Hugh Trevor-Roper a repris et développé[1] l'idée de "crise générale", initialement formulée par Eric Hobsbawm, dans une série d'articles publiés en 1954 dans la revue Past & Present, pour lui donner son acception usuellement admise, notamment dans son ouvrage de 1967, The Crisis of the Seventeenth Century. Quand Hobsbawm ne voit de ce déclin qu'un aspect économique, Trevor-Roper en fait une état de crise généralisée, ayant non seulement une valeur politique et militaire, mais aussi religieuse et sociale. Pour Trevor-Roper, le XVIIe siècle fait état d'une "crise dans la relation entre la société et l’État"[2]. Plusieurs de ses articles ont été rassemblés et traduits en français dans son ouvrage De la Réforme aux Lumières[3].
En 1983, Trevor-Roper cautionna l'authenticité des prétendus journaux d'Hitler. Il revient quand même sur sa décision assez vite, dès la conférence de presse pour la présentation de la découverte et expliqua avoir été abusé (on lui avait assuré que les carnets avaient été testés chimiquement et authentifiés)[4],[5].
Ses travaux, fortement imprégnés de conservatisme et de préjugés, ont souvent fait l'objet de controverses.
Un aspect de sa vision de l'histoire et de la recherche savante a suscité des vives contestations, celui qui concerne les expériences historiques des sociétés de tradition orale. Trevor-Roper est connu pour avoir affirmé que l'Afrique n'avait pas d'histoire avant l'exploration et la colonisation européennes : « Peut-être qu’à l’avenir, il y aura une histoire de l’Afrique à enseigner, mais à présent, il n’y en a pas. Il y a seulement l’histoire des Européens en Afrique [...]. L’histoire ne peut pas être créée à partir des ténèbres qui sont visibles dans le passé de l’Afrique»[6]. Il ne faut pas perdre son temps « à étudier les gesticulations fatuités de tribus barbares vivant dans des contrées pittoresques, mais sans importance, du globe »[7].
Ces propos ont provoqué des débats parmi les historiens, les anthropologues, les sociologues, dans les domaines émergents des études postcoloniales et culturelles sur la définition de «l'histoire»[8],[9],[10],[11]. Les chercheurs ont fait valoir que les mythes historiques du type de ceux perpétués par Trevor-Roper doivent être activement combattus : "les historiens africains doivent se concentrer sur les aspects qui ont été ignorés par des mythologies dénigrantes" européennes[12].
De nombreux historiens soutiennent aujourd'hui contre Trevor-Roper que les preuves historiques devraient également inclure les traditions orales et non pas seulement les sources écrites, la présence de documents écrits ayant longtemps été considérée comme un critère de sortie de la «préhistoire»[13],[14]. Ils ont remis en question la validité des interprétations systématiques du passé africain, que ce soit par les méthodes matérialistes, annalistes ou historiques traditionnelles, utilisées par Trevor-Roper[15],[16].
« The General Crisis of the Seventeenth Century » pages 31-64 from Past and Present, Volume 16, 1959.
« Hitlers Kriegsziele » pages 121-133 from Vierteljahrshefte für Zeitsgeschichte, Volume 8, 1960, traduit en anglais « Hitler's War Aims » pages 235-250 from Aspects of The Third Reich edited by H.W. Koch, London: Macmillan Ltd, 1985.
« A. J. P. Taylor, Hitler and the War » pages 86-96 from Encounter, Volume 17, July 1961.
« E. H. Carr's Success Story » pages 69-77 from Encounter, Volume 84, Issue #104, 1962
Blitzkrieg to Defeat: Hitler's War Directives, 1939-1945, 1965, 1964 (OCLC12723697).
Essays in British history presented to Sir Keith Feiling edited by H.R. Trevor-Roper; with a foreword by Lord David Cecil (1964) (OCLC175090387).
↑(en) Robert Harris, Selling Hitler : The Extraordinary Story of the Con Job of the Century – The Faking of the Hitler "Diaries", New York: Pantheon, , 402 p. (ISBN978-0-394-55336-8)
↑Richard J. Evans, Telling Lies About Hitler: The Holocaust, History and the David Irving Trial (London, 2002), p. 25.
↑Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, , p. 159
↑"What's New About African History?" John Edward Philips, History News Network, 6 April 2006
↑Hugh Trevor-Roper, "The Past and Present: History and Sociology", Past and Present 42 (1969): 6.
↑R. Hunt Davis, "Interpreting the Colonial Period in African History", African Affairs 72, no. 289 (1973): 383–400.
↑Gus Deveneaux, "The Frontier in Recent African History", The International Journal of African Studies 11, no. 1 (1978): 63–85.
↑Shepard Krech III, "The State of Ethnohistory", Annual Review of Anthropology 20 (1991): 345.
↑Ali A. Mazrui, « European Exploration and Africa's Self-Discovery », The Journal of Modern African Studies, vol. 7, no 4, , p. 661–676 (DOI10.1017/S0022278X00018887, JSTOR159156)
↑Kenneth C. Wylie, "The Uses and Misuses of Ethnohistory", Journal of Interdisciplinary History 3, no. 4 (1973): 707–720.
↑Alan Gailey, "The Nature of Tradition", Folklore 100, no. 2 (1989): 143–161.
(en) Zaki Saleh, Trevor-Roper's Critique of Arnold Toynbee : A Symptom of Intellectual Chaos, Bagdad, Al-Ma'eref Press,
(en) P. R. Winter, « A Higher Form of Intelligence: Hugh Trevor-Roper and Wartime British Secret Service », Intelligence and National Security, vol. 22, no 6, , p. 847–880 (DOI10.1080/02684520701770642)
(en) « Discussion of H. R. Trevor-Roper: "The General Crisis of the Seventeenth Century" » pages 8-42 from Past and Present, No. 18, November 1960 with contributions from Roland Mousnier, J. H. Elliott, Lawrence Stone, H. R. Trevor-Roper, E. H. Kossmann, E. J. Hobsbawm and J. H. Hexter.
(en) Robinson, Kristen "Trevor-Roper, Hugh" pages 1204-1205 from The Encyclopedia of Historians and Historical Writing edited by Kelly Boyd, Volume 2 M-Z, London: Fitzroy Dearborn Publishers, 1999, (ISBN1-884964-33-8).