Il est le petit-fils de Léo Lagrange (sous-secrétaire d'État aux sports et à l'organisation des loisirs dans les gouvernements du Front populaire de 1936 à 1938).
Après des études en économétrie à l'Université Paris X Nanterre, il poursuit ses études à Sciences Po Paris (1975-1977).
En 1981, il soutient sa thèse de doctorat en sciences politiques intitulée Etiologie du mouvement des grèves en France: 1890-1975[2] qu'il a rédigé sous la direction de Frédéric Bon (1943-1987) le fondateur du département "Analyses quantitatives" au CERAT de l'IEP de Grenoble.
Il collabore à la revue de Sciences Humaines, Esprit, think-tank d'une nouvelle gauche, au rôle de « carrefour intellectuel ». Il est un des auteurs de la « République des Idées », collection du Seuil dirigée par Pierre Rosanvallon et Thierry Pech.
Le Déni des cultures
L'ouvrage paru en connaît un certain écho médiatique[3]. Le livre présente 350 pages de données quantitatives et qualitatives, recueillies pendant 7 ans auprès d’un échantillon de plus de 4 000 jeunes[4].
Hugues Lagrange part du constat statistique qu'il y a, parmi les « mis en cause » dans les procès-verbaux de police judiciaire (antérieurement à toute décision judiciaire donc, sachant qu'une personne suspectée est présumée innocente), une surreprésentation de jeunes personnes issues du Sahel africain, pour ensuite chercher les causes de ce phénomène[5]. En plus de l'influence de l'origine sociale, il estime que des différences culturelles (mais pas ethniques) expliquent cette situation. Selon lui, les familles de ces jeunes « mis en cause » sont en difficulté financière, sans formation et avec une appréhension très limitée de la culture du pays d'accueil, ce qui affecte les jeunes à travers leur socialisation familiale. Pour pallier ce problème, Lagrange préconise un accroissement des politiques d'intégration, notamment en favorisant l'éducation (il insiste particulièrement, dans ces cas-là, sur le rôle des mères avec lesquelles il faudrait, selon lui, « travailler en amont ») et en stoppant la ségrégation urbaine, ou ghettoïsation, ce phénomène ne permettant pas de gommer les différences culturelles. Il souhaite également la reconnaissance en tant que telles des minorités.
Selon le magazine Marianne, « ses conclusions vont à l'encontre de la grande majorité des travaux sur la banlieue, qui expliquent son délitement par des facteurs sociaux ». Pour cette raison, parmi ses collègues, « l'hostilité est majoritaire »[6].
Éric Fassin reproche à cet ouvrage Le Déni des cultures une approche culturaliste et conteste les chiffres de cet ouvrage en parlant « d'approximation » et « d'une volonté de grossir le problème »[8]. Sébastien Fath, se rangeant du côté d'Hugues Lagrange dénonce « la tentative de lynchage médiatique » qu'il oppose à la « réflexion nuancée, étayée, éclairante, pragmatique, dépourvue de toute idéologie péremptoire » de l'auteur. Il juge le propos d' Éric Fassin « particulièrement nauséabond, à la fois dans ses caricatures de la pensée de Lagrange, ses amalgames douteux… et dans ses sous-entendus politiciens[9]. » Pour Christian Godin, l'ouvrage « n'a rien à voir avec cette espèce d'épouvantail confectionné par les adversaires du sociologue ni avec les slogans auxquels on a voulu réduire son travail. »[10]
↑Christian Godin, Recension, Cités Immigration: Fantasmes et réalités, No. 46, (2011), pp. 185-187
Publications
Ouvrages
Les maladies du bonheur, Paris, PUF, 2020
En terre étrangère : vies d'immigrés du Sahel en Ile-de-France, Paris, Gallimard, 2013
Le déni des cultures, Paris, Éditions du Seuil, 2010
L’épreuve des inégalités, PUF, coll. « Le Lien social », 2006
avec Marco Oberti (dir.), Émeutes urbaines et protestations, Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2006
Demandes de sécurité, Paris, Seuil, coll. « République des idées », 2003
De l’affrontement à l’esquive : violences, délinquances et usages de drogues, Paris, Syros, 2001
Les adolescents, le sexe et l’amour, Paris, Syros, 1999
avec B. Lhomond (dir.), L’entrée dans la sexualité, La Découverte, 1997
La civilité à l’épreuve, PUF, 1995
Rapports de recherche
Enquête sur les risques urbains, Rapport pour la Fondation MAIF et la ville d’Amiens, 2000, 131 p.
Absentéisme, conduites délictueuses et délinquance juvénile à Mantes la Ville et aux Mureaux, Rapport au GIP Droit et Justice, 2000, 101 p.
La déscolarisation dans le Mantois, Rapport de recherche pour la DIV, 2002, 85 p.
Articles (sélection)
Avec Lincoln Quillian, « Socioeconomic Segregation in Large Cities in France and the United States », Demography, vol. 53, n° 4, 2016, p. 1051-1084.
« Réponse à Didier Fassin », Revue française de sociologie, 2011
« Réussite scolaire et inconduites adolescentes : mixité et capital social », Sociétés contemporaines, 2010
« Émeutes, ségrégation urbaine et aliénation politique », Revue française de science politique, n° 58 (3), 2008, p. 377-401
avec Nicolas Herpin, « La victimation de proximité, les précautions et la peur. Étude sur la cohésion sociale de voisinage », Revue économique, n° 56 (2), 2005, p. 285-312
« Crime et conjoncture économique », Revue Française de Sociologie, 42-1, 2001.