La guerre concernait principalement le contrôle du delta du Rhin, tenu par les Frisons. Après la mort du roi de Frise Radbod, en 719, les Mérovingiens reprennent le dessus. En 734, à la bataille du Boarn, les Frisons sont vaincus et les Mérovingiens annexent les terres de la Frise entre la Vlie et la Lauwers. Seuls les Frisons orientaux situés à l'est de la Lauwers restent indépendants jusqu'en 772.
La guerre franco-frisonne se termine par la dernière révolte des Frisons en 793 et la pacification des Frisons par Charlemagne.
Contexte
Les déplacements des peuples pendant les invasions barbares en Gaule entre les IIIe et Ve siècles, ont abouti aux colonies frisonnes au nord et à l'ouest des Pays bas[1](p792), les Saxons à l'est, les Warinis à l'embouchure du Rhin et les Francs, plus au sud, autour de l'Escaut. Là, sous la direction de leurs rois mérovingiens, les Francs ont eu un rôle politique important dans le nord de la Gaule.
Les Frisons se composaient de tribus liées de façons distantes, centrées sur des groupes de guerre mais sans grand pouvoir.
Dans la seconde moitié du VIIe siècle, le royaume de Frise a atteint son développement géographique maximal[2].
Les rois frisons s'intéressaient aux anciennes terres des Mérovingiens;
Sous la direction du roi Aldgisl, les Frisons élargissent leur pouvoir au cœur des Pays-Bas. La présence de la tribu des Warinis à l'embouchure du Rhin reste peu claire, mais il semble qu'ils ont probablement été écrasés entre les Frisons et les Mérovingiens[3].
Contrôle mérovingien du delta du Rhin (630-650, 690-716)
Bien que le roi mérovingienChilperic Ier (561-584) soit mentionné dans les sources franques comme « la terreur des Frisons et des Suèves », il est prouvé qu'autour de l'an 600, les Frisons ont réussi une guerre menée par leur roi Audulf qui leur a permis de se développer davantage vers le sud.
En 630, la situation change : le roi Dagobert Ier agrandit le royaume mérovingien en conquérant les terres au sud du Vieux Rhin (Oude Rijn).
Les Mérovingiens construisent une église à Utrecht et christianisent la Frise.
Après la mort du roi Dagobert, les mérovingiens n'ont pu tenir leur place là-bas, et autour de 650, la région autour de la rivière, y compris Dorestad, devint de nouveau territoire Frison.
La fabrication de pièces de monnaie mérovingiennes s'arrête et la ville d'Utrecht devient la résidence des rois de Frise.
Sous le règne du roi Aldgisl, les Frisons entrent en conflit avec le maire du palaismérovingienEbroin. Cette fois, le conflit porte sur les anciennes fortifications de la frontière romaine. Aldgisl arrête les Mérovingiens dans une baie avec ses manœuvres militaires.
En 678, le roi Aldgisl accueille l'évêque anglais Wilfrid d'York, qui, comme lui, n'était pas un ami des Mérovingiens[1](p792).
Bien que toutes les conséquences de cette bataille ne soient pas claires, Dorestad redevient franque, comme les châteaux d'Utrecht et Fechten.
L'influence des Mérovingiens s'étend alors du sud du Vieux Rhin à la côte maritime, mais ce n'est pas tout à fait clair parce que les Frisons n'ont pas complètement perdu le contrôle sur la région autour de la rivière.
En tout cas, il y avait un archevêché ou un évêché chrétien en Frise, fondé par le premier éveque d'Utrecht, Willibrord[5] et un mariage a lieu en 711 entre Grimoald II, le fils aîné de Pepin et Theudesinde, la fille de Radbod, le duc de Frise[1](p794).
Radbod Ier de Frise prépare un plan de mobilisation d'une grande armée afin d'envahir une seconde fois l'Austrasie. Mais avant qu'il ne puisse le faire, il tombe malade et meurt à l'automne719[7](p90).
Le successeur de Radbod n'est pas connu car au moment de sa succession, l'adversaire franc, Charles Martel en profite pour facilement envahir la Frise et subjuguer le territoire.
La résistance est si faible que Charles Martel non seulement annexe la « Frise Citerior » (territoire Frison proche de la France, au sud du Rhin), mais également traverse le Rhin et annexe « plus loin » la Frise, aux rives de la rivière Vlie[1](p795).
La fin d'indépendance de la Frise Occidentale (733)
Charles Martel a brisé le pouvoir des rois de Frise pour de bon, il a annexé la Frise Occidentale situé entre la Vlie et la Lauwers et est rentré avec beaucoup de butin.
Le roi Charlemagne (742-814) élargit à l'est l'Empire carolingien (751-987) en mettant fin à l'indépendance des Frisons à l'est de la Lauwers.
La guerre franco-frisonne commence par une campagne carolingienne contre les Frisons orientaux puis continue contre les Saxons, qui lutteront dans les guerres saxonnes pendant trente-deux ans.
En 772, Charlemagne attaque les Frisons à l'est de la Lauwers et les Saxons avec une grande armée. Il les bat dans plusieurs batailles et les dernières terres frisonnes indépendantes et les terres des Saxons deviennent carolingiennes.
Les révoltes frisonnes
Après leur défaite, les Frisons se sont rebellés plusieurs fois contre les Francs.
Meurtre de Saint Boniface (754)
Le premier évêque de Frise, Saint Boniface[8] part pour la Frise en 754 avec un petit groupe. Il baptise un grand nombre d'habitants et célèbre une messe de confirmation dans un endroit non loin de Dokkum, entre Franeker et Groningen, où il est assassiné. Au lieu d'habitants convertis, il s'attendait à ce qu'un groupe de guerriers armés apparaisse.
Les Frisons étaient en colère parce qu'il avait détruit leurs sanctuaires païens. Ils tuent l'évêque chrétien parce que, selon le hagiographe de Saint Boniface, les Frisons croyaient que les coffres que Boniface emmenait avec lui contenaient de l'or et d'autres richesses. Les Frisons ont été consternés lorsqu'ils ont découvert que le coffre ne contenait que les livres de l'évêque.
Insurrection de 782-785
Sous la direction de Widukind, les Saxons continuèrent à résister aux Carolingiens.
En 782, les Frisons à l'Est de la Lauwers commencent également une révolte contre les Carolingiens.
L'insurrection s'étend aux terres frisonnes de l'ouest qui avaient été pacifiées en premier.
Cela conduit à un retour massif au paganisme par la population.
Les maraudeurs brûlent des églises et des prêtres, dont Ludger, fuient vers le sud.
En réponse Charlemagne organise une nouvelle campagne en 783 pour rétablir le contrôle, d'abord sur les Saxons [1](p796), puis sur les Frisons. Les Frisons aident le Saxon Widukind contre les Carolingiens en 784 en lui envoyant une armée, en vain : Widukind doit se rendre en 785 et la rébellion de la Frise est sévèrement réprimée par les Carolingiens.
Insurrection de 793
En 793, les Frisons se révoltent pour la dernière fois contre Charlemagne. La raison de la révolte était due au recrutement forcé des Frisons et des Saxons pour la guerre contre les Avars à l'Est.
Sous la direction des ducs de Frise Unno(en) et Eilrad(en)[7](p310), une révolte surgi à l'est de la Lauwers et se répand à d'autres terres de Frise.
Cela conduit à un retour temporaire au paganisme, et de nouveau les prêtres chrétiens doivent fuir. Ce soulèvement a également été écrasé par les Carolingiens.
↑ abcdef et g(nl + en) Herrius Halbertsma, Frieslands Oudheid, Groningen, Rijksuniversiteit Groningen, , 791–798 p. (OCLC746889526, lire en ligne), « Résumé »
↑(nl) Willem A. van Es (dir.) et Wilfried A. M. Hessing (dir.), Romeinen, Friezen en Franken in het hart van Nederland : van Traiectum tot Dorestad 50 v.c.-900 n.c., Utrecht, Mathijs, , 2e éd., 90–91 p. (ISBN978-90-5345-049-9)
↑(nl) Dirk P. Blok, De Franken : hun optreden in het licht der historie, vol. 22, Bussum, Fibula-Van Dishoeck, coll. « Fibulareeks », , 32–34 p. (OCLC622919217, lire en ligne)
↑it Liber Pontificalis (Corpus XXXVI 1, côte 168) en Beda Venerabilis (Corpus XLVI9, page 218)
↑ a et b(nl + en) Herrius Halbertsma, Frieslands oudheid : het rijk van de Friese koningen, opkomst en ondergang, Utrecht, Matrijs, , New éd., 406 p. (ISBN978-90-5345-167-0)