Huile de neem

Huile de neem
Image illustrative de l’article Huile de neem
Huile de neem
Identification
No CAS 8002-65-1
Propriétés chimiques
Indice d’iode 71[1]
Indice de saponification 195[1]
Propriétés physiques
fusion −3 °C [1]
Masse volumique 0,917 g·cm-3 [1]
Propriétés optiques
Indice de réfraction  1,462 [1]
Écotoxicologie
DL50 14 g·kg-1 (rat, oral)[2]
24 g·kg-1 (lapin, oral)[2]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.
Presse artisanale pour graines de neem

L’huile de neem, ou huile de nim (prononcé dans les deux cas /nim/[3]), est une huile végétale obtenue à partir des graines du margousier (Azadirachta indica), appelé neem en anglais, un arbre persistant originaire du sous-continent indien mais que l'on retrouve désormais sous d'autres tropiques. L'huile de neem est le principal produit issu de la plante. Obtenue par pressage des fruits et graines, elle est utilisée comme répulsif ou insecticide dans l'agriculture biologique et en médecine humaine ou vétérinaire.

L’huile de neem est un produit thermosensible, et susceptible de subir des modifications quand elle est exposée longtemps à la lumière ou à des températures avoisinant 50 °C et plus.

Procédé de production

Nous nous intéresserons plus particulièrement dans ce volet au procédé d’obtention de cette huile tout en considérant de près les voies et moyens utiles à la purification du produit. Le but du procédé de traitement des graines vise à garantir en bout de chaîne l’obtention d’une huile aux propriétés intactes.

Les tests de « pressabilité » des graines révèlent sur la base des données d’expérience que le type de presse utilisé peut jouer sur le rendement en huile des graines. Ajouté à cela, le lavage des graines (avant extraction mécanique) en vue d’une bonne qualité de produits finis (huile et tourteaux) demeure un impératif majeur car il n’est pas toujours évident de s’approvisionner en graines très propres, c'est-à-dire exemptes d’impuretés de diverses natures (ferraille, sable, cailloux, objets divers). Il s’agit pour ce faire de débarrasser les graines de l’importante flore bactérienne dont celles-ci regorgent. Dans la même lancée, il sera aussi procédé à l’élimination de la plupart des matières solides indésirables qui pourraient gêner la bonne marche de la presse, plus exactement le sable qui est un élément hautement abrasif pour les composantes mécaniques de la machine.

Le lavage proprement dit s’effectue en trois phases :

  • Une phase de mouillage / nettoyage au moyen d’un détergent introduit en faible quantité dans le bassin contenant les graines. Dès cette première étape, le bain est soumis au moyen d’un malaxeur mécanique à une forte agitation pour éliminer les poussières et les matières solides des graines
  • Une phase de « désinfection » au moyen d’une solution d’eau de Javel, à une concentration connue, introduite dans le bain contenant les graines. À ce niveau l’on pourra aussi jouer sur le temps de trempage pour permettre au bain javellisé de mieux décaper les graines de leurs dernières salissures notamment les graines de sable encore collées à la coque des graines et cela, toujours sous l’effet de l’agitation. Pendant cette phase, un effet de blanchiment est également observé sur les graines
  • Une phase finale de rinçage, qui achève les opérations de nettoyage et de désinfection précédemment opérées sur les graines.

L’égouttage suivi d’un séchage à l’air libre et au soleil, ou dans des conditions requises pour faire considérablement chuter l’humidité des graines, s’impose. Celle-ci doit se situer à un taux inférieur à 10 % pour optimiser au maximum la « pressabilité » des graines. Si par mégarde ce taux d’humidité dépassait les 10 %, l’on pourrait se retrouver avec un tourteau chargé en huile. Il est tout à fait possible d’utiliser un séchoir pour déshydrater la matière première humide, par effet de serre, en lieu et place d’une exposition à l’air libre et au soleil ; opération qui pourrait prendre plusieurs jours. Ce dernier paramètre dépend du degré d’ensoleillement. Par temps chaud et sec, l’humidité des graines baisse assez vite. La même situation n’est bien sûr pas envisageable par temps frais et humide par exemple. Le temps d’exposition, l’ensoleillement, l’humidité ambiante et la vitesse du vent influent chacun pour leur part dans la qualité de séchage des graines et par ricochet sur le rendement en huile des graines.

L’« huile pression » obtenue au niveau de la presse a la particularité d’être relativement chargée avec un taux en matières solides qui pourrait avoisiner les 50 % en volume (cette donnée reste assez empirique) . L’on veillera cependant à faire les réglages mécaniques appropriés au niveau de la machine pour obtenir un maximum d’huile une fois la presse en marche.

Pour faciliter l’expression mécanique de l’huile des graines au niveau de la presse, il sera procédé au préalable à un concassage des graines sèches, propres et dument triées. Il sera surtout question à ce niveau d’éclater la coque de la graine pour mieux faciliter le travail de la presse.

La clarification de l’huile de neem demeure un défi majeur après avoir pressé les graines d’autant plus qu'elle reste très chargée en matières solides diverses pouvant dépasser même quelquefois des tailles de l’ordre du millimètre.

Il sera question à ce niveau d’opter pour l’opération unitaire la mieux adaptée pour arriver à une clarification adéquate de l’huile brute. Ces questions essentielles, de l’ordre du génie chimique insistent sur le choix et les conditions de la technique séparative employée pour être en présence d’un produit garantissant toutes les conditions d’utilisation requises.

La décantation statique peut très bien faire l’affaire mais le facteur temps pourrait représenter un inconvénient de taille à terme (Temps de chute des particules relativement lent surtout si les températures ambiantes tournent autour de 20 à 25 °C). Il va naturellement sans dire que si les températures ambiantes tournent autour de 35 °C et plus, la décantation s’effectuera beaucoup plus rapidement en raison d’une baisse de la viscosité, ce qui se traduit par une vitesse de chute des particules nettement plus grande.

Reconnaissons cependant qu’en dernière analyse, la filtration s’avère être une bonne technique séparative. À ce sujet, les modes de filtration sont nombreux et variés. Hormis la filtration à pression ambiante qui n’est pas toujours appropriée en raison de la finesse de nombreuses particules contenues dans la masse huileuse, la technologie des filtres vendus par les grandes firmes inclut aussi les filtres sous vide et les filtres sous pression. C’est dans cette dernière catégorie de filtres qu’il sera opéré un second choix à savoir, des filtres tenant compte de la finesse de filtration que l’exploitant désire obtenir et de la concentration en solides de l’huile brute avant traitement.

Les filtres mono-plaques sous pression semblent remplir tous ces critères de choix pour avoir une huile débarrassée de ses nombreuses matières en suspension. C’est dire combien le choix d’une unité de filtration représente un facteur important pour faire face à toutes les contraintes relatives à la clarification de l’huile dans le procédé de traitement des graines.

Utilisations actuelles ou potentielles

En agriculture

L'huile de neem est utilisée en agriculture comme répulsif et biopesticide (insecticide, antiparasitaire), enregistrés sous les dénominations Margosan-O, Neemix 4.5, Azatin-EC, Neem-EC, RH-9999, Agroneem aux États-Unis, Neemazal en Allemagne et Australie, Mubel en Espagne, Neemros, Neemroc et Saroneem au Kenya, Kini Azadirachtine au Togo et sous plus de 12 noms aux Indes dont Azadi, Margocide, Neemarin[4]. Ils se seraient montrés efficaces contre plus de 400 espèces d’arthropodes dits nuisibles et contre certaines maladies de plantes cultivées[5],[6],[7]. Au Canada des extraits d'huile de neem ont été efficacement testés en serre et en plein air en horticulture et foresterie[4].
Elle est utilisée aussi comme lustrant foliaire[réf. nécessaire].

Usage vétérinaire

Cette huile est aussi utilisée sur l'animal (chez le chien par exemple[8]) notamment pour ses propriétés insecticides [réf. nécessaire].

Usage médicinal

Elle est utilisée sur l'homme pour traiter certaines maladies de la peau, lutter contre les poux[9], éloigner les phlébotomes[10] et les moustiques avec une efficacité de 96-100% pour ceux du genre anopheles, 61-94% pour le genre culex et de 85% pour ceux du genre aedes[11].

Dans les années 2000, Son activité antibactérienne a été expérimentalement testée par plusieurs études (in vitro en boîte de Petri, en gélose et en tube de dilution) contre les souches de Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Proteus spp., Klebsiella aerogenes[12]. Divers extraits de cette huile ont aussi été testés par Alzoreky & Nakahara (2003) contre Bacillus cereus, Escherichia coli, Salmonella infantis[13] et par Vanka et ses collègues (2001) contre Streptococcus mutans et Lactobacillus[14], contre Streptococcus faecalis (Almas, 1999)[15], Klebsiella pneumoniae (Sairam et al., 2000)[16], Helicobacter pylori (Fabry et al., 1996)[17] et diverses bactéries pathogènes en Inde et en Afrique Orientale (Fabry et al., 1998)[18], contre Vibrio cholerae, Mycobacterium tuberculosis et Mycobacterium pyrogenes (Biswas et al., 2002)[19].

Composition

Ordre de grandeur des principaux composants de l'huile de neem[20]

Composé % en masse
Acide oléique 49,1 - 61,9
Acide stéarique 14,4 - 24,1
Acide palmitique 13,6 - 17,8
Acide linoléique 2,3 - 15,8
Acide myristique 0,03 - 0,26

Toxicité

L'huile de neem est très toxique pour les bourdons[21].

L'azadirachtine que contient l'huile de neem est un perturbateur endocrinien pour certains mammifères[22],[23] et pourrait être aussi carcinogène et génotoxique[24].

Réglementation

La directive d'exécution 2011/44/UE du de la Commission européenne[25] autorise les États membres à délivrer des autorisations de mise sur le marché pour les produits contenant de l'azadirachtine, principale substance active de l'huile de neem, après examen des dossiers soumis par les entreprises proposant ces produits. À ce jour, trois produits à base de ce principe actif sont autorisés à usage professionnel en France pour certaines cultures maraîchères et horticoles[26]. Cependant le produit reste interdit pour un usage horticole pour les particuliers, et ne peut être commercialisé sous l'appellation d'insecticide. L'huile de neem peut également être commercialisée légalement pour d'autres utilisations comme la cosmétique[27].

Notes et références

  1. a b c d et e (en) J. G. Speight, Norbert Adolph Lange, Lange's handbook of chemistry, McGraw-Hill, , 16e éd., 1623 p. (ISBN 0-07-143220-5), p. 2.808
  2. a et b (en) « Huile de neem », sur ChemIDplus, consulté le 24 octobre 2009
  3. Le Grand Robert de la langue française. « Nim ou neem ». https://grandrobert.lerobert.com/robert.asp
  4. a et b Faye, M. (2010). Nouveau procédé de fractionnement de la graine de Neem (Azadirachta Indica A. Jussi) sénégalais: production d'un bio-pesticide d'huile et de tourteau (Doctoral dissertation).
  5. Schmutterer, H. (1995). The neem tree, Azadirachta indica A. Juss. and other meliaceous plants: source of unique natural products for integrated pest management, medicine, industry and other purposes ([résumé]).
  6. Saxena, R. C., & Kidiavai, E. L. (1997). Neem seed extract spray applications as low-cost inputs for management of the flower thrips in the cowpea crop. Phytoparasitica, 25(2), 99 (résumé).
  7. Musabyimana, T., Saxena, R. C., Kairu, E. W., Ogol, C. K. P. O., & Khan, Z. R. (2000). Powdered neem seed and cake for management of the banana weevil, Cosmopolites sordidus, and parasitic nematodes. Phytoparasitica, 28(4), 321 (résumé).
  8. Massoni J (2018) Les Démangeaisons du Chien, un guide-santé naturel pour les chiens à problèmes de peau. Babelcube Inc..
  9. https://www.passeportsante.net/huiles-vegetales-g152/Fiche.aspx?doc=huile-neem
  10. (en) Meshesha Balkew, « Laboratory and field evaluation of neem (Azadirachta indica A. Juss) and Chinaberry (Melia azedarach L.) oils as repellents against Phlebotomus… », Acta tropica, vol. 113, no 2,‎ , p. 145–150 (ISSN 1873-6254, PMID 19854142, DOI 10.1016/j.actatropica.2009.10.009, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) V P Sharma, « Field studies on the mosquito repellent action of neem oil », sur PubMed, The Southeast Asian journal of tropical medicine and public health, (ISSN 0125-1562, PMID 8525409, consulté le ), p. 180–182.
  12. Pai, M. R., Acharya, L. D., Udupa, N. (2004) Evaluation of antiplaque activity of Azadirachta indica leaf extract gel–a 6-week clinical study. Journal of Ethnopharmacology, 90(1): 99- 103.
  13. Alzoreky, N. S. and Nakahara, K. 2003. Antibacterial activity of extracts from some edible plants commonly consumed in Asia. International Journal of Food Microbiology 15; 80(3): p. 223–230. In: Sunday, E. A. and Joy, C. A. 2009. Azadirachta indica (Neem): a plant of multiple biological and pharmacological activities. Phytochem Rev., 8: p. 601– 620. doi: 10.1007/s11101-009-9144-6.
  14. Vanka, A., Tandon, S., Rao, S.R., Udupa, N., Ramkumar, P. 2001. The effect of indigenous Neem (Azadirachta indica) [correction of Adirachta indica] mouth wash on Streptococcus mutans and lactobacilli growth. Indian J. Dent. Res.12(3): 133–144
  15. Almas, K. 1999. The antimicrobial effects of extracts of Azadirachta indica (Neem) and Salvadora persica (Arak) chewing sticks. Indian J Dent Res 10(1): 23–26.
  16. Sairam, M., Ilavazhagan, G., Sharma, S. K., Dhanraj, S.A., Suresh, B., Parida, M. M., Jana, A. M., Devendra, K. and Selvamurthy, W. 2000. Anti-microbial activity of a new vaginal contraceptive NIM-76 from neem oil (Azadirachta indica). Journal of Ethnopharmacology, 71: 377-382.
  17. (en) Sunday E. Atawodi et Joy C. Atawodi, « Azadirachta indica (neem): a plant of multiple biological and pharmacological activities », Phytochemistry Reviews, vol. 8, no 3,‎ , p. 601–620 (ISSN 1568-7767 et 1572-980X, DOI 10.1007/s11101-009-9144-6, lire en ligne, consulté le )
  18. Fabry, W., Okemo, P., Ansorg, R. 1998. Antibacterial activity of East African medicinal plants. Journal of Ethnopharmacology, 60: 79-84
  19. Biswas, K., Chattopadhyay, R.K., Banerjee, U., Bandyopadhyay, U. 2002. Biological activities and medicinal properties of neem (Azadirachta indica). Cur. Sci. 82: 1336– 1345. In: Sunday, E. A. and Joy, C. A. 2009. Azadirachta indica (Neem): a plant of multiple biological and pharmacological activities. Phytochem Rev., 8: 601–620.
  20. Eliezer Ahmed Melo-Espinosa, Yisel Sánchez-Borroto, Michel Errasti, Ramón Piloto-Rodríguez, Roger Sierens, Jordi Roger-Riba and Alan Christopher-Hansen, 2013 ISES Solar World Congress : Surface tension prediction of vegetable oils using artificial neural networks and multiple linear regression, Energy Procedia 57 (2014) 886 – 895, lire en ligne
  21. (en) Wagner Faria Barbosa, Laurens De Meyer, Raul Narciso C. Guedes et Guy Smagghe, « Lethal and sublethal effects of azadirachtin on the bumblebee Bombus terrestris (Hymenoptera: Apidae) », Ecotoxicology, vol. 24,‎ , p. 130–142 (ISSN 0963-9292 et 1573-3017, DOI 10.1007/s10646-014-1365-9, lire en ligne, consulté le )
  22. Global Mag du 21 septembre 2011 (sur Arte)
  23. Shakti N. Upadhyay et al. (1993), Antifertility Effects of Neem (Azadirachta indica) Oil in Male Rats by Single Intra-Vas Administration : An Alternate Approach to Vasectomy, Journal of Andrology.
  24. « AVIS et RAPPORT de l'Anses relatif à l'évaluation des risques pour la santé humaine et l'environnement et recommandations pour leur maîtrise, dans le cadre de l'administration des médicaments vétérinaires antiparasitaires externes sous forme de bains, douches et pulvérisations en élevages ruminants », sur Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, (consulté le )
  25. « Directive d’exécution n° 2011/44/UE du 13/04/11 modifiant la directive 91/414/CEE du Conseil en vue d’y inscrire la substance active azadirachtine et modifiant la décision 2008/941/CE de la Commission », (consulté le )
  26. « 220163080 | ephy », sur ephy.anses.fr (consulté le )
  27. « Huile de neem en insecticide », sur Ooreka jardinage (consulté le )