Biologiste de formation, docteur en sciences, directeur de recherche honoraire à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale); ex président de la CFDD (Commission française du développement durable 1999-2003), Jacques Testart s'est consacré aux problèmes de procréation naturelle et artificielle chez l’animal et l'homme, et a écrit plus de 300 articles dans la presse scientifique internationale.
De 1964 à 1977, il est chercheur à l'INRA (Reproduction des mammifères domestiques).
De 1978, à 2007 il est chercheur, puis directeur de recherche à l'Inserm (procréation naturelle et artificielle dans l'espèce humaine).
Auteur des premières « mères porteuses » chez les bovins (1972) puis, avec son équipe biomédicale, des premiers succès en France de fécondation in vitro humaine (1982), congélation de l'embryon humain (1986), FIV avec injection du spermatozoïde (1994). Il est le père scientifique du premier bébé éprouvette français, Amandine, née le .
Mais il refuse de travailler sur le tri d'embryons[2].
Préoccupé de ce qu'il estime être des dérives de nos sociétés, Jacques Testart s'affirme le défenseur têtu « d'une science contenue dans les limites de la dignité humaine » et de la démocratie réelle[3].
Il est le fondateur et le président d’honneur de la Fédération des biologistes de la fécondation et de la conservation de l’œuf (BLEFCO). Il est également fondateur ancien administrateur du Groupe d’étude de la FIV en France (GEFF) et du dossier national informatisé (FIVNAT). Il est membre de la Commission nationale de médecine et biologie de la reproduction (CNMBR) 1988-2000 et membre du Conseil pour les droits des générations futures 1993-1995. Il devient président de la Commission française du développement durable (CFDD) entre 1999 et 2003 et membre du Conseil d’évaluation et de prospective de la Commission des affaires étrangères et du plan du Sénat (depuis 2003).
Jacques Testart adopte des positions écologistes et altermondialistes. Il est notamment administrateur de l'association Inf'OGM et président d'honneur de l'association Fondation Sciences Citoyennes[5] ; il est membre du Conseil scientifique d’Attac. En 2013, il a cosigné dans le journal Le Monde, avec Susan George et Edgar Morin, une tribune[6] soutenant l'initiative citoyenne européenne « Arrêtons l'écocide en Europe ». Il est également très critique envers les OGM.
En 2007, critiquant les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le caractère inné de certaines conduites, Jacques Testart dénonce un libéralisme économique« ennemi de l'humanisme » trouvant dans le scientisme un « allié naturel » prêt à l'optimisation compétitive des individus notamment par les moyens eugénistes[7]. Il appelle plus tard à une « science citoyenne », indiquant qu'il faut « refonder notre système de recherche autour d'un nouveau contrat entre science et société, de nouvelles missions et orientations de la recherche et d'une alliance forte entre les acteurs de la recherche publique et la société civile, porteuse d'intérêts non marchands »[8].
Critique de science
Jacques Testart a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation et de réflexion (voir Ouvrages, ci-dessous) où les propositions techniques de la biomédecine sont analysées et critiquées, ainsi que de très nombreux articles dans la presse où il expose ses prises de positions scientifiques et éthiques. Il se définit lui-même comme un critique de science, expliquant que "comme le critique d'art ou le critique littéraire, le critique de science, qui n'est absolument pas un ennemi des sciences, s'autorise à porter des jugements plutôt qu'applaudir religieusement toutes les productions de laboratoire"[9].
Il prend fermement position contre ce qu'il estime être des dérives qui seraient induites par la PMA : eugénisme, homme augmenté, transhumanisme, etc. :
Pour moi, la plus grande dérive, c’est le tri des embryons (DPI = Diagnostic préimplantatoire), qui représente une menace extraordinaire[10].
Il s'inquiète de l'éventuelle industrialisation future de la fabrication des bébés :
Mais tout désir est devenu exigence. Je veux un enfant. Le désir d’enfant, le droit à l’enfant… Et bientôt le droit à l’enfant normal, le droit à l’enfant supérieur… Tout ça prépare l’acceptation du diagnostic pré-implantatoire (DPI), du tri des embryons, en réduisant la grossesse à une fonction de grande banalité (on espère aussi l'utérus artificiel) et l’enfant à un objet auquel on a droit… Tout ça concourt à préparer une véritable révolution dans l’espèce, où on fabriquera, au sens industriel du terme, des bébés[10].
Le Vélo, le Mur et le Citoyen, Éd. Belin, 128 p., 2006.
Petit florilège naturaliste. Extraits d’un manuel du naturaliste de 1770, Éd. Belin , 144 p., 2006.
OGM : quels risques ? avec Yves Chupeau, Prométhée, coll. Pour ou contre ?, Bordeaux, 2007 (ISBN978-2916623016)
Labo planète. Ou comment 2030 se prépare sans les citoyens, avec Catherine Bourgain et Agnès Sinaï, Fayard, coll. Mille et une nuits, Paris, 2011 (ISBN978-2755501117)
Simon l'embaumeur ou la Solitude du magicien, éditions François Bourin, 1987. Rééd. Gallimard, coll. « Folio » (no 2014), 192 pp., 1989 (ISBN2070381021).
Ève ou la Répétition, éditions Odile Jacob, 1998 (ISBN2738106099).
Filmographie
Intervient dans le film Sous les pavés, la terre de Thierry Kruger et Pablo Girault, 2009