Jean-Jacques Beineix

Jean-Jacques Beineix
Le réalisateur en 1989.
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La Fémis
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Jack Gajos (d)
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Jean-Jacques Beineix est un réalisateur, écrivain, dialoguiste, scénariste, producteur de cinéma et metteur en scène français né le à Paris et mort le dans la même ville.

Avec seulement six films à son actif, il est l'un des piliers du cinéma du look français. En 1982, il obtient le César de la meilleure première œuvre pour le film Diva et connaît son plus grand succès public, en 1986, avec 37°2 le matin adapté du roman de Philippe Djian. À partir des années 1990, il réalise et produit surtout des documentaires pour la télévision et le cinéma.

Biographie

Jeunesse et formations

Jean-Jacques Beineix est le fils de Robert Beineix, directeur d'une compagnie d'assurances, et de Madeleine Maréchal. Élève au lycée Carnot, puis au lycée Condorcet de Paris, il s'inscrit en médecine après son baccalauréat[1].

Il abandonne la faculté de médecine après , tente le concours d'entrée à l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) mais, classé 21e, il échoue[2].

En 1969, après des débuts dans la publicité — auteur, entre autres, du célèbre spot anti-Sida Il ne passera pas par moi, en 1987[3],[4] —, il travaille comme assistant-réalisateur, notamment pour Jean Becker sur la célèbre série télévisée Les Saintes Chéries (1970), Claude Berri sur Le Cinéma de papa (1970), René Clément sur La Course du lièvre à travers les champs (1971) et Claude Zidi sur L'Animal (1977)[5].

Carrière

En 1977, Jean-Jacques Beineix réalise son premier court métrage, Le Chien de Monsieur Michel[6], récompensé par le premier prix au festival Off-Courts Trouville.

En 1981, Diva, son premier long métrage, est un succès populaire et connaît une belle carrière internationale[7]. Malgré ses quatre César, dont le César de la meilleure première œuvre, le film suscite néanmoins le rejet d'une bonne partie de la critique, qui décriera durant toute la carrière du cinéaste un « esthétisme de pub »[8]. Dominique Besnehard, son ancien directeur de casting, dénonce le rôle des critiques de cinéma qui n'ont jamais été tendres avec lui : « La critique, quand elle décide, avant d'aller voir le film, de ne pas aimer, c'est un mal terrible[8]. »

En 1983 sort La Lune dans le caniveau, tourné dans les mythiques studios de Cinecittà et monté dans ceux de Boulogne[9]. Présenté au festival de Cannes 1983, le film, très mal reçu par les festivaliers et la critique — Beineix est même insulté[10] — est un échec commercial[11].

En 1984, Jean-Jacques Beineix crée sa propre société de production, Cargo Films[12], afin de préserver son indépendance artistique. À partir des années 1990, il y concevra également des films documentaires[13],[14].

En 1986, 37°2 le matin, le premier long-métrage produit par la société, sera un immense succès public. Adapté du roman éponyme de Philippe Djian, vu à sa sortie en France par 3,6 millions de spectateurs et parvenu depuis au statut de film culte[10], il révèle Béatrice Dalle, alors inconnue, aux côtés de Jean-Hugues Anglade. Nommé à neuf reprises aux César, 37°2 le matin fut également nommé à l'Oscar du meilleur film étranger. L'actrice et chanteuse Dalida présente à la cérémonie des César critique sévèrement le jury qui n'a accordé au film de Beineix que le César de la meilleure affiche[15].

En 1989, sort Roselyne et les Lions dans lequel Beineix lance à nouveau une inconnue, Isabelle Pasco, mais c’est encore une fois un fiasco critique et commercial : « Belle image, comme toujours, mais la magie n’opère pas dans un monde du cirque fantasmé, trop irréel[16]. »

En 1992, c’est au tour d'IP5 de connaître la débâcle : la mort brutale d’Yves Montand au cours du tournage nourrit l’insidieuse rumeur qui accuse Jean-Jacques Beineix de ne pas avoir assez ménagé l'acteur. Cette polémique pénalise le film, qui est encore une fois un échec commercial. Rumeur pourtant contredite par Carole Amiel, la dernière compagne d’Yves Montand, qui expliquera plus tard dans un ouvrage consacré à ce dernier que, présumant de ses forces, il répétait son prochain récital à Bercy les soirs où il tournait avec Beineix : « La polémique a été très injuste pour Jean-Jacques qui avait pris toutes les précautions. », dira-t-elle. « Les Français ont été tellement choqués, surpris et tristes qu’il a fallu trouver un coupable[16]. »

Très affecté par ces circonstances, Beineix ne tournera plus de longs métrages pendant une dizaine d’années et se dirigera vers la réalisation et la production de documentaires pour la télévision. Il réalise notamment Loft Paradoxe[17] en mai 2002 à la suite du succès de l'émission Loft Story sur M6[18].

Par ailleurs, il reçoit de nombreuses propositions à Hollywood. Toutefois, il refuse notamment Le Nom de la rose, Evita ainsi que Alien 3. Il donne tout de même son accord pour réaliser une adaptation de Chapeau melon et bottes de cuir, mais, après avoir critiqué le scénario, il s'écarte du projet[19].

En 2001, après neuf ans d'absence au cinéma, il réalise Mortel Transfert avec Jean-Hugues Anglade et Hélène de Fougerolles, tentative de retour avorté qui est un échec critique et commercial complet. Il déclare d'ailleurs que ce film l'endette fortement[20] car il y a investi tout ce qu’il possède et « tout ce que j’ai pu apprendre en plus de quarante années de cinéma où j’ai commencé stagiaire et fini producteur, réalisateur, et scénariste. Mais tout multiplié par presque zéro, ça fait toujours zéro et cette leçon de vie a été terrible. Je ne m’en suis pas relevé[21] »

À l'automne 2006, il publie ses mémoires, Les Chantiers de la gloire, dans lesquels il évoque une partie de son enfance et de sa carrière cinématographique. Le livre témoigne de la production et du tournage de ses trois premiers longs métrages : Diva, La Lune dans le caniveau et 37°2 le matin. Il devait s'agir de la première partie d'une série de deux livres, dont il n'écrira finalement jamais le second[18].

En 2008, il réalise un film institutionnel pour le CNRS qui s’inscrit dans le rajeunissement de l’identité de l’organisme scientifique : L2i (les Deux infinis)[22],[23]. D’une durée de 17 min, ce film présente la diversité des recherches conduites par le CNRS en physique, climatologie, astronomie et sciences humaines : « Le monde de la recherche est très proche de celui des artistes. Nous sommes habités par la conviction, la générosité et la passion. »

Un an plus tard, il est nommé parrain du festival CinémaScience, un festival de longs métrages de fiction organisé par le CNRS à Bordeaux[24],[25],[26].

En 2013, il tente d'adapter Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013. Cette histoire de rescapés de la Première Guerre mondiale lui rappelle en effet les histoires que lui contait son grand-père. Le projet échoue. C'est finalement Albert Dupontel qui adapte le roman : le film du même titre[19] sort en 2017. Il souhaite également adapter Le Démon de Hubert Selby, Jr. dont il possède les droits[27] et envisage également l'adaptation de Longtemps je me suis couché de bonne heure de Jean-Pierre Gattégno.

En 2015, il réalise sa première mise en scène théâtrale au Lucernaire, à Paris, inspirée de la vie de Kiki de Montparnasse[28].

Fin 2016, il est président du jury du 29e festival international du film de Tokyo[20].

En 2020, il publie son premier roman : Toboggan, couronné par le prix des lecteurs du magazine Notre temps, chronique d’un amour déçu qui ressemble beaucoup à une confession autobiographique et « dans lequel il fait part d'une réflexion sans concession sur le sens de sa vie et les liens entre l'amour et l’art[29]. »

En 2020 également, il critique l'esclandre d'Adèle Haenel, lors de la 45e cérémonie des César, contre la présence, en sélection, du film de Roman Polanski, J'accuse. Il invite à ne pas laisser penser que « tous les hommes sont des violeurs »[30].

Mort et hommages

Jean-Jacques Beineix meurt à son domicile parisien le à l'âge de 75 ans, des suites d'une leucémie[31], entouré de son épouse Agnès et de sa fille Frida[32],[33], née d'une relation antérieure avec l'actrice Valentina Sauca.

Unifrance lui rend hommage en ces termes : « [...] Une personnalité singulière du cinéma français, légataire d'une certaine vision du cinéma, où la couleur, le cadre, l'atmosphère et la fulgurance de certains plans conféraient aux films une forme d'absolu. On ne pourra oublier les décors qu'Hilton McConnico avait conçus pour La Lune dans le caniveau, les claquements de fouet d'Isabelle Pasco dans Roselyne et les Lions, ou Yves Montand s'enfonçant lentement dans un étang dans IP5 - l'île aux pachydermes. »

Ses obsèques sont célébrées au matin du en l'église Saint-Roch de Paris[34]. Il est incinéré[35].

Galerie

Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur Jean-Jacques Beineix.

Filmographie

En tant que réalisateur

Longs métrages

Court-métrage

  • 1977 : Le Chien de Monsieur Michel[6]

Clip vidéo

Documentaires

En tant qu'assistant réalisateur

En tant que scénariste

En tant que producteur

Théâtre

Mise en scène

Ouvrages

Autobiographie

Roman

Bandes dessinées

  1. Château de vampire à vendre, Glénat, coll. Grafica, 2004 ;
  2. Vampire à louer, Au Diable Vauvert / Cargo Films, 2006.

Distinctions

Notes et références

  1. Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Who's Who in France, J. Lafitte, , p. 218.
  2. Denis Parent et Jean-Jacques Beineix, Jean-Jacques Beineix, version originale, Barrault-Studio, , p. 178.
  3. Jean-Jacques Beineix, réalisateur de «37º2 le matin», est décédé, 14 janvier 2022 sur AFP.
  4. [vidéo] « Campagne Sida 1987 - Archive vidéo INA », sur YouTube
  5. Jean-Jacques Beineix, sur Allociné.
  6. a et b [vidéo] « Le Chien de Monsieur Michel », sur YouTube. Court métrage complet, 15 min 40 s
  7. Unifrance rend hommage à Jean-Jacques Beineix, sur le site d’Unifrance, 18 janvier 2022.
  8. a et b Mort de Jean-Jacques Beineix : "Il était très profond, très cultivé et en même temps, il était populaire", salue Dominique Besnehard, 14 janvier 2022, sur francetvinfo.fr.
  9. L'échec de « La Lune dans le caniveau », 8 mai 2013, sur Le Parisien.
  10. a et b Mort de Jean-Jacques Beineix, qui réchauffa les années 80 avec "37°2 le matin", 14 janvier 2022, L’Express avec AFP.
  11. « La lune dans le caniveau ou les médias dans l'embarras », sur Études de communication, .
  12. Cargo Films, sur Ciné Ressources.
  13. Cargo Films, sur Africultures.com.
  14. Cargo Films, sur le site d’Unifrance.
  15. Dalida, cérémonie des César, 7 mars 1987.
  16. a et b Disparition : le réalisateur Jean-Jacques Beineix est mort à 75 ans, Yves Jaeglé, 14 janvier 2022, sur Le Parisien.
  17. Loft Paradoxe, sur Film-documentaire.fr.
  18. a et b Éric Neuhoff et Étienne Sorin, « Jean-Jacques Beineix, cinéaste irréductible », Le Figaro, supplément « Le Figaro et vous »,‎ 15-16 janvier 2022, p. 32 (lire en ligne).
  19. a et b Laurent Djian, « Jean-Jacques Beineix - Le grand entretien », Studio Ciné Live n°77,‎ , p. 10-14.
  20. a et b Jean-Jacques Beineix, le réalisateur de «37°2 le matin», est mort, 14 janvier 2022, sur Europe 1 avec AFP.
  21. Mort de Jean-Jacques Beineix, cinéaste culte et maudit, Céline Rouden, 14 janvier 2022, sur La Croix.
  22. Jean-Jacques Beineix et le CNRS, sur Communique-de-presse.com.
  23. [vidéo] L2i, sur le site du CNRS.
  24. Cinémascience, sur Cnrs Hebdo.
  25. Le Festival Cinémascience ouvre ses portes !, 30 novembre 2009, sur Allocine.fr.
  26. Rendez-vous Cinémascience, 1er janvier 2014, sur Mollat.com.
  27. « Un cinéaste au fond des yeux #130 : Jean-Jacques Beineix "J'entretiens un commerce extrêmement nauséabond avec mes propres films" », sur Télérama, .
  28. a et b « Beineix en pince pour Kiki », sur France Inter, .
  29. Jean-Jacques Beineix : le célèbre réalisateur est mort à l'âge de 75 ans, Marine Thoron, sur Femme actuelle.
  30. David Buron, « Jean-Jacques Beineix : "Tous les hommes ne sont pas des violeurs !" », sur rtl.fr, (consulté le ).
  31. Yves Jaeglé, « Disparition : le réalisateur Jean-Jacques Beineix est mort à 75 ans », sur LeParisien.fr, .
  32. « Le réalisateur Jean-Jacques Beineix est mort », Franceinfo,‎ (lire en ligne).
  33. « Jean-Jacques Beineix, le réalisateur de « 37°2 le matin », est mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. Dans nos coeurs.fr
  35. Find a grave
  36. « Clip socialiste : Jean-Jacques Beineix » [vidéo], sur ina.fr (journal de 20h d'Antenne 2 le .
  37. « ARTE, the European culture TV channel, free and on demand », sur ARTE (consulté le ).
  38. Palmarès des 10° Etoiles d’or du cinéma français : des femmes d’exception, sur Cinemaniac.fr.

Liens externes

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