Huib Hoste grandit dans une famille brugeoise francophone catholique traditionaliste. Il est élève à l’Académie locale et à l’université de Gand[5]. Après ses études, il effectue des stages auprès des architectes Karel De Wulf et Louis Cloquet.
Durant le conflit, il s'exile aux Pays-Bas avec sa famille. Il étudie l’architecture contemporaine à l'École d'Amsterdam. Il découvre les travaux d'Hendrik Petrus Berlage, rencontre les architectes Robert Van 't Hoff, Jan Wils, Jacobus Johannes Pieter Oud, ou Michel De Klerk. Il se lie d'amitié avec Louis Van der Swaelmen et Raphaël Verwilghen. Hoste fait également la connaissance de Théo Van Doesburg et de Piet Mondrian et du mouvement De Stijl, et c'est au contact de ces artistes modernistes qu'il se tourne vers l'architecture moderne[5]. Bien qu'en tant que catholique, Hoste ne puisse pas souscrire aux idées politiques souvent de gauche de ces gens, il est d'emblée ouvert à leur tendance artistique positive[6].
Pendant son séjour aux Pays-Bas, Hoste a conçu le monument belge d'Amersfoort, un mémorial commémorant l'internement des militaires belges réfugiés aux Pays-Bas (1916).
En 1918, la revue De Stijl publie un article de Hoste intitulé "La vocation de l’architecture moderne". Il y plaide pour l'utilisation des matériaux contemporains (fer, béton armé)[6]. Cela sera sa seule contribution à De Stijl, car un mois plus tard, il publie un article dans le Nieuwe Amsterdammer dans lequel il fait l'éloge des aquarelles d'Henriette Willebeek le Mair (une aquarelliste pour enfant). Cela reste en travers de la gorge de Van Doesburg qui se distancie publiquement de l'architecte flamand dans une "lettre ouverte à l'architecte Huib Hoste"[6]. Hoste va pourtant continuer à s'intéresser à leurs idées et à leurs réalisations.
À son retour en Belgique en 1918, il joue un rôle important dans la reconstruction des villages flamands : ainsi il a dessiné les plans de la nouvelle église Notre-Dame à Zonnebeke (première église moderne en Belgique). On y reconnait l'influence du style de Berlage. Il est frappant de constater que Hoste utilise des fenêtres dites thermiques en haut de la façade ouest et en haut du campanile, ce qui pourrait indiquer l'influence anglo-saxonne (palladienne).
Huib Hoste devient rapidement l'un des plus grands défenseurs de la nouvelle architecture en Belgique. Il travaille à des logements populaires et aux cités-jardins dans une visée émancipatrice pour la classe ouvrière. Il travaille notamment à la Cité-jardin du Kapelleveld[7],[8],[9],[10],[11] à Woluwe-Saint-Lambert ou encore au quartier social Klein Rusland (petite Russie) à Zelzate[6]. Il s’intéresse à la rationalisation, à la standardisation de la construction et à l’utilisation du béton[5]. Il souhaite éviter de recourir à la brique, et utilise de nouveaux matériaux comme le béton cendré.
Dans les années 1920, Huib Hoste co-organise à Anvers avec Jozef Peeters le premier Congrès d'Art Moderne pour le Cercle Moderne Kunst, et est le président du deuxième Congrès. Il y prononce le discours d'introduction, et l'architecture y est très bien représentée grâce à lui[6]. À la demande express de l'architecte, un troisième Congrès sera organisé en 1922 à Bruges.
En 1928, Hoste est l'un des fondateurs des congrès internationaux d'architecture moderne ou CIAM, créés pour promouvoir une architecture et un urbanisme fonctionnels. Il crée la revue Opbouwen et enseigne à l’Institut supérieur d’Architecture et des Arts décoratifs de La Cambre[5]. Il a participé au groupe Cercle et carré en 1929 à Paris, autour de Michel Seuphor.
Après la Seconde Guerre mondiale, il publie aux côtés du critique d'art K.N. Elno le magazine Ruimte, qui paraît de 1953 à 1956 et constitue une solide contribution à l'architecture, à l'urbanisme et au design.
↑ abcde et fFeuillet no 120, Centre Albert Marinus, 1er trimestre 2016
↑ abcd et e(fr + nl) Peter J.H. Pauwels, Huib Hoste et ses contemporains – Avant-Garde belge 1914-1930, Knokke, galerie Ronny Van de Velde, (lire en ligne)
↑Cécile Vanderpelen-Diagre, Le monde catholique et les cités-jardins à Bruxelles dans l’entre-deux-guerres, Archives de sciences sociales des religions, 2014, p. 163-183.
↑Région de Bruxelles-Capitale, Un siècle d'architecture et d'urbanisme: 1900-2000, éditions Pierre Mardaga, 2000, p. 75.
↑G. Van Cauwelaert, Direction des Monuments et des Sites du ministère de la Région de Bruxelles-capitale, Modernisme art déco, Pierre Mardaga éditeur, 2004, p. 72-75.
↑« La cité-jardin de Kapelleveld - Tuinwijk Kapelleveld », Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert (sur Archiviris - Le site du patrimoine archivistique des administrations locales de la Région Bruxelles-Capitale),
↑Paulette Girard et Bruno Fayolle-Lussac, Cités, cités-jardins : Une histoire européenne, éditions de la maison des Sciences de l'homme d'Aquitaine, 1996, p. 36-37.
↑(nl) Liesbeth De Winter, Marcel Smets, Ann Verdonck, Huib Hoste, 1881-1957, Vlaams Architectuurinstituut, 2005, p. 165.
Bibliographie
Françoise Aubry, Jos Vandenbreeden, Christine Bastin, Jacques Evrard, France Vanlaethem, L'architecture en Belgique art nouveau, art déco & modernisme, Lannoo Uitgeverij, 2006