Celle-ci participa à la Résistance péroniste qui s'opposait ouvertement à la junte, qui rend le pouvoir aux civils en 1958, tout en maintenant l'interdiction du péronisme: le radicalArturo Frondizi est élu président avec l'apport des voix péronistes. L'armée continue toutefois à tirer les rênes, tandis que la Révolution cubaine (1959) change la donne en Amérique latine.
Après avoir participé au mouvement ouvrier et syndical, Rearte et d'autres décidèrent que le temps était venu de passer à la lutte armée, considérant que les manifestations de masse et l'action syndicale restaient inefficaces dans le contexte autoritaire de l'époque[1]. Ils organisèrent ainsi, en 1960, la première action de lutte armée du mouvement péroniste, revendiquée au nom de l'Ejército Peronista de Liberación Nacional (EPLN), contre des gardes de l'aviation argentine à Ciudad Evita(es). Celle-ci leur permit de s'emparer d'armes et d'uniformes [1].
La JP envoya ensuite Rearte à Montevideo afin d'établir des contacts avec les exilés péronistes. Il y rencontra John William Cooke, le dirigeant du Comando Táctico de la Résistance péroniste. À son retour à Buenos Aires, en 1961, il est blessé lors d'une fusillade avec la police, arrêté puis incarcéré[1].
Après les élections législatives de 1962, remportées par les péronistes, Frondizi tente d'annuler celles-ci... trop tard au goût de l'armée, qui le remplace dix jours après les élections par José María Guido. De nouvelles élections sont organisées en , remportées par Arturo Illia, candidat de l'URCP, une dissidence de l'Union civique radicale (UCR), davantage proche du péronisme que Frondizi. Dès son arrivée au pouvoir, celui-ci amnistie l'ensemble des prisonniers politiques, dont les fondateurs de la JP, Gustavo Rearte, Rulli, Spina et El Kadri[2]. Ceux-ci se consacrèrent alors la réorganisation du groupe décimé par le plan de contre-insurrection CONINTES de Frondizi.
L'éclosion de la « Tendance révolutionnaire » du péronisme
Rearte voyagea ensuite à Madrid pour y rencontrer le général Perón[1]. À son retour, il crée, avec l'aval du général, la Juventud Peronista Revolucionaria (JPR) [1]. Le général leur envoya une carte en , qui déclarait, entre autres, l'impossibilité de « la coexistence pacifique entre les classes opprimées et les classes opprimantes. Nous nous sommes donnés, ajoutait-il, la tâche fondamentale de triompher sur les exploiteurs, même s'ils sont infiltrés dans notre propre mouvement politique. » Le MRP fut aussi un acteur central du rassemblement politico-syndical De Pie Junto à Perón (« Debout avec Perón ») à Tucumán, au cours duquel une partie importante du mouvement ouvrier rejoignit la résistance ouverte contre le régime, rivalisant avec la tendance participationniste d'Augusto Vandor[1].
Après le coup d'État de 1966, dénommé Revolución Argentina, qui porta le général Juan Carlos Onganía au pouvoir, tous les partis politiques sont interdits et les élections suspendues sine die. Gustavo Rearte, Sabino Navarro(es), Jorge Di Pasquale, Miguel Lizazo, John William Cooke, le maire Bernardo Alberte, et d'autres, participent en au congrès clandestin créateur de la « Tendance révolutionnaire du péronisme », surnommée par la suite Tendencia et proche des Jeunesses péronistes. Celle-ci décida de passer à l'affrontement frontal contre la dictature d'Onganía et de soutenir toute action contre cette dernière: l'ère de l'organisation politico-militaire et de la « guerre révolutionnaire » était venue pour l'Argentine, un an après l'échec retentissant du Che en Bolivie[1].
Rearte meurt finalement le , un an jour pour jour avant le général Perón et quelques semaines après son retour définitif en Argentine, marqué par le massacre d'Ezeiza.