En 1965, Göran Malmqvist est nommé professeur en sinologie, spécialisé dans l'enseignement et la recherche sur la langue chinoise moderne, au nouveau département de langues orientales de l'université de Stockholm. De retour en Suède, il traduit une série de poèmes issus de la dynastie Tang qu'il rassemble dans l'anthologie Det förtätade ögonblicket (Le Moment compact) [1]. Il traduit également quarante deux volumes de contes, nouvelles, romans et poèmes issus de diverses périodes. De fait, il apparaît en Chine comme l'un des historiens majeurs de la poésie nationale.
En 1971, Göran Malmqvist publie plusieurs ouvrages qui incluent Nykinesisk grammatik (Grammaire du chinois moderne) et Nykinesisk fonetik (Phonétique du chinois moderne). Il fait paraître ses traductions dans le journal universitaire Orientaliska studier (Etudes orientales) ainsi que dans la section Littérature chinoise : 500–1779 de la revue nordique internationale Litteraturens världshistoria (Histoire de la littérature mondiale). En 1973, suivent les parties consacrées aux époques littéraires ultérieures : La Littérature chinoise: 1780–1890 et La Littérature chinoise: 1890–1965. En parallèle, il rassemble des nouvelles du philosophe et poèteLao She, traduites par ses soins, dans le recueil Det sorgsna skrattet (Le Rire soucieux)[2]. En 1974, Malmqvist promeut l'un de ses principaux ouvrages qui contribue à l'attrait de nombreux Suédois pour l'apprentissage du chinois : Kinesiska är inte svårt (Le Chinois n'est pas difficile)[3].
Dans les années 1970, il se lance dans la traduction du roman d'aventuresAu bord de l'eau (en pinyin : Shui Hu zhuan), pilier de la littérature classique chinoise de près d'un millier de pages. Pour titre suédois, il donne au livre l'intitulé Berättelser från träskmarkerna (Contes des marais) et le publie en quatre volumes entre 1976 et 1979. Cette œuvre fut mise à l'écrit au XIVe siècle mais son origine était orale. À travers ses personnages principaux en conflit avec l'autorité impériale, elle donne une riche peinture de la fin de la dynastie Song au XIIe siècle. L'une des plus grandes réussites de Malmqvist reste la traduction monumentale, en cinq volumes, de Färden till västern (Le Voyage en Occident), d'un genre similaire. Rédigé au XVIe siècle, le texte conte l'histoire au VIIe siècle du bonze Xuanzang qui ramena de l'Inde vers la Chine les écrits sacrés du bouddhisme : le Tipitaka. Durant les années 1980, les recherches du sinologue s'orientent vers la philologie, la syntaxe et la sémantique du chinois classique.
Académie suédoise
Göran Malmqvist est élu à l'Académie suédoise le et entre officiellement en fonction le . Il succède à l'historien de la littérature Henry Olsson au fauteuil N°5. Après son élection, il écrit en 1995 une biographie remarquée de plus de cinq cents pages sur son ancien professeur Bernhard Karlgren : Bernhard Karlgren – ett forskarporträtt (Bernhard Karlgren – Portrait d'un savant)[4]. Aujourd'hui, Malmqvist continue à suivre les pas de son maître par une approche phonétique classique de la sinologie, proche de l'époque des pionniers en la matière[5] qui investissaient en Chine, entre 1910 et 1912, les champs d'une recherche dialectologique qui a tenté de reproduire les canons phoniques de l'ancien chinois. Au sein de l'Académie suédoise, il participe par ailleurs grandement à la promotion de la littérature chinoise jusqu'alors ignorée[6]. Sous son impulsion, deux prix Nobel de littérature sont décernés à des auteurs écrivant en mandarin : Gao Xingjian en 2000, dont il est le traducteur suédois[7] et Mo Yan en 2012.
Göran Malmqvist, A selective guide to Chinese literature, 1900-1949. 4 vol. Leiden, 1988-1990.
Göran Malmqvist, Modern Chinese literature and its social context, Nobel Symposium, 32. Stockholm, 1977.
Göran Malmqvist, Problems and Methods in Chinese Linguistics, The Australian National University : Canberra, 1962. Le livre est une introduction aux études linguistiques du chinois.