Grosse Île (archipel de L'Isle-aux-Grues)

Grosse Île
Les hôtels de la Grosse Île
Présentation
Partie de
Destination initiale
Clinique[2]
Destination actuelle
Musée[2]
Construction
1832 à 1937[2]
Surface
7 700 000 m2Voir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
Patrimonialité
Localisation
Pays
Province
Municipalité
Baigné par
Coordonnées
Localisation sur la carte du Canada
voir sur la carte du Canada
Localisation sur la carte du Québec
voir sur la carte du Québec

La Grosse Île est une île du Québec (Canada), dans le fleuve Saint-Laurent. Elle fait partie de l'archipel de L'Isle-aux-Grues. Cette île de 2 800 m sur 800 se trouve dans la municipalité de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues. Elle est aujourd’hui fortement associée à l’histoire de l’immigration irlandaise au Québec et au Canada en raison de la station de quarantaine qui y fut active entre 1832 et 1937. On y trouve maintenant le Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais[3].

Histoire

Avant la station de quarantaine

Grosse-Île (connue au XVIIe siècle sous le nom de l’île de Grâce) est concédée au gouverneur Charles Huault de Montmagny en 1646[4]. Grosse-Île n’aurait pas été habitée au cours du XVIIIe siècle, mais la chasse y aurait été pratiquée. Ceci est connu car l’Intendant Gilles Hocquart interdit toute chasse sur l’île sans l'accord du seigneur[5]. Avant la mise en place d’une station de quarantaine en 1832, l’île aurait été déserte[4].

Débuts de la station de quarantaine

Le choléra se propage rapidement en Asie vers 1826, avant d’atteindre la partie européenne de la Russie vers 1831, puis l’Europe occidentale[6]. Anticipant l’arrivée prochaine du choléra en Amérique du Nord, des magistrats et citoyens de Québec exigent par lettres et pétitions que le gouvernement britannique intervienne pour appliquer les lois déjà en place concernant les passagers à bord des navires traversant l'Atlantique, et pour demander « expressément que les lois de quarantaine de la colonie soient bien appliquées »[6].

Le gouvernement du Bas-Canada établit à Grosse-Île un lieu de quarantaine pour les immigrants arrivant par le fleuve Saint-Laurent. Un poste de quarantaine existait déjà à la Pointe-Lévy[7], mais on le trouvait trop près de Québec. La station de quarantaine entre officiellement en fonction en avec la construction d’une boulangerie, de maisons pour le personnel soignant, de « hangars » pour les couchettes des malades, ainsi qu’un poste de signalisation[8]. Dès l’ouverture de la station de quarantaine en 1832, tout navire transatlantique en direction de Québec doit s’arrêter à Grosse-Île, et se conformer à certains règlements :

« Ils [les navires] devaient s’arrêter pour inspection à un endroit indiqué par des bouées. Lorsque quiconque à bord avait été en contact avec un agent contagieux, les pilotes devaient ancrer les navires identifiés par « un drapeau bleu flottant devant le mât de misaine ». Tous les navires devaient avoir un certificat médical avant de mettre les voiles pour Québec, à quelques trente milles en amont. Ils devaient subir une autre inspection officielle rendus à Québec; on prenait connaissance du certificat émis à la Grosse-Île, et les passagers étaient de nouveau examinés avant que ne soit hissé un drapeau rouge qui autorisait le débarquement[8]. »

Un médecin inspecteur montait à bord pour vérifier s’il y avait des malades à bord, et ne permettait au navire de poursuivre son trajet que s’il était satisfait que ce ne fut pas le cas. À certains moments, ce rôle est rempli par des officiers de la marine qui ne sont pas médecins[9].

Les immigrants irlandais ne sont pas les seuls à transiter par Grosse-Île. Par exemple, des immigrants anglais, écossais, allemands et norvégiens transitent aussi par la station de quarantaine au cours du XIXe siècle[10]. Par contre, les Irlandais arrivent à la station en si grand nombre et dans des conditions si piètres que le nom de Grosse-Île est rapidement associé à l’histoire des immigrants irlandais et à la mémoire collective de cette communauté[10].

1847

Bateau à vapeur Lac Champlain arrivant au port, Québec, oct. 1911
Bateau à vapeur Lac Champlain arrivant au port, Québec, oct. 1911

L’année 1847 est une année charnière à Grosse-Île. Près de 60 000 immigrants irlandais y débarquent[11], bon nombre d’entre eux souffrant de fièvre et de malnutrition à la suite des impacts de la famine qui sévit alors en Irlande.

Les premiers signes de pommes de terre qui pourrissaient à même le sol apparaissent à l'automne 1845. L’on sait maintenant que ce phénomène était dû au mildiou de la pomme de terre causé par un micro-organisme du nom du Phytophthora infestans. C'est en 1846, une fois les réserves de pomme de terre de l'année précédente épuisées, que des Irlandais commencent à mourir de faim en grands nombres[12]. Bien que les récoltes de pommes de terre de toute l’Europe sont ainsi affligées au cours des années 1840, l’impact en Irlande est particulièrement dévastateur car la pomme de terre y était presque une monoculture[13]. À cette époque un homme irlandais peut manger de 4 à 5 kilogrammes de pommes de terre par jour, et une femme, de 2 à 3 kilogrammes[14]. On estime qu’environ un million d’Irlandais (sur une population en 1841 de 8,5 millions de personnes) périssent de cette famine, et qu’environ un million et demi d’autres sont contraints de quitter l’Irlande[15]. D’ailleurs, le surintendant médical de Grosse-Île, le Dr George M. Douglas, prévient le gouverneur général du Canada en 1846 qu’il anticipe une augmentation significative du nombre d’immigrants irlandais, dont plusieurs sont malades, en raison des mauvaises récoltes de pommes de terre en Irlande[16]. C'est sans compter que la traversée de l'Atlantique se faisait souvent à bord de navires marchands dans des conditions surpeuplées et insalubres propices à la propogation du typhus. Les historiens André Charbonneau et André Sévigny expliquent ainsi l’impact de cette immigration de masse : « Et si, chez les riverains du grand fleuve particulièrement, la marée humaine de 1847 s’est instantanément inscrite dans l’histoire, son souvenir et son pouvoir évocateur exceptionnel l’ont, du même coup, catapultée dans la légende »[17].

Dessin célèbre de Bridget O'Donnel et ses enfants en 1849, souffrant des effets de la famine de la pomme de terre

Les émigrants irlandais arrivent donc à Grosse-Île avec un système immunitaire affaibli par un manque de nourriture, et sont plus nombreux que d’habitude à tomber malade et à mourir en quarantaine. En 1846, l’hôpital de Grosse-Île reçoit deux fois le nombre habituel de patients[18]. L’année suivante, les autorités à Grosse-Île sont prises de cours par l’ampleur de la vague migratoire, ainsi que par les ravages causés par le typhus, entre le et le [19]. Au début du mois de mai, il y a 200 lits réservés aux malades à la station de quarantaine de Grosse-Île; on anticipe, selon le nombre de malades des années précédentes, que ce sera amplement suffisant. Cependant, 285 malades doivent être accueillis en quatre jours seulement (du 14 au 19 mai), et le nombre de passagers en santé dépasse les capacités des abris présents sur l’île. Ces passagers en santé sont contraints de rester sur les navires en quarantaine[20]. Alors que les navires ne cessent d’arriver à la station, on enterre vers la fin-mai entre 50 et 60 personnes par jour sur l’île[21]. Des médecins supplémentaires sont assignés à la station et des tentes et hôpitaux supplémentaires sont érigés pour pallier les lacunes. Les conditions sanitaires et la promiscuité sur l'île, où des centaines de personnes malades côtoient des gens encore en santé, aggravent la contagion[21].

Une réponse gouvernementale à cette crise s’organise à partir de . Le , le gouvernement du Canada-Uni, devant l'ampleur des dépenses occasionnées, proteste auprès du gouvernement impérial, qui semblait faire peu de cas de ses sujets irlandais[22]. Le gouverneur général fait construire des abris supplémentaires pouvant accueillir 2 000 malades, et fait amener des provisions par bateau-vapeur à l’île et aux navires en quarantaine[23]. Certaines recommandations d’une commission d’enquête sont aussi appliquées, dont le recrutement de personnel médical additionnel, l’accueil sur l’île de tous les malades encore sur les navires et la construction d’abris et d’hôpitaux pour accueillir toutes ces personnes[23]. Il en résulte qu’en début , de plus en plus de gens sont mieux soignés. Par contre ce répit n’est que temporaire; les ravages du typhus s'intensifient le mois suivant. Alors qu’en juillet le nombre quotidien moyen de malades hospitalisés est de 1 454, en août il est de 2 021[24]. Au mois d’août il y a à chaque semaine entre 225 et 325 décès[24]. Les mesures sanitaires en vigueur à la station de quarantaine sont resserrées, car certaines personnes y ayant transité et ayant été déclarées être en bonne santé tombent malades une fois en route vers Montréal[25]. Une quarantaine plus sévère est imposée aux passagers des navires où il y a des malades: 20 jours d'attente à bord, ou 7 jours après le dernier cas de maladie sur le navire en question[25]. L’afflux de navires passant par la station ralentit à partir de , le nombre moyen quotidien de malades admis dans les hôpitaux ayant fléchit à 1 330[26]. Ce fléchissement de la contagion permet au surintendant de finir d’organiser la station de quarantaine de façon optimale: on y retrouve éventuellement « des hôpitaux avec literie capables de recevoir 2 000 malades, deux autres, dans l’est, pouvant prendre soin de 300 convalescents, une douzaine d’abris permettant d’héberger 3 500 voyageurs en santé, des cuisines, des lavoirs, des quartiers de policiers, des logements pour médecins et fonctionnaires, etc. Seul manquait un quai, ou débarcadère, à la pointe est de l’île, pour aider à l’embarquement et au débarquement des émigrés sains et de leurs bagages »[26]. » En octobre, les autorités commencent à évacuer les émigrants de Grosse-Île vers Montréal et Québec en prévision de la fermeture de la station pour l’hiver. En date du , on ne compte plus que 400 immigrants sur l’île. Le , il ne reste désormais plus que quelques membres du personnel de la station, qui est officiellement fermée pour l’hiver le [27].

Les récits des événements de 1847 à Grosse-Île portent une attention particulière à l’aide apportée aux immigrants irlandais par la population locale. Outre les policiers et le personnel médical, plusieurs membres du clergé – autant catholiques que protestants – viennent offrir aide médicale et secours spirituel aux malades tout au long de l’été 1847[28]. Comme les autres employés de la station, ces gens prennent le risque de contracter le typhus et d’en mourir afin de venir en aide aux immigrants. On estime que 44 membres du personnel de la station périssent dans l’exercice de leurs devoirs[29].

Plusieurs citoyens fournissent aussi de l’aide selon leurs moyens, ou écrivent aux autorités pour réclamer « qu’on leur [les immigrants] fournisse de l’emploi dans les travaux publics et que l’on finance les soins aux orphelins »[30]. Plusieurs familles canadiennes-françaises adoptent des orphelins irlandais dont les parents sont morts à Grosse-Île ou durant la traversée de l’Atlantique; plusieurs de ces enfants vont d'ailleurs conserver leur nom de famille d'origine[31]. Des registres comme ceux de l’Asile catholique de Québec, par exemple, nous fournissent les noms de certains de ces orphelins, ainsi que ceux de leurs parents adoptifs[32]. Cependant, comme l’indique l’historienne Marianna O'Gallagher, les réactions de la population canadienne face aux immigrants irlandais vont « de l’hostilité et du désintéressement à l’accueil chaleureux et au dévouement »[30]. Par exemple, en des citoyens de Québec, craignant la contagion, détruisent un hôpital temporaire pour migrants qui avait été érigé près du port du Québec[11].

Statistiques

Des tombes à Grosse-Île

Le bilan de l’été 1847 peut se résumer ainsi: plus de 90 000 immigrants débarquent à Québec, 400 navires sont inspectés à Grosse-Île, 8 691 personnes sont hospitalisées sur l’île (dont 3 238 y meurent) et 5 293 autres qui étaient déjà décédés à bord de leur navire durant la traversée de l’Atlantique[29].

Certains historiens font toutefois état d’écarts et de contradictions dans les statistiques d’arrivées, de malades, et de décès. Michael Quigley explique l’impact de certains problèmes méthodologiques sur les statistiques des immigrants arrivés à Grosse-Île: certaines statistiques d’immigration en provenance de Grande-Bretagne sont erronées, car certains bateaux initialement destinés aux États-Unis sont redirigés vers des ports en Amérique du Nord britannique[33].

Un autre problème survient si on considère que dans certains cas les passagers de navires sont comptés selon différentes définitions d’un « statute adult » selon la réglementation en vigueur sur les navires britanniques de l’époque. Un « statute adult » peut représenter une personne âgée de 14 ans ou plus, une mère et son enfant âgé de moins d’un an, ou deux enfants âgés entre un an et quatorze ans[34]. Cela explique pourquoi, par exemple, un navire pouvait officiellement déclarer transporter 633 « adultes », malgré le fait qu’il y avait pourtant 816 personnes à bord[35].

André Charbonneau et André Sévigny indiquent que le nombre total de sépultures à Grosse-Île est difficile à établir avec précision, citant comme cause « l’imprécision des chiffres relatifs aux décès survenus à bord des navires, au moment de la quarantaine, le nombre de corps qui ont été débarqués pour être ensevelis dans le cimetière de la Grosse-Île étant difficile à évaluer »[36].

Autre source d’incertitude: les autorités ont gardé des traces officielles uniquement pour les arrivants qui devaient être hospitalisés. Peu ou pas de traces existent de ceux dont l’état de santé ne nécessitait pas l'hospitalisation[37].

Malgré l’incertitude des chiffres, selon l’historien Michael Quigley, il est moins important d’arriver à un chiffre précis, que de reconnaître le caractère sacré de l’île pour les Irlandais et les Irlandaises, vu la souffrance et les décès qui ont marqué l'histoire de Grosse-Île[38].

Ralentissements des activités de la station de quarantaine

En 1857, le gouvernement britannique transfère la responsabilité de la station de quarantaine au gouvernement du Canada, qui l’a dévolu au ministère de l’Agriculture, déjà très impliqué à l’époque dans la promotion de l’immigration[39]. Le Dr Douglas demeure en poste comme surintendant civil de l’île jusqu’en 1864, avant d’être remplacé par le Dr Anthony Von Iffland (jusqu’en 1869), auquel succède le Dr Frédérick Montizambert (jusqu’en 1899), et ensuite le Dr G. E. Martineau (jusqu’en 1929)[40]. Pendant cette période (1857 à 1929) il y a des moments où les infrastructures médicales de l’île sont moins utilisées que d’habitude, car moins de maladies sont détectées sur les navires. L'entretien des installations de débarquement est alors négligé[41]. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, sous la direction du Dr Montizambert, la mission de Grosse-Île comme station de quarantaine est revue. Jadis vouée à une quarantaine de détention des navires, elle devient le site d’une quarantaine de désinfection et de prévention. Ce changement reflète de nouvelles avancées scientifiques de l’époque sur la compréhension de la transmission des maladies[42]. Par exemple, dans les années 1890, des dispositifs de désinfection à base d’eau chaude et de bichlorure de mercure sont utilisés pour réduire le risque de propagation du choléra qui avait resurgi en Europe[43],[44].

Au cours des années 1930, la pertinence de Grosse-Île comme station de quarantaine est remise en question. Cela s’explique en grande partie par l’ouverture de quarantaines sanitaires à Montréal et à Québec, ainsi que par un meilleur contrôle des maladies au XXe siècle, par rapport au XIXe[45]. Aussi les compagnies de paquebots préfèrent que leurs bateaux se rendent, dans la mesure du possible, directement à Montréal plutôt que de s’arrêter à Québec ou à Grosse-Île[46]. Ces facteurs réduisent considérablement le rôle de Grosse-Île dans la navigation sur le fleuve Saint-Laurent. Alors que l’île est de moins en moins utilisée comme lieu de quarantaine, elle est placée sous la juridiction du ministère des Travaux Publics en 1937. À l’automne 1937, des journaux de Québec annoncent la fermeture de la station; les activités de quarantaine cessent pour de bon en 1938, et les derniers dossiers médicaux sont fermés en [47].

Lors de la Deuxième guerre mondiale, le ministère de la défense nationale prend le contrôle de l’île et y établit une station de recherche axée sur la guerre bactériologique[48]. De 1942 à 1956, l'île est le lieu d'expériences bactériologiques secrètes des armées canadienne et américaine. On y fait entre autres des expériences sur la maladie du charbon[49] et sur l'anthrax[50].

Plus tard, à la demande du ministère de l’Agriculture, une station de quarantaine pour le bétail importé est mise en place[51].

Commémorations

Le Dr George M. Douglas, surintendant médical de la station de quarantaine en 1847, fait ériger vers 1849 un petit monument de marbre pour honorer les médecins morts au cours de leurs efforts pour sauver les malades[52],[53]. Ce monument serait le premier de la sorte à être érigé à Grosse-Île[53].

Monument aux médecins, érigé par le Dr Douglas

À la suite de la vague migratoire de 1847, Grosse-Île devient rapidement un lieu de mémoire primordial pour la communauté irlandaise du Canada et du Québec. À partir de 1897, l’Ancient Order of Hibernians (en) (AOH), une société fraternelle irlando-catholique, devient un des principaux groupes à réclamer la construction d’un monument convenable à la mémoire des Irlandais décédés à Grosse-Île. La section de Québec de l’AOH se rend à Grosse-Île en pèlerinage en 1897 pour commémorer le 50e anniversaire de la pire année de la famine irlandaise, en 1847[38]. Dans les années qui suivent, les sections nord-américaines de l’AOH entreprennent de lever des fonds pour financer la construction d’un monument qu’elles jugent approprié pour « rappeler le souvenir des malheureux exilés irlandais et afficher notre réprobation des gestes politiques inacceptables dont ils furent les victimes »[54].

Le monument - une croix celtique haute de 46 pieds faite de granit gris de Stanstead – est érigé au printemps et à l’été 1909. Trois textes, un en français, un en anglais et un en gaélique, sont gravés à la base du monument. Le texte en français se lit ainsi :

« À la pieuse mémoire de milliers d’Irlandais qui pour garder la foi souffrirent la faim et l’exil et, victimes du typhus, finirent ici leur douloureux pèlerinage, consolés et fortifiés par le prêtre canadien.

"Ceux qui sèment dans les larmes moissoneront dans la joie."

PS. XXV. 5[55],[56]. »

Croix dressée à Grosse-Île pour commémorer les morts

Outre les trois textes, un quatrième panneau indique les noms de prêtres qui vinrent donner des soins aux malades en 1847[57].

Le gouvernement canadien décide dans les années 1970 de mettre en valeur l’importance historique de Grosse-Île[58]. Le site est d’ailleurs déclaré « site historique national » en 1984[59]. Par contre des désaccords persistent à l’époque sur la manière de présenter l’histoire de l’île. Lors des premières discussions en ce sens dans les années 1990, Parcs Canada souhaite qu’un futur site historique à Grosse-Île célèbre de manière plus générale l’apport des immigrants européens du XIXe siècle à la société canadienne. Cela s’explique en partie par le désir du gouvernement canadien de présenter un récit cohérent aligné sur le multiculturalisme canadien afin de miner les efforts du Québec pour une représentation spéciale au sein du Canada[60]. Dans cette optique, il ne convenait ni de mettre l'accent sur les aspects tragiques de l’histoire de Grosse-Île – comme le choléra en 1832 et la dévastation de 1847 – ni de mettre l'accent sur l’expérience historique des Irlandais au détriment de celles d’immigrants d’autres nationalités[61]. Face à ces intentions manifestées par Parcs Canada, la communauté irlandaise du Canada se mobilise pour contester ce qui est, à leurs yeux, une représentation inexacte de leur histoire.

Marianna O’Gallagher, historienne et l'une des principales architectes du projet d’un site historique sur Grosse-Île, écrit en 1984 que l’île « est certes précieuse. Il faut la fouler en toute conscience de son histoire, avec respect, bienveillance et curiosité, en étant prêt à recréer des scènes du passé. Les visiteurs souvent mal informés désirent s’initier à la fascinante histoire de Grosse-Île. Un centre d’information, voire d’interprétation, les préparerait bien à une visite dans le passé, à un pèlerinage. Évitons à tout prix les snacks bars. L’île tient lieu, après tout, de vaste cimetière... »[62]. » Plusieurs des recommandations de la communauté irlando-canadienne sont communiquées par l’entremise de groupes communautaires, dont Action Grosse-Île et le Irish Solidarity Committee[63]. Finalement, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada décide en 1994 de se concentrer sur l’aspect irlandais de Grosse-Île sous la thématique plus large de l’immigration[64]. En 1996, le gouvernement canadien met encore l'accent sur l’expérience irlandaise à Grosse-Île en annonçant par l’entremise de la ministre du Patrimoine canadien Sheila Copps qu'elle ne serait pas commémorée sous le thème de l’immigration. Plutôt, le site serait nommé « Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais »[65]. Il porte toujours ce nom.

Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial des Irlandais

Coucher de soleil sur le fleuve Saint-Laurent à partir de la Grosse île.

En 1984, la Corporation pour la mise en valeur de Grosse-Île, organisme sans but lucratif, a été fondée par Jean-Marie Dionne, auparavant médecin-vétérinaire pour le ministère canadien de l'agriculture à l'époque où Grosse-Île était un lieu de quarantaine animale. La corporation travaille avec Parcs Canada afin de conserver le lieu et de le mettre en valeur[66].

Le Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais est ouvert au public de mai à octobre[3]. En plus de visiter les divers monuments de l’île et le cimetière irlandais, les visiteurs peuvent participer à des activités interactives et voir des expositions muséales sur l’histoire médicale sur l’île ainsi que sur la vie sur l’île au fil du temps[67].

Culture populaire

Le roman Entry Island (2013) (d'après l'Ile d'Entrée aux Iles de la Madeleine) de l'Écossais Peter May décrit la pénible traversée, l'arrivée, le séjour, et l'évasion de migrants écossais sur Grosse Ile dans les années 1840, dans la foulée de l'épisode des highland clearances en Écosse et en Irlande.

Il y a des romans québécois dont les histoires se déroulent (principalement ou en partie) à Grosse-Île: par exemple, Terreur sur l’île (Carolyn Chouinard), Les semeurs d’espoir (Micheline Duff), et L’Odyssée des Gaëls: de l’Irlande à l’Amérique (Anne-Michèle Lévesque)[68],[69],[70].

Il existe aussi au Québec un groupe de musique traditionnelle ayant choisi Grosse Isle comme nom. Le répertoire de ce groupe comprend des pièces traditionnelles de l’Irlande et du Québec, ainsi que des compositions originales des membres du groupe: Sophie Lavoie au violon, Fiachra O’Regan à la cornemuse irlandaise et au banjo, et André Marchand à la guitare[71].

Notes et références

  1. « Lieu historique national du Canada de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais », sur Toponymie du Canada (consulté le )
  2. a b et c « Lieu historique national du Canada de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais », sur Les lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  3. a et b Gouvernement du Canada, « Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais », (consulté le ).
  4. a et b L'Encyclopédie canadienne, « Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais », (consulté le ).
  5. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, , 188 p. (ISBN 0969080549), p. 15.
  6. a et b Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 20.
  7. Voir Histoire de la ville de Lévis.
  8. a et b Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 22.
  9. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 35.
  10. a et b Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 47.
  11. a et b Réjean Lemoine, « Grosse-Île: Cimetière des immigrants au XIXe siècle », Cap-aux-Diamants: La revue d'histoire du Québec, vol. 1, no 2,‎ , p. 11 (lire en ligne).
  12. (en) Cormac Ó Gráda, The Great Irish Famine, Dublin, UCD Press, 2006, p.  9.
  13. Bernier, Isabelle. « La Grande Famine en Irlande en 1845 », Futura, La Grande Famine en Irlande en 1845 (futura-sciences.com).
  14. (en) Cormac Ó Gráda, The Great Irish Famine, Dublin, UCD Press, 2006, p.  7.
  15. « Le déclin démographique de l'Irlande », L'Histoire,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, (ISBN 0-660-95552-0), p. 3.
  17. André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), pp.  1-2.
  18. (en) Michael Quigley, « Grosse Ile: Canada's Irish Famine Memorial », Labour/Le Travail, vol. 39,‎ printemps 1997, p. 195-214, p. 202.
  19. André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  1.
  20. André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), pp.  3-4.
  21. a et b André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  4.
  22. (en) « St. Paul's College - University of Manitoba », sur umanitoba.ca (consulté le ).
  23. a et b André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  5.
  24. a et b André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  7.
  25. a et b André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  8.
  26. a et b André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  9.
  27. André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  12.
  28. (en) Sharon Doyle Driedger, An Irish Heart: How a Small Immigrant Community Shaped Canada, Toronto, HarperCollins Publishers Ltd, (ISBN 978-0-00-639488-4), p. 24.
  29. a et b André Sévigny, « La Grosse Île: quarantaine et immigration à Québec (1832-1937) », Les Cahiers des dix, vol. 47,‎ , p. 162 (lire en ligne).
  30. a et b Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 55.
  31. Gallagher, The Irish Emigration of 1847 and its Canadian Consequences.
  32. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), pp. 121-148.
  33. (en) Michael Quigley, « Grosse Ile: Canada's Irish Famine Memorial », Labour/Le Travail, vol. 39,‎ printemps 1997, p. 195-214, p. 211. Citant Cecil Woodham-Smith, The Great Hunger: Ireland 1845-49. London 1962, pp. 239-240.
  34. (en) Michael Quigley, « Grosse Ile: Canada's Irish Famine Memorial », Labour/Le Travail, vol. 39,‎ printemps 1997, p. 195-214, p. 211.
  35. (en) Michael Quigley, « Grosse Ile: Canada's Irish Famine Memorial », Labour/Le Travail, vol. 39,‎ printemps 1997, p. 195-214, p. 211. Citant Padraic O Laighin, « Grosse Ile: The Holocaust Revisited », dans Robert O'Driscoll et Lorna Reynolds, eds., The Untold Story: The Irish in Canada (Toronto, 1988), v. 1, p. 89.
  36. André Charbonneau et André Sévigny, 1847 : Grosse-Île au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1997 (ISBN 0-660-95552-0), p.  17.
  37. McMahon, Colin. « Quarantining the Past : Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 1.
  38. a et b (en) Michael Quigley, « Grosse Ile: Canada's Irish Famine Memorial », Labour/Le Travail, vol. 39,‎ printemps 1997, p. 195-214, p. 213.
  39. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 71.
  40. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), pp.  71-72.
  41. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 74.
  42. Martin Tétreault, « Frederick Montizambert et la quarantaine de Grosse Île, 1869-1899 », Scientia Canadensis, vol. 19,‎ , p. 5-28, p. 5 (lire en ligne).
  43. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 75.
  44. Catherine François, « Grosse-Île: une page d'histoire du Canada », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  45. Yves Beauregard et Réjean Lemoine, « Marianna O'Gallagher: Historienne de Grosse-Île », Cap-aux-Diamants: La revue d'histoire du Québec, vol. 1, no 2,‎ été 1985, p. 13-15 (lire en ligne [PDF]), p. 14.
  46. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p.  109.
  47. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), pp.  112-113.
  48. Réjean Lemoine, « Grosse-Île : Cimetière des immigrants au XIXe siècle », Cap-aux-Diamants : La revue d’histoire du Québec, vol. 1, no 2,‎ , p. 12 (lire en ligne).
  49. « LaPresse.ca / Actualités et Infos au Québec et dans le monde », sur La Presse (consulté le ).
  50. Normand Perron, « Grosse-Île, entre quarantaine et anthrax », sur Encyclobec, (consulté le )
  51. André Sévigny, « La Grosse Île: quarantaine et immigration à Québec (1832-1937) », Les Cahiers des dix, vol. 47,‎ , p. 191-192 (lire en ligne).
  52. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 85.
  53. a et b Gouvernement du Canada, « Visite branchée - secteur ouest », (consulté le ).
  54. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île: porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549), p. 88. Marianna O’Gallagher cite ici une lettre écrite par son grand-père Jeremiah Gallagher (à titre de président régional de la section de Québec de l’AOH) au président national de l’AOH à Chicago, John T. Keating.
  55. (en) Donovan King, « Pilgrimage to Grosse Isle with the Ancient Order of Hibernians August 2015 », sur Irish Canadian Famine Research, (consulté le ).
  56. Il à noter que les textes diffèrent quelque peu dans les trois langues. Le texte en anglais se lit ainsi : « Sacred to the Memory of Thousands of Irish Emigrants who, to Preserve the Faith, Suffered Hunger and Exile, in 1847-48 and Stricken With Fever Ended Here their Sorrowful Pilgrimage – Erected by the Ancient Order of Hibernians in America and dedicated Feast of the Assumption 1909 ». Le texte en gaélique (en traduction) dit ceci : « Les enfants des Gaëls moururent par milliers sur cette île, ayant fui les lois de tyrans étrangers et une famine artificielle en 1847-48. Que Dieu les bénisse. Que ce monument soit un gage de leur nom et de leur honneur, de la part des Gaëls d’Amérique. Que Dieu sauve l’Irlande. » Traduit du gaélique à l’anglais par Donovan King, puis de l’anglais au français par Jérémy Tétrault-Farber.
  57. (en) The Historical Marker Database, « The Celtic Cross - La croix celtique 1909 », (consulté le ).
  58. McMahon, Colin. « Quarantining the Past : Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 54.
  59. Yves Beauregard et Réjean Lemoine, « Marianna O'Gallagher: Historienne de Grosse-Île », Cap-aux-Diamants: La revue d'histoire du Québec, vol. 1, no 2,‎ été 1985, p. 13-15 (lire en ligne [PDF]), p. 15.
  60. McMahon, Colin. « Quarantining the Past : Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 56.
  61. McMahon, Colin. « Quarantining the Past : Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 49.
  62. Marianna O'Gallagher, « Grosse-Île: un parc national? », Continuité, vol. 23,‎ , p. 44-44 (lire en ligne).
  63. McMahon, Colin. « Quarantining the Past: Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 61, 70.
  64. McMahon, Colin. « Quarantining the Past: Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 74.
  65. McMahon, Colin. « Quarantining the Past: Commemorating the Great Irish Famine on Grosse-Île ». Mémoire de maîtrise, Université Concordia, 2001, p. 76.
  66. Diane Gendron, « La Corporation pour la mise en valeur de Grosse-Île fête son quart de siècle », Le Peuple Côte-Sud,‎ (lire en ligne).
  67. Gouvernement du Canada, « À ne pas manquer », (consulté le ).
  68. La Librairie Gallimard de Montréal, « Terreur sur l'île », sur La Librairie Gallimard de Montréal (consulté le ).
  69. Le Groupe Québec-Amérique, « Les semeurs d'espoir », sur Québec-Amérique, (consulté le ).
  70. La Librairie Gallimard de Montréal, « L'odyssée des Gaëls - Tome 1 », sur La Librairie Gallimard de Montréal (consulté le ).
  71. Compagnie du Nord, « Grosse Isle » (consulté le ).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  1. (en) « The Irish (in countries other than Ireland) », dans Catholic Encyclopedia, consulté le 2012-03-25
  2. Yves Bernard et Caroline Bergeron, Trop loin de Berlin : Des prisonniers allemands au Canada, 1939-1946, Sillery, Éditions du Septentrion, 1995, 358 p. (ISBN 2-89448-021-0)
  3. André Charbonneau et André Sévigny, 1847, Grosse-Ile au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, 1997, xii, 283 p.
  4. (en) John A. Gallagher « The Irish Emigration of 1847 and its Canadian Consequences », dans CCHA Report, 3 (1936), pp. 43-57 (en ligne)
  5. (en) John A. Jordan, The Grosse-Isle Tragedy and the Monument to the Irish Fever Victims 1847 [...], Québec, Telegraph Printing Company, 1909, 136 p. (en ligne)
  6. Marianna O'Gallagher et Rose Masson Dompierre, Les témoins parlent : Grosse Île 1847, Sainte-Foy, Livres Carraig Books, 1995, 437 p.  (ISBN 0-9698581-0-8)
  7. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île : porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549) [traduit par Michèle Bourbeau]
  8. Martin Tétreault, « Frederick Montizambert et la quarantaine de Grosse Île, 1869-1899 », Scientia Canadensis: Canadian Journal of the History of Science, Technology and Medicine / Scientia Canadensis : revue canadienne d'histoire des sciences, des techniques et de la médecine, CSTHA/AHSTC, vol. 19,‎ , p. 5-28 (ISSN 0829-2507 et 1918-7750, résumé)
  9. Jeannette Vekeman Masson, Grand-maman raconte la Grosse-Ile, Sainte-Foy, Éditions la Liberté, 1981, 190 p. (ISBN 2890840158)
  10. Mariages de St-Luc, Grosse-Île - 1834-1937 (Montmagny), relevé et compilé par l'abbé Armand Proulx, Éditions Bergeron & Fils enr, 1976, 10 pages.

Articles connexes

Liens externes

Read other articles:

Ar-Rabi'PermukimanAr-Rabi'Location in the Kingdom of Saudi ArabiaKoordinat: 24°38′N 46°43′E / 24.633°N 46.717°E / 24.633; 46.717Koordinat: 24°38′N 46°43′E / 24.633°N 46.717°E / 24.633; 46.717Negara Arab SaudiPemerintahan • Gubernur Pangeran RiyadhFaisal bin Bandar Al Saud • Wali kotaIbraheem Mohammed Al-SultanKetinggian612 m (2,008 ft)Zona waktuUTC+3 (AST) • Musim panas (...

 

 

Asosiasi Sepak Bola ArgentinaCONMEBOLDidirikan1893Kantor pusatBuenos AiresBergabung dengan FIFA1912Bergabung dengan CONMEBOL1916PresidenJulio GrondonaWebsitewww.afa.org.ar Asosiasi Sepak Bola Argentina (Spanyol: Asociación del Fútbol Argentino (AFA)) adalah badan pengendali sepak bola di Argentina. Badan ini menyelenggarakan beberapa kompetisi di Argentina, dan liganya adalah salah satu yang paling terkenal, yakni Divisi Utama Argentina. AFA didirikan pada 1893 dengan nama Liga Sepak Bo...

 

 

Oddantonio da MontefeltroOddantonio da Montefeltro quale appare, secondo una teoria, nella Flagellazione di Cristo (1460)Duca di UrbinoStemma In carica25 aprile 1443 –22 luglio 1444 Predecessoresé stesso come Conte di Urbino SuccessoreFederico da Montefeltro Conte di UrbinoIn carica21 febbraio 1443 –25 aprile 1443 PredecessoreGuidantonio da Montefeltro Successoresé stesso come Duca di Urbino Nascita18 gennaio 1427 MorteUrbino, 22 luglio 1444 (17 anni) Luogo di sepol...

Protein-coding gene in the species Homo sapiens ADGRV1IdentifiersAliasesADGRV1, FEB4, MASS1, USH2B, USH2C, VLGR1, VLGR1b, GPR98, adhesion G protein-coupled receptor V1External IDsOMIM: 602851 MGI: 1274784 HomoloGene: 19815 GeneCards: ADGRV1 Gene location (Human)Chr.Chromosome 5 (human)[1]Band5q14.3Start90,529,344 bp[1]End91,164,437 bp[1]Gene location (Mouse)Chr.Chromosome 13 (mouse)[2]Band13 C2- C3|13 42.18 cMStart81,243,187 bp[2]End81,781,273 bp&#...

 

 

Mexican dish Pechuga adobada Adobada (Spanish for marinated) is a preparation for many dishes that are common in Mexican cuisine. Adobada is generally pork marinated in a red chili sauce with vinegar and oregano, but it can refer to different types of meat and to marinades closer to al pastor.[1] It is generally served on small, pliable maize tortilla along with sautéed vegetables and cheese. New Mexico Main article: New Mexican cuisine New Mexico red chili peppers Carne adovada is a...

 

 

Conflict prompted by two or more individuals claiming rightful leadership of a monarchy Not to be confused with war of secession. This article is about (princely) wars during succession crises. For princely wars against well-established monarchs, see princely rebellion. After Charles II's death, Louis XIV of France proclaims his grandson Philip of Anjou the new Spanish king (November 1700), triggering the War of the Spanish Succession (1701–1714). Part of a series onWar History Prehistoric ...

Yang MuliaFlorentinus Sului Hajang HauM.S.F.Uskup Agung SamarindaGerejaGereja Katolik RomaKeuskupan agungSamarindaPenunjukan5 April 1993(44 tahun, 115 hari)Masa jabatan berakhir18 Juli 2013(64 tahun, 219 hari)PendahuluMichael Cornelis C. Coomans, M.S.F.PenerusYustinus Harjosusanto, M.S.F.ImamatTahbisan imam6 Februari 1976[1](27 tahun, 57 hari)oleh Wilhelmus Joannes Demarteau, M.S.F.Tahbisan uskup21 November 1993oleh Yulius Aloysius Husin, M.S.F....

 

 

Christopher Nolan reçoit l'Oscar du meilleur réalisateur pour son film Oppenheimer en 2024. L’Oscar du meilleur réalisateur (Academy Award for Best Director) est une récompense cinématographique américaine décernée chaque année, depuis 1929 par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), laquelle décerne également tous les autres Oscars. Exception faite de la 1re cérémonie des Oscars, qui fut la seule fois dans l'histoire des Oscars où deux réalisateurs furent...

 

 

Навчально-науковий інститут інноваційних освітніх технологій Західноукраїнського національного університету Герб навчально-наукового інституту інноваційних освітніх технологій ЗУНУ Скорочена назва ННІІОТ ЗУНУ Основні дані Засновано 2013 Заклад Західноукраїнський �...

Bago Medaw also known as the Buffalo Mother or Lady Buffalo A shrine of Bago Medaw at Hintha Gon Pagoda in Bago. Bago Medaw (also known as the Buffalo Mother or Lady Buffalo; Burmese: ပဲခူးမယ်တော်, IPA: [bəɡó mɛ̀dɔ̀] or နံကရိုင်းမယ်တော်, IPA: [nàɰ̃kəɹáiɰ̃ mɛ̀dɔ̀]) is a Burmese nat commonly venerated in the vicinity of Bago (although worship is seen throughout Lower Burma).[1] Bago Medaw is depic...

 

 

جائزة إسبانيا الكبرى 1968 (بالإنجليزية: XIV Spanish Grand Prix)‏  السباق 2 من أصل 12 في بطولة العالم لسباقات الفورمولا واحد موسم 1968 السلسلة بطولة العالم لسباقات فورمولا 1 موسم 1968  البلد إسبانيا  التاريخ 12 مايو 1968 مكان التنظيم مدريد، إسبانيا طول المسار 3.404 كيلومتر (2.115 ميل) المسا...

 

 

1938 novel by Daphne du Maurier For the 1903 children's novel by Kate Douglas Wiggin, see Rebecca of Sunnybrook Farm. For the 2001 novel by Orson Scott Card, see Rebekah (novel). Rebecca First editionAuthorDaphne du MaurierLanguageEnglishGenreCrime, gothic, mystery, romancePublisherVictor Gollancz LtdPublication date5 August 1938[1]Publication placeUnited Kingdom Rebecca is a 1938 Gothic novel written by English author Daphne du Maurier. The novel depicts an unnamed young woman who im...

Main article: 1956 United States presidential election 1956 United States presidential election in Kansas ← 1952 November 6, 1956[1] 1960 → All 8 Kansas votes to the Electoral College   Nominee Dwight D. Eisenhower Adlai Stevenson Party Republican Democratic Home state Pennsylvania[a][2] Illinois Running mate Richard Nixon Estes Kefauver Electoral vote 8 0 Popular vote 566,878 296,317 Percentage 65.44% 34.21% County Resul...

 

 

Keju casolèt Masakan Trentino Alto Adige (cucina trentina) adalah masakan yang berasal dari regione Trentino-Alto Adige, Italia Utara. Kawasan Trentino Alto Adige terletak di daerah lembah yang dibatasi dengan puncak-puncak pegunungan Alpen yang dinamakan dolomites. Tradisi kuliner daerah ini merupakan perpaduan antara Italia dan Jerman. Bahan-bahan utama yang dihasilkan adalah anggur, keju, madu, buah-buahan dan sayuran yang berkualitas bagus karena diproduksi di lahan yang masih alami. Sel...

 

 

Most Favourite Movie MTV Indonesia Movie AwardsLogo MIMANegara asalIndonesiaRilis asliJaringanGlobal TVRilis2004 –2007 Most Favourite Movie MTV Indonesia Movie Awards adalah penghargaan MTV Indonesia Movie Awards yang diberikan kepada pemenang film terfavorit yang dipilih oleh pemirsa melalui vote via sms dan internet. Pemenang & Nominasi Tahun Pemenang Nominasi lain 2004 Eiffel I'm In Love Arisan! Mengejar Matahari 30 Hari Mencari Cinta Tusuk Jelangkung 2005 Ungu Violet Janji Jon...

1996 single by Michael JacksonStranger in MoscowSingle by Michael Jacksonfrom the album HIStory: Past, Present and Future, Book I B-sideOff the Wall (Junior Vasquez Mix)Released November 4, 1996 (1996-11-04) (worldwide) July 4, 1997 (1997-07-04) (US) Recorded1993 – January 1994[1]Studio Neverland Ranch (Los Olivos, California) The Hit Factory (New York City) Sony Music (New York City) GenreR&BLength 5:44 (album version) 5:24 (album edit) 4:05 (radi...

 

 

City in Germany This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) You can help expand this article with text translated from the corresponding article in German. (February 2009) Click [show] for important translation instructions. View a machine-translated version of the German article. Machine translation, like DeepL or Google Translate, is a useful starting point for translations, bu...

 

 

Историческое государствоРеспублика Соединённых Штатов Бразилиипорт. República dos Estados Unidos do Brasil Флаг Герб Девиз: «порт. Ordem e Progresso»«Порядок и прогресс» Гимн: «порт. Hino Nacional Brasileiro»«Национальный гимн Бразилии» ← ←   → 15 ноября 1889 — 24 октября 1930 Столица Рио-де-Жанейро ...

281 BC–62 AD kingdom in northern Anatolia For other uses, see Pontus. This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Kingdom of Pontus – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (November 2019) (Learn how and when to remove this message) Kingdom of Pontus281 BC–62 ADThe Kingdom of Pontus at its heigh...

 

 

Chemical operations that separate fissile material from spent fuel to be recycled as new fuel This article includes a list of general references, but it lacks sufficient corresponding inline citations. Please help to improve this article by introducing more precise citations. (May 2012) (Learn how and when to remove this message) Sellafield nuclear reprocessing site, UK Nuclear reprocessing is the chemical separation of fission products and actinides from spent nuclear fuel.[1] Origin...