Ses films se caractérisent par des mises en scène stylisées et violentes et par une volonté de combiner cinéma de genre (film noir, film policier, thriller, western) et cinéma d'auteur[1],[2]. Ses réalisations s'appuient sur des récits sophistiqués et des personnages insaisissables ou ambivalents, évoluant dans un univers sombre et angoissant, à la lisière de l'onirisme[1],[2].
Biographie
Jeunesse et débuts
Fils de Michel Audiard et de Marie-Christine Guibert, Jacques Audiard se destine à l'enseignement, mais après avoir arrêté ses études de lettres, il s'oriente vers le cinéma et débute comme assistant monteur sur Le Locataire de Roman Polanski et Judith Therpauve de Patrice Chéreau, puis comme monteur.
Deux ans plus tard, le réalisateur travaille à nouveau avec ces deux mêmes acteurs pour son second long métrage, Un héros très discret qu'il adapte du roman homonyme de Jean-François Deniau. Le film, qui prend pour toile de fond l'histoire d'un homme ordinaire (interprété par Mathieu Kassovitz) qui se fait passer pour un héros de la Résistance, malmène la chronologie et la vérité sur son personnage principal[3]. Un héros très discret est récompensé par le prix du scénario au Festival de Cannes 1996.
En 2008, il devient membre du Club des 13, groupe de personnalités du cinéma français, formé en 2008 à l'initiative de la réalisatrice Pascale Ferran, qui dénonce les difficultés croissantes de financement et de distribution en France des films dit « du milieu » (c'est-à-dire entre les films grand public à gros budget et ceux à prétention artistique, réalisés avec moins de moyens).
Confirmation et stars internationales (années 2010)
Sort en 2012 De rouille et d'os, un mélodrame social adapté de nouvelles de l'auteur canadien Craig Davidson avec Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts dans les rôles principaux. Le film, qui narre la rencontre d'un jeune père de famille en perte de repères et d'une dresseuse d'orques amputée des deux jambes, est présenté en compétition lors du 65e Festival de Cannes. De rouille et d'os est le succès public le plus important d'Audiard[8]. La critique, quasi unanime[9],[2], en fait l'un des grands favoris à la Palme d'or[10],[11]. Mais il repart bredouille de la Croisette ce que regrettent plusieurs journaux[12],[13]. Nonobstant son absence du palmarès cannois, le film remporte quatre César lors de la 38e cérémonie dont ceux de la meilleure adaptation et du meilleur espoir masculin pour Matthias Schoenaerts. Contrairement aux quatre précédents longs métrages du cinéaste, De rouille et d'os est toutefois écarté des catégories reines de la soirée (film, réalisateur, acteur et actrice) dans lesquelles triomphe Amour de Michael Haneke, déjà lauréat de la Palme d'or à Cannes. À titre personnel, Audiard reste la personnalité la plus récompensée aux César avec dix trophées obtenus (deux pour le meilleur film, trois pour le meilleur réalisateur, quatre pour le meilleur scénario et un de la meilleure première œuvre).
Lors du Festival de Cannes 2014, il est invité comme intervenant de la traditionnelle Leçon de cinéma annuelle, tenue devant un public de cinéphiles et animée par le critique rédacteur en chef de PositifMichel Ciment.
En octobre 2014, il commence le tournage de son septième long métrage, Dheepan, qui se distingue par le recours à un casting principal d'inconnus. Ce nouvel opus suit le parcours d'un réfugié politique tamoul, originaire du Sri Lanka, qui fuit la défaite de son camp lors de la guerre civile et se réfugie dans une banlieue française où il trouve du travail comme gardien d'immeuble dans cette cité sensible[14]. Le film, à thématique sociale, s'inspire très librement des Lettres persanes de Montesquieu. La distribution est tamoule et débutante dans le cinéma à l'exception de Vincent Rottiers et Marc Zinga. Dheepan est sélectionné en compétition au Festival de Cannes 2015 où il obtient la Palme d'or. Une récompense saluée bien que plusieurs médias soulignent que ce n'est pas son meilleur film et qu'il n'était pas le favori des festivaliers[15]. Avec humour, Jacques Audiard remercie Michael Haneke de ne pas avoir tourné cette année, lui laissant le chemin libre pour la Palme[16].
Du point de vue de la production, ses longs métrages ont été principalement coécrits avec Thomas Bidegain (quatre films), Alain Le Henry (deux films) et Tonino Benacquista (deux films). Il est très souvent produit par Pascal Caucheteux pour Why Not Productions et coproduit par ailleurs ses films depuis Un prophète avec sa société de production, Page 114. Les musiques de ses films sont souvent composées par Alexandre Desplat (qui obtient deux César de la meilleure musique pour ses compositions pour les films d'Audiard).
↑Pour le clip Comme elle vient de Noir Désir, tous les acteurs étaient des sourds-muets interprétant les paroles de la chanson dans la langue des signes. Le début, avec son dialogue sous-titré, créa un petit scandale — trois femmes discutent politique et concluent en signant « Il vaut mieux être sourde que d'entendre ça »; Cf Clipographie de Jacques Audiard