Le I-5 fut le premier sous-marin porte-avions de la marine impériale japonaise.
Seul exemplaire du Junsen 1 Mod. (巡潜一型改), il fut lancé le 19 juin 1931 à Kobe par Kawasaki Shipbuilding Corporation. Un seul hydravion à flotteurs Yokosuka E6Y était transporté. Une catapulte fut installée en 1938 mais supprimée deux ans plus tard, le sous-marin fut ensuite reconfiguré en sous-marin d'attaque. À cette époque, le I-5 servait déjà en opérations.
Au cours de la période suivant la Première Guerre mondiale, la marine impériale japonaise remarqua le potentiel des sous-marins transportant des avions et des études furent menées dès 1924, confirmées ensuite par un rapport américain déclarant : "des enquêtes spéciales sont maintenant en place au sein du corps d'aviation d'Oppama (Yokosuka) sur les sous-marins transportant des avions"[1]. Ces investigations démontrèrent la nécessité de disposer d'un sous-marin plus grand que les sous-marins-croiseurs existants afin d'être capable de lancer un hydravion de reconnaissance. En réponse, le Junsen 1 Mod. fut développé sur la base du Junsen 1 (巡潜一型).
Le sous-marin avait des dimensions similaires à celles de ses prédécesseurs mais son déplacement était plus important : 2 279 tonnes en surface et 2 968 tonnes en immersion[1]. Ses dimensions étaient de 97,5 mètres de longueur, 9,22 m de largeur et 4,94 m de tirant d'eau. La puissance était fournie par deux moteurs diesel de 3 000 chevaux (2 237 kW) qui entraînaient deux arbres jusqu'à une vitesse maximale en surface de 18,8 noeuds (34,8 km/). Ces moteurs rechargeaient également les batteries qui alimentaient le navire sous l'eau. En immersion, l'énergie était fournie par des moteurs électriques délivrant 2 600 ch (1 939 kW) permettant une vitesse maximale de 8,1 nœuds (15 km/h)[2]. Les 589 tonnes de fioul donnaient une autonomie de 24 000 milles nautiques (44 000 km) à 10 nœuds (19 km/h) en surface. En immersion, le sous-marin pouvait parcourir 60 milles nautiques (110 km) à 3 nœuds (5,6 km/h) et pouvait plonger jusqu'à 80 m. L'effectif était de 93 personnes, y compris les officiers[3]. Sa grande taille lui permettait également de servir de navire amiral[4].
L'armement principal était similaire à celui des sous-marins Junsen 1, il consistait en six tubes lance-torpilles internes de 53,3 cm (21 pouces), tous à l'avant[2]. 20 torpilles pouvaient être transportées.
À peu près au même moment de son entrée en service, la marine japonaise développa en 1931 une nouvelle torpille standard, la Type 89[5].[5]. La torpille avait une ogive de 300 kilogrammes et une portée de 5 500 mètres (18 045 pieds) à 45 noeuds (83 km/h). Elle resta en service jusqu'aux premiers jours de la Seconde Guerre mondiale, avant d'être remplacée par la Type 95 qui pouvait transporter une ogive plus imposante de 405 kg et à une vitesse plus élevée pouvant atteindre 47 noeuds (87 km/h) sur une distance de 12 000 mètres (39 370 pieds)[5].
Le pont était équipé d'un support pour un canon de 14 cm de calibre 40 de type 11, qui tirait un obus de 38 kg à 1 600 mètres pour une cadence de cinq coups par minute[5]. La défense antiaérienne, consistait en une mitrailleuse de 7,7 mm montée sur la tour de contrôle (kiosque) [6].
Un hydravion d'observation Yokosuka E6Y était transporté démonté dans deux conteneurs rétractables étanches à l'arrière de la tour de contrôle, un à bâbord et un à tribord[4]. Les ailes étaient stockées dans un conteneur, le fuselage et les flotteurs dans l'autre[3]. Pour le fonctionnement de l'appareil, le sous-marin devait s'arrêter, les conteneurs déployés, les composants assemblés et l'hydravion posé sur l'eau afin de décoller. Pendant l'entraînement, cet exercice s'avéra très long, rendant le sous-marin vulnérable aux attaques. Plus tard, le pont fut équipé d'une catapulte pour réduire le temps de mise à l'eau mais cela prolongea le temps de montage car l'avion devait être assemblé auparavant sur la catapulte[1].
En 1940, la mise en service de porte-avions sous-marins plus modernes des types A et types B ayant rendu le I-5 obsolète, il fut retiré du service et réaménagé. C'est pourquoi les installations permettant d'utiliser un avion furent supprimées et un canon de pont arrière installé à la place[1]. Un canon anti-aérien de 25 mm de type 96 fut installé sur un pont prolongé[3]. Le sous-marin entra de nouveau en service mais en tant que sous-marin d'attaque[6].
Le 16 novembre 1941, le sous-marin partit dans le cadre du 2e escadron de sous-marins dirigé par l'amiral Mitsumi Shimizu sur le I-7, aux côtés des I-4 et I-6. Il arriva au large des côtes d'Hawaï pour prendre position à l'ouest d'Oahu et fut chargé de patrouiller la zone et d'attaquer tous les navires de la marine américaine qui tenteraient de sortir à la suite de l'attaque japonaise[7]. Le 7 décembre, il se déplaça pour patrouiller au nord de Molokaï, peu avant l'attaque de Pearl Harbor. Le bateau resta en poste pendant l'attaque[8].
Après un bref intermède le 9 janvier 1942, rejoignant d'autres navires de la marine japonaise pour chasser le porte-avions USS Lexington, le sous-marin retourna au Japon. Après un carénage à Yokosuka entre le 2 et le 11 février, il partit ensuite pour soutenir la campagne des Indes orientales néerlandaises, arrivant à Staring-baai à Sulawesi le 23 février. Le 25 février, alors qu'il patrouillait à l'ouest du Timor, le sous-marin fut observé par un avion de reconnaissance japonais Mitsubishi C5M escorté par neuf chasseurs Mitsubishi A6M Zero. Pensant avoir repéré un navire ennemi, les chasseurs attaquèrent le sous-marin, lui infligeant des dommages mineurs et blessant trois officiers[8]. Après réparation, il fut envoyé dans l'océan Indien pour perturber la navigation et soutenir le raid sur Trincomalé dans l'océan Indien. Le 5 avril, il coula le navire marchand américain SS Washingtonian[9]. Le 5 juin, le I-5 vint soutenir la campagne des îles Aléoutiennes et rejoignit la force dirigée par l'amiral Boshirō Hosogaya qui a débarqué sur l'île d'Attu[7].
Cependant, une situation logistique de plus en plus difficile fit que le 16 novembre 1942, l'amiral Isoroku Yamamoto ordonna que des sous-marins soient mis à disposition comme moyens de transport. L'amiral Teruhisa Komatsu, commandant de la 6e flotte et responsable des opérations sous-marines, ordonna donc la conversion de treize sous-marins en transports[1]. Les sous-marins assurèrent un service vital en transférant fournitures et personnes. Le 17 mars 1943, une péniche de débarquement de la classe Daihatsu fut ajoutée à son équipement pour permettre un transfert plus rapide du personnel et des ressources dans le cadre d'opérations dites de "transport de fourmis"[1]. Neuf jours plus tard, le sous-marin commença la première de neuf traversées d'approvisionnement entre Lae et Rabaul. Plus tard, il fut déplacé pour ravitailler la garnison des îles Aléoutiennes. Entre-temps, le sous-marin entreprit également d'autres missions comme le sauvetage de pilotes des bombardiersMitsubishi G4M abattus par les forces américaines les 14 et 15 mai[7].
En juin 1944, les Japonais avaient pris conscience que leurs possessions dans les îles Mariannes seraient attaquées et formèrent un barrage sous-marin incluant le I-5, à 300 milles nautiques (560 km) à l'est des îles. Le sous-marin fut ensuite envoyé en ravitaillement à Pohnpei entre le 5 et le 9 juillet, puis navigua jusqu'à Truk d'où il partit le 16 juillet[7]. Le 19 juillet, le destroyer d'escorte USS Wyman de la marine américaine identifia un contact sonar à 360 milles nautiques (670 km) à l'est de Guam[2]. Des grenades anti-sous-marines de mortiers Hedgehog furent tirées et un sous-marin fut signalé détruit. La victime était probablement le I-5[1][10]. Il n'y eut pas de survivants.
Le sous-marin fut retiré de la liste de la marine japonaise le 10 septembre 1944[3].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Erminio Bagnasco, Submarines of World War Two, Annapolis, Naval Institute Press, (ISBN978-0-85368-331-5).
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