Jalal Altawil (ou Jalal Alaweel ; en arabe جلال الطويل, né à Jubaadin جبعدين le ) est un acteur, metteur en scène, présentateur de télévision et de radio syrien. Diplômé de l’École supérieure des arts du théâtre de Damas en 2006, il y a enseigné l'art dramatique. Il joue dans des séries syriennes diffusées au Moyen-Orient et au Maghreb.
C'est un artiste engagé dans la révolution syrienne, ce qui le met en danger et le contraint à s'exiler en France, où il poursuit son travail de comédien et son engagement.
Biographie
Homme de théâtre
Il participe à plus de 25 pièces en tant que comédien ou metteur en scène. Son travail d'acteur lui ouvre les portes de différents festivals de théâtre, notamment le Damascus Theater Festival à trois reprises, le Cairo Festival par deux fois, le festival du Galta Bridge en Turquie ou le festival de Mascate à Oman. Son jeu d'acteur est plusieurs fois récompensé, au festival de Philadelphia par exemple où il obtient le prix du meilleur comédien de l'année 2005.
Parmi les grands auteurs qu'il met en scène et joue, on trouve l'œuvre d'Orhan PamukMon nom est Rouge. Ohran Pamuk défendait les minorités kurdes et arméniennes contre le nationalisme turc. Jalal Altawil s'intéresse de par son art et ses mises en scène à la vie sociale, économique, politique et culturelle ainsi qu'à l'histoire de la Syrie et de la région. Ses pièces portent le plus souvent sur les problèmes du quotidien, la liberté de paroles et d'opinion et la diversité de la population syrienne.
Acteur de séries télévisées
En plus de ses prestations en tant que comédien et metteur en scène, il participe à une trentaine de séries télévisées. Celles-ci sont diffusées dans tout le Moyen-Orient et le Maghreb. Il apparaît dans la série Bab Al Hara avec Jay Abdo. Il incarne Salmân al-Farîsi dans Omar Al Farouk qui est la plus grande production télévisuelle arabe produite à ce jour[1],[2]. Il s'illustre dans la série El Ijtiyah (L'Invasion) réalisée par Chawki Mejri en 2006, série primée aux Emmy Awards, dans la catégorie meilleure série étrangère en 2008[3]. Plus récemment, il participe à la saison 2 de la série Amal, sous la direction de Farah Alamah pour la chaine Al Aan.
Artiste en exil
Dès le début de la guerre civile syrienne, Jalal Altawil s'engage pour la défense des droits de l'homme. Il participe notamment à plusieurs grandes manifestations civiles pacifiques à Damas et dans d’autres grandes villes. Arrêté à deux reprises par les services de police du gouvernement, battu et torturé, sa sécurité étant menacée, il est contraint de quitter la Syrie[4],[5],[6].
À la suite de son départ, il réside dans différents pays voisins de la Syrie où il continue son travail d'acteur. Il participe à deux films portant sur la situation des réfugiés syriens dans les pays limitrophes. Il joue ainsi le rôle principal dans le film Transit Game, réalisé par Ana Fahr en 2013[7]. Son personnage, Mohammad, espère retrouver sa famille déchirée par la guerre. Il rencontre deux enfants palestiniens dont les histoires lui donnent un aperçu des incertitudes auxquelles il aura à faire face en tant que réfugié. Ce film est primé plusieurs fois[réf. nécessaire].
Jalal anime et produit différentes émissions télévisées et une émission radiophonique en Jordanie. Elles soulignent son soutien à la population civile syrienne malgré son départ de Syrie. Tabah Roho[8], par exemple, est une émission culinaire tournée en Jordanie. Jalal s'invite chez des syriens afin de partager avec eux des recettes familiales et les souvenirs du pays. Ses émissions sont également politiques. Le programme radiophonique Selfie[9], qu'il anime pendant plusieurs mois est une émission satirique, qui dénonce avec humour les actes et les crimes du régime syrien, de Daech et du Front al-Nosra.
Son engagement passe par sa participation à différentes conférences et forum au Moyen-Orient et au Maghreb. Il prend ainsi part à la Conférence sur les droits de l'homme et la citoyenneté au Maroc, mais aussi au Forum de défense de la liberté de la presse dans le monde arabe en Jordanie et au Réseau des femmes syriennes en Égypte en 2013.
Dans l'exil, il continue à s'impliquer comme acteur de la société civile en imaginant et mettant en œuvre des ateliers artistiques à visée thérapeutique : L'Effet papillon (The Butterfly Effect[10]). Ce projet voit le jour pour accompagner les enfants syriens victimes du conflit dans leur démarche de reconstruction psychologique et émotionnelle. Ces ateliers de deux mois chacun ont été organisés sous sa supervision, en collaboration avec des médecins et psychologues. L'objectif est d'aboutir à une représentation théâtrale interactive, faite de collages, de dessins, de jeux d'ombres et de lumières, dont les acteurs principaux sont les enfants. Il travaille auprès de plus de 150 enfants syriens déplacés ou réfugiés, et met en scène différents spectacles en Syrie, Jordanie, Égypte, Turquie et Liban[11].
Installation en France
Jalal Altawil vit en France depuis 2015[12],[13] et continue son travail d’acteur professionnel. Il joue dans Les Optimistes[14] de Lauren Houda Hussein et Ido Shaked, au sein de la compagnie Théâtre Majaz au cours de l'année 2016-2017. Il joue sur scène au Théâtre national de la Colline sous la direction de Wajdi Mouawad en 2017 dans Tous des oiseaux[15],[16],[17],[18], pour incarner Hassan al-Wazzan dit « Léon l'Africain ».
Il continue également son travail d’écriture comme artiste en résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, centre national des écritures du spectacle[19],[20].
Travaux réalisés
Metteur en scène
Il n’y a pas de réconciliation, adaptation du poème d'Amal Dankal, mise en scène de Jalal Altawil, 2008, Damas