L’irrédentisme russe fait généralement référence aux revendications irrédentistes de certaines parties de l’ancien Empire russe ou de l’URSS formulées au XXIe siècle en fédération de Russie, dans le cadre de la réémergence de la Russie comme superpuissance.
Après la dislocation de l'URSS en 1991, la fédération de Russie sembla aux yeux du public international avoir renoncé à l’expansion territoriale ou à l’irrédentisme, malgré les quelque 25 millions de Russes ethniques et de russophones vivant dans des pays voisins[7]. Stephen M. Saideman et R. William Ayres affirment que la Russie a suivi une politique non-irrédentiste dans les années 1990, un facteur défavorable à l’irrédentisme étant la focalisation de l’intérêt des gouvernants, en grande majorité issus de la nomenklatura soviétique, pour la consolidation de leur pouvoir et de leur emprise sur l’économie en Russie même pendant la difficile période de transition[8]. En outre, aucune politique efficace d’irrédentisme populaire séduisant l’électorat n’avait encore été trouvée et les personnalités politiques proposant de telles idées n’ont pas eu de succès électoraux[9]. Les personnalités politiques nationalistes russes avaient tendance à se concentrer sur les menaces internes (« étrangers ») plutôt que sur les intérêts des Russes extérieurs à la fédération[10].
L’annexion de la Crimée a donné lieu à une nouvelle vague de nationalisme russe désormais appelé « patriotisme », une grande partie du mouvement d’extrême droite russe aspirant à annexer encore plus de terres au détriment de l’Ukraine, notamment la Novorossiya[13]. Vladimir Socor a interprété le discours de Vladimir Poutine après l’annexion de la Crimée comme un « manifeste de l'irrédentisme de la Grande-Russie »[14]de facto.
Notes et références
↑Martine Couderc, Chronologie : CEI 1991-2002, Outre-Terre, (lire en ligne), p. 296-315.
↑Hélène Carrère d'Encausse, L'Union soviétique de Lénine à Staline, éd. Richelieu 1972, et L'URSS de la Révolution à la mort de Staline, 1917-1953, Seuil, Paris 1993.
↑(en) Tristan James Mabry, John McGarry, Margaret Moore et Brendan O'Leary, (en) Divided Nations and European Integration: National and Ethnic Conflict in the 21st Century, University of Pennsylvania Press, 2013, p. 365.