James Bouillé né dans une famille d’artiste. Son père, peintre, l’initie à la peinture dès son plus jeune âge. Ensemble, ils travaillent également le bois qu’ils sculptent pour réaliser des jouet en forme de bateaux à voile.
À la majorité, il intègre les Beaux-Arts de Rennes afin d’étudier l’architecture puis décide de partir pour la capitale dans l’atelier de Roger Henri Expert et Georges Gromort afin de passer les concours des Beaux-Arts de Paris. Il réussit les concours en 1914 mais tout son atelier est mobilisé au mois d’août pour la guerre.
Réformé en 1916 pour cause de maladie pulmonaire, il rejoint sa Bretagne natale. Après quelques années auprès de sa famille, Bouillé repart pour Paris afin de tenter une nouvelle fois sa chance à l’École des Beaux-Arts et celle des Arts Décoratifs.
Premiers engagements politiques et artistiques
La fin des années 1910 marque le début de son engagement dans divers mouvements artistiques et politiques bretons. Déjà enfant, il fréquente ses milieux avec son père qui est membre de l’Union régionaliste bretonne. Bouillé crée en 1919 un section parisienne du Groupement Régionaliste Breton (G.R.B) nommée Unvaniez Yaouankiz Vreiz[2]. Il signe leur premier article le 1er mai 1920 sous le titre “James Bouillé, architecte-décorateur du Groupe Régionaliste Breton - Unvaniez Yaouankiz Vreiz”.
Vie et carrière en Bretagne
Rapidement déçu de sa formation à l'E.N.S.B.A de Paris, il regagne en 1921 Perros-Guirrec, où ses parents ont déménagé, et ouvre un commerce de meuble ancien et de dentelle irlandaise[3]. Son quotidien tranquille est rapidement bouleversé en 1922 lorsqu'il se voit offrir le poste de secrétaire général, à la suite de la démission du prédécesseur, et conseiller artistique à la nouvelle Chambre des métiers de Bretagne ouverte en 1920. Face à un monde de l'artisanat peu réceptif à ses idées, Bouillé se retire dès juin 1923 de ses fonctions.
Entre 1924 et 1935, il peut enfin se consacrer à l'architecture autour de la région de Perros-Guirec où il développe une importante activité de construction de villas.
James Bouillé se marie en 1926 avec Françoise Parutel. Ensemble, ils ont six enfants.
Il réalise plusieurs projets d'architecture en Bretagne dont notamment des églises comme celle de Sainte-Thérèse à Saint-Brieuc ou Saint-Joseph à Lannion qui sont deux de ses projets majeurs.
À son retour en France, il reprend ses activités d’architecte notamment à Marseille où il se rend pendant 2 ans pour le chantier d’un couvent.
Les dernières années
En 1941, il est directeur du mouvement Bleun Brug (fleur de bruyère) créé en 1905 par l'abbé Perrot qui œuvre pour la promotion de la foi catholique et la sauvegarde du patrimoine culturel breton. À ce titre, il siège au comité consultatif de Bretagne, ce qui lui vaut d'être inquiété par la justice à la Libération avant de bénéficier d'un non-lieu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se fait « l'avocat d'un plan révolutionnaire consistant à édifier une agglomération nouvelle à la façon d'une Brasilia celtique sur les bords du lac de Guerlédan »[4].
Bien qu'avisé par André Dezarrois[5] du danger qui le menace dès , Bouillé n'échappe pas à la vindicte des résistants locaux : il meurt en , des suites de son internement à la Libération[5]. Il est inhumé au cimetière de Pordic (Côtes-d'Armor)[6].
Son œuvre
Bouillé est l'un des rénovateurs de l'art sacré breton : crosses, croix et tous objets cultuels mais aussi du patrimoine artisanal : faïencerie, céramique, broderie et ébénisterie. Il est aussi l'illustrateur des Sketla Segobrani[7].
Architecture
Sa première commande architecturale lui est passée en 1923 pour la réalisation d’un monument commémoratif pour Joseph Parker. Après cela, les projets s’enchainent. En 1924, il entreprend la conception d’une maison de famille avec un atelier accolé pour ses parents, des plans architecturaux au mobilier.
Dans ses débuts, il construit notamment des villas ou des magasins jugés pour leur éclectisme stylistique. Revendiquant justement cet éclectisme, Bouillé s'emploie dans ses premiers projets à mettre en avant un style personnel entre influences traditionnelles bretonnes et celtiques tout en mêlant des références assumées néo-gothiques[8].
1939 : maison de villégiature dite Avel Dro[13], 2 rue du Belvédère à Trestrignel, commune de Perros-Guirec
James Bouillé et le mouvement Seiz Breur
Il ne participe pas aux premières années du mouvement Seiz Breur pour cause des relations conflictuelles qu'il entretient avec l'artiste Jeanne Malivel[14]. Il rejoint le mouvement peu de temps après la mort de cette dernière. Il fait partie du renouveau pensée par René-Yves Creston pour la suite du mouvement. James Bouillé contribue alors à la mutation et aux revendications exprimés pour la création du nouveau mouvement Unvaniez ar Seiz Breur (U.A.S.B) et la création de la revue Kornog. À sa création en 1929, Bouillé est nommé comme secrétaire à l'administration et rejoint la section d'architecture.
Accompagné de Maurice Marchal et André Batillat, ils ont pour mission de "créer les canons de l'architecture bretonne de notre temps". Ils furent rapidement coupés dans leur élan par les rivalités qui s'installent dans le mouvement entre Creston et Bouillé. Tous deux à la direction de la publication depuis 1929, Bouillé l'assume seul à partir du printemps 1930 ce qui ne tarde pas à créer des tensions entre les deux. L'architecte quitte le mouvement le 16 février 1931.
Sketla segobrani eil kevrenn : trede levr : lugus. Prud'homme - Saint-Brieuc (1923).
De l'art celtique et de l'utilité de son étude pour la création d'un art breton moderne. Buhez Breiz - Quimper (1924). Conférence faite au congrès de Bleun Brug à Lesneven le .
L'art en Bretagne. Éditions de Buhez Breiz (1924). Conférence faite au congrès panceltique de Quimper, .
↑Brigitte Saulais-Helloco, James Bouillé : une certaine idée du régionalisme (1894-1945), Côtes-d'Armor, HAL CCSD
Archives départementales des Côtes-d'Armor, , 60 p. (ISBN2-86022-013-5), p. 12
↑Brigitte Saulais-Helleco, James Bouillé : une certaine idée du régionalisme (1894-1945) (Catalogue d'exposition), Côtes-d'Armor, HAL CCSD
Archives départementales des Côtes-d'Armor, , 60 p. (ISBN2-86022-013-5), p. 14
↑Mémoires apocryphes du mercenaire celte Segobranos. Voir l'article sur le spécialiste de la culture bretonne Meven Mordiern.
↑Brigitte Saulais-Helloco, James Bouillé : une certaine idée du régionalisme (1894-1945), Côtes-d'Armor, HAL CCSD, Archives départementales des Côtes-d'Armor, , 60 p. (ISBN2-86022-013-5), p. 20
↑Brigitte Saulais-Helloco, James Bouillé : une certaine idée du régionalisme (1894-1945), Côte-d'Armor, HAL CCSD
Archives départementales des Côtes-d'Armor, , 60 p. (ISBN2-86022-013-5), p. 22
Daniel Le Couédic, « Audaces et hésitations d'un militant : James Bouillé », in Modernité et régionalisme : Bretagne : 1918-1945 Pierre Mardaga - Liège, 1986
Georges Cadiou, « Bouillé, James (1894-1945) », dans EMSAV : Dictionnaire critique, historique et biographique : Le mouvement breton de A à Z du XIXe siècle à nos jours, Spézet, Coop Breizh, , 439 p. (ISBN978-2-84346-587-1), p. 48
Emmanuel Salmon-Legagneur (dir.) et al. (préf. Yvon Bourges, anc. ministre, prés. du conseil régional de Bretagne), Les noms qui ont fait l'histoire de Bretagne : 1 000 noms pour les rues de Bretagne, Spézet, Coop Breizh et Institut culturel de Bretagne, , 446 p. (ISBN978-2-84346-032-6), p. 58
Brigitte Saulais-Helloco. James Bouillé : une certaine idée du régionalisme (1894-1945). Côte-d'Armor. HAL CCSD, Archives départementales de Côte-d'Armor, 2006 (ISBN2-86022-013-5)