L’iconologie, littéralement la « science des images », est une discipline qui étudie les conditions de production des images ainsi que le message qu'elles sont susceptibles de véhiculer.
Avec l'émergence du numérique à la fin des années 1990, cette discipline, nécessairement transversale, prend une importance considérable.
Histoire
L’Iconologia de Cesare Ripa (1593) fait figure d'ouvrage fondateur de l'iconologie[1]. À la fin du XIXe siècle, en France, on trouve par exemple des personnalités qui entreprennent une étude systématique des images, par exemple Émile Straus, ou encore John Grand-Carteret.
Cette discipline a été constituée de façon plus formelle par Aby Warburg, qui a eu pour principaux disciples Erwin Panofsky, Ernst Gombrich, Raymond Klibansky, Fritz Saxl, Adolf von Hildebrand et Edgar Wind. D'après la psychanalyste Marie-Josée Latour, l'iconologie de Warbug fait un lien entre l'histoire de l'art et « ses conditions de production et son inscription dans la temporalité », de sorte à voir les images comme « des réalités historiques insérées dans un processus de transmission de la culture »[2].
Toutefois, de nombreux chercheurs contemporains de Warburg ont contribué à sédimenter cette discipline, tels Eduard Fuchs ou John Grand-Carteret.
En 1996, Hubert Damisch rapproche pour la première fois les théories de l'iconologie warburgienne et celles de la psychanalyse freudienne dans son essai Le Jugement de Pâris, en créant une approche méthodologique qu'il nomme iconologie analytique[3]. L'année suivante, il rédige Un souvenir d'enfance par Piero della Francesca, comme une réponse à l'essai de FreudUn souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, il y reprend les fondements de l'iconologie analytique et délaisse la psychanalyse de l'artiste que Freud proposait à partir d'un tableau de Léonard, au profit d'une réflexion anthropologique sur les origines de l'homme.
En 2002, l'ouvrage de Georges Didi-HubermanL'image survivante, a remis Aby Warburg au goût du jour en soulevant un certain nombre de questions méthodologiques en histoire de l'art. Le livre tout en étant une biographie de l'auteur se veut également polémique sur les théories classiques de l'analyse d'image et propose d'en renouveler la méthodologie à partir des concepts de nachleben et de pothosformeln forgés par Aby Warburg[4].
L'iconologie analytique a connu un certain nombre d'échos dans l'analyse d'image et plus spécifiquement dans les études cinématographiques. Par exemple, le Dictionnaire d'iconologie filmique (2022) propose un regroupement d'articles ayant pour fondement l'iconologie appliquée au cinéma.
Une nouvelle conception
Dans les années 1980, dans le contexte des études visuelles anglo-saxonnes (visual studies), W.J.T. Mitchell a proposé une nouvelle conception de l'iconologie comme étant l'« étude des images à travers les médias » (the study of images across the media)[5]. Pour le théoricien du tournant iconique (pictorial turn), il s'agit dès lors non seulement d'analyser la construction sociale (ou communicative, historique, technique, etc.) du champ visuel, comme le pratique l'approche traditionnelle décrite ci-dessus, mais aussi de s'attacher à la construction visuelle du champ social, comme l'exemplifie notamment son propos sur la rhétorique marxiste dans son livre Iconologie : image, texte, idéologie.
De nouvelles approches
La notion invoquée par cet article est trop technique ou pas assez détaillée. Il serait bien de la préciser au moyen d’un lien wiki ou d’une note.
Depuis plusieurs années[Quand ?], de nouvelles approches de l'iconologie se sont développées dans la théorie des images. C'est ainsi le cas de ce que Jean-Michel Durafour, philosophe et théoricien du cinéma, a proposé de nommer « éconologie », soit une approche biologique des images comme formes de vie, croisant l'iconologie, l'écologie et les sciences de la nature.
En régime éconologique, l’image (eikon) se spécie, c’est-à-dire s’iconicise avec d’autres et s’éco-iconicise avec elles son habitat (oikos) iconique[Quoi ?]. L'iconologie, principalement warburgienne, y rencontre une conception des relations entre les êtres de la nature héritée, entre autres (Arne Næss, etc.), des écrits de Kinji Imanishi. Pour Imanishi, les êtres vivants sont des sujets. Ou plus exactement, l’environnement (« écospécie ») et l’être vivant (« spéciété ») ne forment qu’un. L’une des conséquences principales est que la spéciété « s’écospécie son lieu de vie[6] ». En ce qui concerne les images :
« Si les espèces vivantes se spécifient, les images s’iconicisent. Cela n’a rien d’une tautologie. Les images actualisent certaines de leurs virtualités iconiques. Elles vivent au milieu d’autres images, passées ou présentes, mais aussi futures (ce ne sont que des classifications humaines), avec lesquelles elles entretiennent des rapports. Elles s’iconicisent dans un environnement iconique avec lequel elles entrent en interaction et qui, en particulier, fait d’elles les images qu’elles sont. Ou plus exactement, dans la mesure où les images y ont une part active[7]. »
Notes et références
↑Paulette Choné, « Iconologie du Chevalier Cesare Ripa de Pérouse », Europa Moderna. Revue d'histoire et d'iconologie, vol. 2, no 1, , p. 108–117 (ISSN2107-6642, DOI10.3406/emod.2011.855, lire en ligne, consulté le ).
↑Kinji Imanishi (trad. du japonais), La Liberté dans l’évolution, Marseille, Wildproject, , 192 p. (ISBN978-2-918490-52-4), p. 86.
↑Jean-Michel Durafour, "L’Étrange Créature du lac noir" de Jack Arnold. Aubades pour une zoologie des images, Aix-en-Provence, Rouge profond, , 200 p. (ISBN978-2-915083-91-0), p. 13.
Erwin Panofsky, « Iconographie et iconologie » dans L’œuvre d’art et ses significations : essais sur les arts visuels, Paris, 1969 [éd. orig. : Meaning in the Visual Arts. Papers in and on art history, Garden City (NY), 1955]
Hubert Damisch, Le Jugement de Pâris - Iconologie Analytique I, Paris, Flammarion, 1996