Elle est connue pour ses travaux sur l'hérédité épigénétique en relation avec les traumatismes de l'enfance[1],[2].
Éducation et carrière
Après un baccaIauréat technologique F7 obtenu au lycée Arthur-Varoquaux de Tomblaine, I. Mansuy a fait une classe préparatoire au lycée Jean-Rostand à Strasbourg. Elle a obtenu un diplôme d’ingénieur de l'École supérieure de biotechnologie de Strasbourg[3] et une maîtrise en biologie moléculaire de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg. Elle a ensuite effectué une thèse de doctorat en neurobiologie du développement à l'institut Friedrich Miescher à Bâle en Suisse[4] puis un postdoctorat à l'Université Columbia à New York, USA où elle a acquis une expertise en neurobiologie moléculaire et dans la conception et l'utilisation de souris transgéniques. Elle a établi son laboratoire comme professeure assistante à l'EPFZ fin 1998 et a été nommée professeure associée en cognition moléculaire à l'Université de Zürich et à l’EPFZ en 2004 puis titularisée comme professeure en neuroépigénétique en 2013[5].
Recherche
Au début de sa carrière, Mansuy a travaillé sur les mécanismes moléculaires de la mémoire[6]. Son équipe a découvert des molécules dans le cerveau responsables de l'oubli. Ces molécules sont les protéines phosphatases PP1 et calcineurine qui empêchent la formation et le stockage des informations en mémoire. Le laboratoire a démontré qu’elles doivent être inhibées par un entraînement régulier pour réduire leur action inhibitrice sur l'activité neuronale. La PP1 et la calcineurine sont en excès dans le cerveau âgé et celui atteint de maladie neurodégénérative et sont une des causes de déficit de mémoire et du déclin cognitif. Son équipe a aussi démontré que la PP1 est un régulateur épigénétique dans les neurones qui modifie les protéines histones et l'activité du génome, un rôle inconnu auparavant. Ces travaux font partie de ceux qui ont fondé le nouveau domaine de la neuroépigénétique au milieu des années 2000, et qui ont ouvert des perspectives thérapeutiques inattendues liant l'épigénome aux troubles de la mémoire[7],[8],[9].
Les travaux de recherche actuels de I. Mansuy portent sur les bases épigénétiques de l’hérédité[10],[11]. Ils examinent comment les expériences de vie peuvent influencer la santé mentale et physique d'une génération à l'autre et quels sont les mécanismes moléculaires impliqués. Ils sont axés sur les expériences traumatiques dans l’enfance et les conséquences sur l’organisme, tout particulièrement sur les cellules reproductrices et leurs lien avec les troubles psychiques et métaboliques chez les descendants. Des systèmes cellulaires et des modèles de souris sont utilisés en laboratoire pour étudier les facteurs épigénétiques, l’ARN et le remodelage de la chromatine dans les gamètes et divers organes tels que le cerveau, et déterminer comment ils sont altèrés par les traumatismes et les conséquences pour les fonctions de l’organisme. Le laboratoire a démontré que les effets des traumatismes dans l’enfance peuvent être transmis sur plusieurs générations chez la souris[12],[13] et que l'ARN dans le sperme est un vecteur de transmission[14]. Des travaux récents ont aussi permis de découvrir que des facteurs sanguins sont impliqués dans les mécanismes de transmission[15], et ont été validés chez des sujets humains[16].
↑(en) David Genoux, Ursula Haditsch, Marlen Knobloch et Aubin Michalon, « Protein phosphatase 1 is a molecular constraint on learning and memory », Nature, vol. 418, no 6901, , p. 970–975 (ISSN1476-4687, DOI10.1038/nature00928, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Karsten Baumgärtel, David Genoux, Hans Welzl et Ry Y. Tweedie-Cullen, « Control of the establishment of aversive memory by calcineurin and Zif268 », Nature Neuroscience, vol. 11, no 5, , p. 572–578 (ISSN1546-1726, DOI10.1038/nn.2113, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Tamara B. Franklin, Holger Russig, Isabelle C. Weiss et Johannes Gräff, « Epigenetic Transmission of the Impact of Early Stress Across Generations », Biological Psychiatry, stress, Neuroplasticity, and Posttraumatic Stress Disorder, vol. 68, no 5, , p. 408–415 (ISSN0006-3223, DOI10.1016/j.biopsych.2010.05.036, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Gretchen van Steenwyk, Martin Roszkowski, Francesca Manuella et Tamara B. Franklin, « Transgenerational inheritance of behavioral and metabolic effects of paternal exposure to traumatic stress in early postnatal life: evidence in the 4th generation », Environmental Epigenetics, vol. 4, no 2, (DOI10.1093/eep/dvy023, lire en ligne, consulté le )
↑Katharina Gapp, Ali Jawaid, Peter Sarkies et Johannes Bohacek, « Implication of sperm RNAs in transgenerational inheritance of the effects of early trauma in mice », Nature neuroscience, vol. 17, no 5, , p. 667–669 (ISSN1097-6256, PMID24728267, PMCID4333222, DOI10.1038/nn.3695, lire en ligne, consulté le )
↑Gretchen van Steenwyk, Katharina Gapp, Ali Jawaid et Pierre-Luc Germain, « Involvement of circulating factors in the transmission of paternal experiences through the germline », The EMBO Journal, vol. 39, no 23, , e104579 (ISSN0261-4189, PMID33034389, PMCIDPMC7705452, DOI10.15252/embj.2020104579, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Ali Jawaid, Marina Kunzi, Mahgul Mansoor et Zain Yar Khan, « Distinct microRNA signature in human serum and germline after childhood trauma », medRxiv, , p. 2020.08.11.20168393 (DOI10.1101/2020.08.11.20168393, lire en ligne, consulté le )