Ivan Loubennikov passe son enfance en Sibérie dont le souvenir, notamment la chasse et la pêche, imprègne son œuvre picturale et littéraire. À 14 ans, il part étudier à Moscou et intègre quelques années plus tard l’Institut d'État académique des Beaux-Arts Sourikov à Moscou dans la section d’art monumental. Diplômé en 1976, il se consacre principalement à la réalisation de grandes fresques murales jusqu’au début des années 1990.
Il s’est d’abord fait remarquer en 1982 par la réalisation d’une peinture murale dans la salle publique de l’usine Tryokhgorka, récompensée par le prix de l’Union des Artistes de Moscou, première de ses nombreuses œuvres monumentales : décoration de la façade et de l’intérieur de la nouvelle gare ferroviaire de la ville de Zvenigorod (Premier Prix de la Fondation des artistes de Moscou), monument commémoratif de la section russe du Musée national Auschwitz-Birkenau avec l’architecte Alexandr Skokan en 1985, intervention en fer laminé sur les anciennes façades du Théâtre de la Taganka à Moscou en 1987. La plupart de ses réalisations ont été détruites pendant les dernières années du régime soviétique, contrairement à une de ses réalisations les emblématiques : sa participation à la conception du Musée national Vladimir Maïakovski, inauguré en 1991[2].
Ivan Loubennikov commence également à exposer ses peintures au début des années 1980 mais c’est sa première grande exposition personnelle dans une galerie moscovite en 1987 qui lui apporte la reconnaissance. Une grande partie des œuvres exposées se trouvent aujourd’hui dans les collections des Musées régionaux de Russie. La fin des années 1980 et le début des années 1990 marquent le pic d’intérêt des collectionneurs étrangers pour l’art russe ; c’est à cette période que ses peintures ont été acquises par de grands collectionneurs allemands, comme Henri Nannen ou Peter Ludwig qui possède une vingtaine de ses œuvres[3].
Les problèmes économiques de la nouvelle Russie mettent fin à ses travaux d’architecture. Après une longue interruption, c’est le début d’une période de quinze ans entièrement consacrée à la peinture, marquée par l’utilisation du fond noir au début des années 1990. Profondément russe, son œuvre alterne distanciation ironique et hédonisme, culture populaire et références savantes. Il reconnait avoir subi l’influence de Paul Delvaux et déclare admirer le travail de Matisse, de Caravage, de Zurbarán et de l’art des icônes dans sa manière de construire l’espace[4]. Avec un grand sens de la composition et une approche délibérément esthétisante, Loubennikov réinvente continuellement ses principaux sujets : nus féminins, natures mortes, paysages sibériens.
Également professeur de peinture monumentale à Institut d'État académique des Beaux-Arts Sourikov depuis 1994, il est chargé en 2005 de réaliser avec ses élèves la décoration de trois stations du métro moscovite[2] : Maïakovskaïa en 2005 (récompensée par le prix International Vladimir Maïakovski en 2009 et par la Médaille d’Or de l’Académie des Beaux-Arts de Russie), Sretenski boulevar en 2007 et Slavianski en 2008, toutes les trois conçues dans des matériaux différents (vitrail, mosaïque, métal forgé et acier gravé).
En 2009, il crée et installe un vitrail de 40 m2 composé de 20 panneaux incrustés d'éléments verriers à la station de métro Madeleine à Paris[5]. Intitulée « Ryaba la Poule », cette œuvre monumentale raconte l’histoire de la Russie à travers ses symboles. Cette commande est offerte par la ville de Moscou à la RATP, en remerciement du don d’un ensemble d’Hector Guimard pour la station moscovite Kievskaïa[6].
En , une monographie complète en deux tomes a été publiée à l’occasion d’une grande exposition rétrospective à la Maison Centrale des Artistes[7] pour le soixantième anniversaire du peintre[8]. Le premier tome reproduit plus de deux cents reproductions de son œuvre peinte et une dizaine d’images de ses œuvres architecturales. Le deuxième tome est un recueil de texte littéraire du peintre. En 2013, un nouveau recueil de ses textes a été publié par l’éditeur Artistes Libres à Saint-Pétersbourg.<
Ivan Loubennikov, catalogue d’exposition, Galerie Alain Blondel, Paris, 1999.
1980's Russian Art: The Best of The “Inhabited Islands” collection, catalogue d’exposition, Galerie nationale de Tretyakov, Moscou, 2007
Ivan Lubennikov. Works in Architecture. Painting. Book for Reading (2 volumes) avec le soutien du ministère de la Culture de la fédération de Russie et l’Agence fédérale pour la presse, Agey Tomesh/WAM Publishing Group, 2011.