Il fait ses premières armes dans la Marine impériale de Napoléon III où ses talents de dessinateur et de peintre vont se révéler lors de ses voyages au long cours. Sa carrière de peintre de la nature s'étend de 1872 à 1909. Resté en dehors des courants nouveaux qui caractérisent la seconde moitié du XIXe siècle, peintre polyvalent pratiquant avec autant de bonheur l’aquarelle, l’huile, le dessin et le pastel, Henri Zuber connaîtra la célébrité avec ses paysages et rencontrera un grand succès auprès de ses contemporains exposant chaque année au Salon des artistes français où il recevra de nombreuses récompenses.
Biographie
Henri Zuber est né le à Rixheim en Alsace, où son grand-père, Jean Zuber, avait fondé une célèbre manufacture de papiers peints. Henri grandit dans l’atmosphère de l'entreprise familiale, où s’éveille son goût pour le dessin et la peinture.
Après des études à Strasbourg puis à Paris, il intègre l'École navale de Brest en 1861 où il fera la connaissance du peintre de marine Auguste Mayer, dont il sera l'élève de 1862 à 1863.
En , il est à bord de la corvette Le Primauguet qui rallie la division navale des mers de Chine, partie des Forces navales françaises d'Extrême-Orient basées à Saïgon dont le commandant en chef à cette époque est l'amiral gouverneur d'Indochine Pierre-Paul de La Grandière. Dans cette longue navigation, Zuber prend notes et dessins des paysages qu'il traverse : îles du Cap-Vert, cap de Bonne-Espérance où son bâtiment s'échoue, île Maurice, Singapour puis Saïgon en novembre. C'est ensuite Hong Kong et enfin Yokohama au Japon où le Primauguet intègre l'escadre française qui l'attend.
Le , Le Primauguet reçoit l'ordre d'appareiller pour Shanghai, où, sous les ordres du contre-amiral Pierre-Gustave Roze se prépare une expédition française contre la Corée qui aura lieu, en deux temps, du au . De par sa formation, le jeune enseigne Zuber participe au relevé hydrographique des côtes de l'île de Kanghwa et du fleuve Han, procède au relevé du plan de mouillage de l'île Boisée, et lève la première carte occidentale de la Corée d'après des documents locaux[1].
Il illustre son journal de bord de nombreux croquis, esquisses et caricatures.
Durant cette longue campagne, Zuber réalise de nombreuses aquarelles, en particulier en Chine et au Japon.
Le peintre
De retour en France en 1868, il démissionne de la Marine et entre dans l'atelier du peintre Charles Gleyre, embrassant définitivement la carrière de peintre et, accessoirement, celle d'illustrateur. Il est admis au Salon des artistes français en 1869.
En 1870-1871, Zuber, mobilisé lors de la guerre contre la Prusse, participe à la défense de Paris et aux combats du mont Valérien. Il est démobilisé en et, l'Alsace étant devenue allemande, opte pour la France et s'installe à Paris. Il se marie avec Madeleine Oppermann, voyage beaucoup et peint. Il installe son atelier rue de Vaugirard à Paris en 1872. À partir de cette date, en plus de ses voyages, il fera de très nombreuses excursions autour de Paris, et peindra beaucoup dans Paris même.
C'est en 1873 qu'il fera la narration de sa participation à l'expédition française en Corée en 1866 dans le journal Le Tour du monde de la maison Hachette, périodique consacré aux voyages et découvertes[2]. Zuber est le premier auteur français à livrer sur le pays un texte accompagné d'images réalisées in situ et d'après nature. Plus qu'à la description de l'action militaire à laquelle il est intimement mêlé, il donne la première place aux Coréens du peuple, si déférents, cultivés et si chaleureusement hospitaliers, aux lettrés, aux magnifiques paysages bien entendu. Au passage, en bon Occidental nourri des principes égalitaires du christianisme, il juge sévèrement la hiérarchie sociale qui caractérise leur culture confucéenne et qui bloque leur société comme en Chine, la véritable tyrannie que semble exercer le régent Taewon'gun et son gouvernement farouchement xénophobe auquel Roze a reçu mission de demander des comptes. Textes et illustrations, d'une grande finesse, feront l'objet d'une diffusion importante et inspireront, pas toujours heureusement, nombre d'extrême-orientalistes français de l'époque[3].
En 1874, Henri Zuber figure parmi les premiers actionnaires de l'École alsacienne à Paris. Il séjourne en Alsace, en forêt d'Oltingue et découvre les splendeurs de ses immenses futaies qui influenceront son œuvre.
Il travaille d'abord dans la technique de la peinture à l'huile. Il fait deux séjours à Dinard en 1875 et 1877, propose ses toiles aux Salons de 1876 et de 1878, mais fait aussi une trentaine d'études à l'huile, une dizaine d'aquarelles et quelques dessins. Il partage son attention entre les paysages agrestes de la région dont Le Vallon de la Richardais est le type, et les paysages côtiers. Il ne reviendra pas ensuite en Bretagne.
Il est à Cannes en 1881 quand son épouse meurt. Il a alors quatre enfants. Seul dans le Midi, le peintre acquiert la maîtrise de l'aquarelle. Il est remarqué et apprécié par des amateurs anglais et continue ses envois au Salon où son œuvre est de plus en plus appréciée.
En 1883, Henri Zuber se remarie avec Hélène Risler, dont il aura trois enfants.
De 1900 à 1904, il continue ses séjours réguliers à Ferrette. Son immeuble de la rue de Vaugirard étant démoli en raison du percement pour le boulevard Raspail, il emménage rue Vavin sur deux étages ; son atelier existe encore aujourd'hui.
En 1906, il est promu au grade d'officier de la Légion d'honneur.
Henri Zuber meurt à Paris le après une intervention chirurgicale d'un ulcère à l'estomac dont il souffrait depuis 1883. Une grande rétrospective sera organisée en 1910 par sa veuve et ses enfants sous le patronage du ministère des Beaux-Arts.
L'œuvre
L'œuvre de Jean Henri Zuber est aussi variée qu'abondante. Le musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg conserve un fonds Zuber, mais les œuvres du peintre sont disséminées dans de nombreux musées à travers toute la France et l'étranger.
Henri Zuber a également produit de nombreuses aquarelles[5].
Parmi les œuvres conservées dans les collections publiques, citons entre autres :
A. Michel, plaquette École nationale des Beaux-Arts, exposition Henri Zuber (3 au ), Imprimerie Petit, 1910 (Réf. Fondation Doucet /B.N. 8°, pièce 18433).
Catalogues des tableaux, aquarelles, dessins de l'atelier Henri Zuber, préface d'André Michel, 1910. — À la Société des artistes français est fondé un prix Henri-Zuber, par sa veuve et ses enfants.
(en) « An Alsacian Landscape Painter Henri Zuber », The Studio, LV, 1912, p. 228.
Yves Zuber, Le paysagiste Zuber. Centenaire d'un Alsacien, Paris, Imprimerie Jeanrot, 1945, 38 p.
Paul René Zuber, « Le Peintre Henri Zuber », Société d'histoire et de sciences naturelles de Mulhouse, 1965.
D'Arthey, « Henri Zuber peintre paysagiste », in: Le Génie médical, 1965.
Jacques Diemer-Zuber, « Le peintre Henri Zuber en Chine », Connaissance du Monde, IX, 1968.
Claude Zuber, « Le Peintre Henri Zuber, 1844-1909. Sa vie, son œuvre », Cahiers Zuber, no 18, Imp. Kermeur, 1971.
Pierre Miquel, L'École de la nature 1840-1900, tomes IV et V, chapitre Zuber J.H., Éditions de la Martinelle, 1985.
Denis Blech, avec le concours de Bernard Jacqué, préface de Jean-Marie Bockel, Henri Zuber, de Pékin à Paris, itinéraire d’une passion, Paris, Somogy éditions d'arts, 2009 (ISBN978-2-7572-0178-7).
Julien Kiwior, « Henri Zuber. Un marin devenu brillant paysagiste », Les Saisons d'Alsace, no 64 (Les aventuriers), été 2015, pp. 78-81.