Le groupe d'armées A reçoit un rôle secondaire dans le premier plan d'offensive à l'ouest (plan Jaune) : avec deux armées (12e et 16e), il doit attaquer le Luxembourg et le sud de l'Ardenne (Belgique) en direction de la Meuse pour protéger le flanc sud de l'offensive principale menée par le groupe d'armées B[2]. Le chef d'état-major du groupe d'armées A, Erich von Manstein, critique sévèrement le plan d'opération et adresse ses propres proposition à l'Oberkommando des Heeres, aidé et approuvé par son supérieur Rundstedt, ainsi que Günther Blumentritt (chef de la section logistique) et Henning von Tresckow (chef du bureau des opérations)[3]. Ils proposent notamment que l'offensive principale soit effectuée par leur groupe d'armées, à travers l'Ardenne[3]. Durant les mois qui suivent, parallèlement à leurs propositions, le groupe d'armées A voit sa mission s'élargir (constitution d'un second centre de gravité, à Sedan) et il est renforcé en conséquence, notamment troupes blindées[4].
Finalement, fin février 1940 le plan final est adopté : le groupe d'armées A doit mener l'offensive principale à travers l'Ardenne, attaquant sur un front large de Liège exclus jusqu'au sud du Luxembourg, percer le front français sur la Meuse avec Sedan pour centre de gravité, devant poursuivre en direction de la basse Somme pour prendre à revers les armées alliées en Belgique et dans le nord de la France en se gardant d'une contre-offensive sur son flanc sud[5]. Elle dispose pour cela de quatre armées : avançant derrière un front blindé formé par la Panzergruppe von Kleist, la 12e armée doit percer jusqu'à la basse Somme en s'établissant au fur et à mesure défensivement face au sud passé la Meuse, la 16e armée, en liaison avec le groupe d'armées C à sa gauche, doit assurer la défense du flanc sud jusqu'à Sedan[5]. Entre ces deux armées, la 2e armée, en réserve au début de l'offensive, doit s'insérer dans l'espace qui s'ouvrira entre elles lorsque la 12e armée progressera vers la Manche[5]. Au nord de la 12e armée avance la 4e armée, devancée par des forces blindées également, elle doit franchir la Meuse et poursuivre vers l'ouest[5]. Les trois armées en première ligne (4e, 12e et 16e) totalisent 45 divisions dont sept blindées et trois d'infanterie motorisée[6].
Ce plan prévoit d'envoyer en Ardenne les divisions blindées en avant de celles d'infanterie, et de leur faire tenter de passer la Meuse dans la foulée, sans monter une attaque méthodique ni attendre les divisions d'infanterie ; ce à quoi Rundstedt et le remplaçant de Manstein depuis février 1940, Georg von Sodenstern, ainsi que Blumentritt s'opposent, mais l'Oberkommando des Heeres maintient ces aspects du plan[7],[8]. L'attribution d'itinéraires à une telle masse de véhicules et d'infanterie pose également des problèmes et génère des dissensions entre les divers commandants au sein du groupe d'armée ; les divisions d'infanterie progresseront parallèlement à celles blindées, chacune ayant leurs propres itinéraires, générant néanmoins un échelonnement en profondeur qui ne satisfait pas les chefs des unités blindées[9].
7. Panzer-Division (GeneralmajorRommel), avant l'offensive temporairement sous l'autorité du II. Armee-Korps en attendant la sortie de la zone frontière lors de l'offensive[10].
En 1942, le groupe d'armées Sud en Russie (front de l'est) était composé du groupe d'armées A et du groupe d'armées B pour l’offensive d’été, formées à partir de la scission du groupe d'armées Sud le . Le groupe d'armées A fut dirigé vers le sud pour s’emparer des champs pétrolifères du Caucase.
Le , Hitler rebaptisa les trois groupes d'armées. Le groupe d'armées Nord devint le groupe d'armées Courlande; le groupe d'armées Centre devint le groupe d'armées nord et le groupe d'armées A devint le groupe d'armées Centre.
Après la place vacante en 1942 à la suite du départ de List, le groupe d'armées A, avant la nomination de von Kleist, était directement subordonné à l'OKH.
↑ a et b(de) « Heeresgruppe A », sur Lexikon der Wehrmacht (consulté le ).
↑Eric van den Bergh, Mai 1940 : une victoire éclair, (lire en ligne), chap. 40
↑ a et bBenoît Lemay, Erich von Manstein : le stratège de Hitler, Paris, Perrin, coll. « tempus » (no 330), (1re éd. 2006), 764 p. (ISBN978-2-262-03262-3), p. 148 à 156.
↑Karl-Heinz Frieser (trad. Nicole Thiers), Le Mythe de la guerre-éclair : la campagne de l'Ouest de 1940 [« Blitzkrieg-Legende : der Westfeldzug 1940 »], Paris, Belin, , 2e éd., 479 p. (ISBN978-2-7011-2689-0), p. 111 à 113 et 161.