Hurdia est un genrefossile appartenant à la famille des anomalocaridés ou des hurdiidés selon les classifications. Il vivait au Cambrien moyen voici environ 505 millions d'années. Ces animaux font partie de la même lignée ancestrale qui a aussi conduit aux arthropodes, et sont apparentés à Anomalocaris.
Le genre Hurdia a une espèce Hurdia victoria décrite simultanément.
Description
Hurdia était l'un des plus grands organismes dans les océans cambriens, atteignant environ 20 cm de long[1]. Des lobes latéraux couraient le long des côtés des organismes, auxquels étaient suspendues de grandes branchies. Sa tête était protégée par une large carapace, présentant en avant de la tête deux déflecteurs latéraux et un rostre. La fonction de ces formes reste mystérieuse : il n'y avait pas de tissus en dessous, mais ils avaient peut-être un rôle hydrodynamique, ou bien servaient à fouir le fond de la mer pour y dénicher et piéger des animaux benthiques. Sous la tête, une paire d'appendices épineux annelés pouvaient porter la nourriture à la bouche, qui formait un diaphragme broyeur dont l'aspect évoque une tranche d'ananas.
Écologie
Hurdia pouvait être un prédateur ou un charognard. Ses appendices buccaux plus minces que ceux d'Anomalocaris laissent croire qu'il se nourrissait de proies moins robustes. Il présentait une distribution cosmopolite : il a été retrouvé dans l'argileschisteuse de Burgess aussi bien que dans d'autres sites en Amérique du Nord, en Asie et en Europe.
Histoire taxinomique
En 1909, le paléontologue américain Charles Walcott découvre l'espèce-typeHurdia victoria sans s'en rendre compte, car en dressant le catalogue des fossiles de Burgess en 1912, il prend les fragments fossilisés des différentes parties du corps de Hurdia pour des vestiges d'animaux différents. Cela le conduit à les attribuer à tort la bouche de Hurdia à une espèce de méduse, les lobes branchiaux ou natatoires latéraux à une espèce d'holothurie et les appendices préhensiles à un crustacé alors dénommé Anomalocaris.
C'est seulement vers la fin des années 1990, que Desmond H. Collins, alors conservateur du Musée royal de l'Ontario étudie ces fragments en détail et réalise qu'ils appartiennent en fait à un même animal : Hurdia. Collins a d'abord présenté ce qui n'était encore qu'une hypothèse dans des articles informels. Ce n'est pas avant 2009, après trois ans de recherches minutieuses, qu'il a pu démontrer indubitablement la validité de sa théorie, que l'organisme complet a été reconstitué, qu’Anomalocaris aussi a pu être identifié comme un proche parent de Hurdia, et que par la suite le vaste ordre des Radiodontes(en) a pu être défini[2],[3].
Cladogramme Radiodonta
Suit le cladogramme des Radiodonta selon Moysiuk & Caron 2022[4] :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Publication originale
(en) Walcott, 1912 : Cambrian geology and paleontology II, n. 6, Middle Cambrian Branchiopoda, Malacostraca, Trilobita, and Merostomata. Smithsonian Miscellaneous Collections, vol. 57, n. 2051, p. 145-228.
↑(en) A. C. Daley, G. E. Budd, J. B. Caron, G. D. Edgecombe et D. Collins, « The Burgess Shale anomalocaridid Hurdia and its significance for early euarthropod evolution », Science, vol. 323, no 5921, , p. 1597–1600 (DOI10.1126/science.1169514)
↑(en) Pei-Yun Cong, Gregory D. Edgecombe, Allison C. Daley, Jin Guo, Stephen Pates et Xian-Guang Hou, « New radiodonts with gnathobase-like structures from the Cambrian Chengjiang biota and implications for the systematics of Radiodonta », Papers in Palaeontology, vol. 4, no 4, , p. 605–621 (ISSN2056-2802, DOI10.1002/spp2.1219, S2CID90258934, lire en ligne)
↑J. Moysiuk et J.-B. Caron, « A new hurdiid radiodont from the Burgess Shale evinces the exploitation of Cambrian infaunal food sources », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, vol. 286, no 1908, , p. 20191079 (PMID31362637, PMCID6710600, DOI10.1098/rspb.2019.1079)
↑(en) Joseph Moysiuk et Jean-Bernard Caron, « A three-eyed radiodont with fossilized neuroanatomy informs the origin of the arthropod head and segmentation », Current Biology, (ISSN0960-9822, DOI10.1016/j.cub.2022.06.027, lire en ligne).