Jacques Gabriel Annibal de Farcy, dit le marquis de Cuillé (né à Cuillé le [1], mort à Rennes le ), fut un avocat, puis conseiller non originaire au parlement de Bretagne le , président à mortier en 1756, conseiller du Roi en tous ses conseils en 1738, commissaire du Roi aux états de Bretagne en 1786. Il était seigneur de Gastines, Vigré, Tresseaul, La Noster, Bresséant, coseigneur de la chàtellenie de Bressilien[2].
Biographie
Parlement de Bretagne
Il se trouva mêlé à toutes les luttes du parlement de Bretagne, au sujet des privilèges de la province et fut plusieurs fois exilé en son château de Cuillé.
Duc d'Aiguillon
Le , le parlement refusa d'enregistrer d'office les deux sols pour livre ; le , soixante-seize membres du parlement donnèrent leur démission. Le 11 novembre 1765, Louis-René Caradeuc de La Chalotais (1701-1785), procureur général du Parlement, est arrêté. Les parlementaires sont exilés le . Le conflit entre Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis, duc d'Aiguillon et les Bretons dure deux ans. Pour tenir l'office du Parlement, qui s'est mis en vacances, d'Aiguillon organise en janvier 1766 un tribunal spécial, ironiquement appelé « le bailliage d'Aiguillon », qui est tourné en ridicule par les libellistes. Il doit le dissoudre en 1768 et rentrer à la Cour où il intrigue avec les dévots jusqu'à obtenir enfin le renvoi du duc de Choiseul le 24 décembre 1770. Le , les parlementaires furent tous rappelés et rentrèrent solennellement le 15.
Lettres de cachet
Le , après que le Parlement de Bretagne se fut opposé au Roi, celui-ci lui interdit de se réunir et les troupes chassent les conseillers du palais. Jacques Gabriel Annibal de Farcy, un des présidents à mortier, leur propose de se réunir dans son hôtel.
Le , au moment même où l'on signifiait aux membres du parlement des lettres de cachet, les magistrats avertis tentaient de se rendre à l'Hôtel de Cuillé[3] mais la troupe cerne l'hôtel[4]. Ils étaient alors réunis au nombre de 60 environ et prennent séance
dans le grand salon... Mr de Melesse[5] vient signifier 58 lettres de cachet. Après de longs pourparlers, la troupe reçoit ordre de se retirer. La cour leva la séance, et les magistrats remercièrent le président de Farcy de Cuillé pour son zèle et son courage[6]. Une autre séance eut encore lieu à l'hôtel de Cuillé le lendemain et on déposa sur le bureau les 58 lettres de cachet reçues durant la nuit. On sait que le parlement fut réellement dissous après la séance du à laquelle assistèrent seulement dix-neuf membres, tous les autres étant en exil ou retenus prisonniers dans leurs demeures.
La Révolution française
Deux ans plus tard, la révolution éclata. Farcy fut nommé à l'unanimité président de l'assemblée primaire de Cuillé. Après le pillage et l'incendie de son château, par des incendiaires venus de Bais et de Gennes qui voulurent "punir" les habitants de Cuillé de leur attitude "aristocrate", il se retira à Rennes où il vécut ignoré pendant Révolution française.
On rencontre fréquemment des plaques de cheminées à ses armes timbrées d'une couronne ducale avec le manteau et le mortier de président.
Famille
Il est le fils de Jacques Daniel Annibal de Farcy. Il épousa en 1757 à Hennebont Catherine du Bahuno, morte à Rennes dans les prisons révolutionnaires, le , et mourut lui-même à Rennes, le [7]. Leurs noms figurent sur une inscription trouvée dans l'église de Gastines[8]
Il mourut avant l'an IX (1800), laissant cinq enfants : 1° Annibal, 2° Emilie, 3° Pauline, 4° Julie et 5° Thérèse[9].
Sources et bibliographie
Paul de Farcy, Généalogie de la famille de Farcy, Laval, Imprimerie de L. Moreau, 1891 [1]
↑« Plusieurs, surpris par cette alerte, arrivent les uns en robe les autres en chenille, d'autres... se faufilent par des portes dérobées, quelques-uns descendent par les fenêtres au moyen d'échelles, des amis leur apportent leurs robes et leurs rabats. Ils s'assemblent dans le grand salon de l'hôtel et attendent leurs collègues... »
↑« des magistrats essaient encore de pénétrer mais la porte est fermée ; ils se déguisent alors et n'écoutant que leur zèle, ils font un détour, saisissent des échelles, escaladent les murs et parviennent enfin au milieu de leurs confrères... »
↑« Les magistrats remercient avec effusion le président de Farcy de Cuillé qui avait montré pendant toute la séance un zèle et un courage admirables. Non seulement il avait offert au parlement son hôtel au risque d'être arrêté, mais durant cette journée où sa demeure était restée cernée, assiégée par les troupes, il ne s'était pas ému un instant...»
↑ (fr) « Généalogie », sur gw1.geneanet.org (consulté le )
↑Abbé Angot. Epigraphie de la Mayenne, t. I., p. 337
↑Thérèse-Auguste-Sevère de Farcy, née le 9 juin 1755, devenue par la mort de ses soeurs aînées dame de Cuillé, épousa, par contrat du 14 janvier 1777, Messire Balthazar-Auguste de Ravenel, chevalier, seigneur du Roisteilleul, conseiller au parlement de Bretagne, fils
de Théodore-Jean-Raptiste de Ravenel, chevalier, seigneur du dit lieu, conseiller au parlement de Bretagne, et de Jeanne-
Marie-Françoise Le Mintier des Granges, dont entr'autres enfants une fille Isidore-Catherine-Théodore, dame de Cuillé, épouse de Pierre de Moncuit, officier dans le train des équipages militaires.