Hande Kader, née en 1993 et morte en 2016, est une militantetransgenreturque qui s'est fait connaître lors de la Marche des fiertés2015 à Istanbul lorsqu'elle s'était opposée aux forces de police. Décrite comme une « icône de la communauté LGBT turque », elle est brutalement assassinée, son corps étant retrouvé entièrement brûlé le .
Bien que les relations entre personnes de même sexe ne soient pas juridiquement illégales en Turquie, la communauté LGBT turque fait face à de très nombreuses difficultés, causées notamment par les conservateurs religieux[1],[2]. Un rapport de Human Rights Watch note que beaucoup de personnes LGBT turques vivent dans la peur, et font face à la stigmatisation, la violence, le harcèlement policier[3].
La marche des fiertés de 2016 d'Istanbul a été menacée par plusieurs groupes extrémistes, dont des islamistes. Le gouvernement islamo-conservateur a interdit la manifestation - « à la dernière minute[4] » -, plutôt que de chercher à en assurer la sécurité en protégeant les participants[5].
Le meurtre de Hande Kader vient quelques jours après celui d'un réfugié syrienhomosexuel, retrouvé décapité à quelques kilomètres à peine du lieu où le corps de Hande Kader a été découvert[6]. Le réfugié avait été menacé de mort, kidnappé et violé avant son assassinat[7].
Militantisme
Hande Kader avait été remarquée lors de la marche des fiertés d'Istanbul en 2015, pour avoir affronté la police après que le gouvernement a décrété l'interdiction de la marche « pour cause de Ramadan »[8]. De par son activisme, Hande Kader a été décrite comme une « icône »[9] ou une « héroïne »[10] de la marche des fiertés, ainsi qu'une figure familière pour des millions de Turcs de par sa médiatisation lors de la marche de 2015[11].
Son colocataire a affirmé aux médias qu'Hande Kader participait à toutes les marches LGBT, étant convaincue de la justesse de son combat[12]. Elle était particulièrement affectée par le meurtre des personnes trans, ayant, comme de nombreuses personnes transgenres turques, déjà été elle-même victime de violences physiques avant son assassinat[12] (depuis 2008, environ 2 000 personnes transgenres ont été assassinées en Turquie[4]).
Assassinat
Hande Kader était une travailleuse du sexe - n'ayant pas, comme beaucoup d'autres personnes transgenres en Turquie, la possibilité d'avoir un autre travail de par les discriminations auxquels elles font face[11] -, elle a été aperçue pour la dernière fois montant dans la voiture d'un client[9]. La dépouille de la jeune femme de 23 ans est retrouvée calcinée, abandonnée sur le bord de la route dans les environs d'Istanbul[4],[10].
Après l'annonce de sa mort, des associations LGBT turques ont fait part de leur volonté d'entreprendre une marche en son hommage dimanche [4],[13]. Les manifestations à Istanbul ont rassemblé plusieurs centaines de personnes ; quelques parlementaires de l'opposition y ont participé[14],[15].
Des associations LGBT locales ont également dénoncé le silence des médias turcs proches du pouvoir[4].
Sa vie a fait l'objet d'une pièce de théâtre : "Le sol qui porte Hande" de Paco Gamez, traduit de l'espagnol par David Ferré ( Actualités Editions, 2018).