (avant-propos, table)], 271 (en réalité 281 puisqu’une erreur typographique ajoute dix pages à l’ouvrage : p. 1-192, puis p. 183-271), [1 bl.], 126, [22 (table)].
Jean Louis Guez Sr de Balzac de l'Académie française, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 71-72(lire en ligne)
Bernard Beugnot, Les débuts littéraires de Guez de Balzac, Torino, Società editrice internazionale, 1968
Bernard Beugnot, Jean-Louis Guez de Balzac : bibliographie générale, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, 1967
Bernard Beugnot, J.L. Guez de Balzac. Bibliographie générale. Supplément I, PUM, Montréal, 1973
Bernard Beugnot, J.L. Guez de Balzac. Bibliographie générale: Supplément II, Publications de l'Université de Saint-Etienne, 1979
Bernard Beugnot, Fortunes de Guez de Balzac : actes du colloque de Balzac, 16-, Paris, H. Champion, 1998
Bernard Beugnot, Guez de Balzac, Paris, Memini, 2001
Mathilde Bombart, Guez de Balzac et la querelle des Lettres. Ecriture, polémique et critique dans la France du premier XVIIe siècle, H. Champion, 2007
Gustave Cohen, Écrivains français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle 1879-1958, Paris, Champion, 1920
Joseph Declareuil, Les idées politiques de Guez de Balzac, Paris, V. Giard & E. Brière, 1907
Gaston Guillaumie, J.L. Guez de Balzac et la prose française ; contribution à l’étude de la langue et du style pendant la première moitié du XVIIe siècle, Paris, A. Picard, 1927
C. Hippeau, Étude sur Jean-Louis Guez de Balzac, Paris, Académie française, 1850-1859
Jean Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain : 1597-1654, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, 1977
Ulrike Michalowsky, L’usage du « je » et la peinture du moi dans les lettres de Guez de Balzac. Thèse pour le doctorat de l’université de la Sarre, 1994
Jean-Émile Sabrazès, Les propos aigres-doux de Guez de Balzac sur Montaigne, Bordeaux, A. Destout, 1933
Jean-Baptiste Sabrié, Les idées religieuses de J.-L. Guez de Balzac, Paris, F. Alcan, 1913
Jean Sabrazes, Les pensées de Guez de Blazac ; notes et remarques, Bordeaux, A. Destout, 1934
F. E. Sutcliffe, Guez de Balzac et son temps ; littérature et politique, Paris, A.G. Nizet, 1959
Youssef Zobeidah, Polémique et littérature chez Guez de Balzac, Paris, A.G. Nizet 1972
Roger Zuber, Les « Belles infidèles » et la formation du goût classique. Perrot d’Ablancourt et Guez de Balzac, Paris, A. Colin, 1968