Les résultats définitifs des élections du ont été annoncés le soir du par le ministre de l'Intérieur Taib Cherkaoui[2], le taux de participation a enregistré une légère hausse, s'établissant à 45,40 % alors que celui-ci s'était constamment réduit depuis les législatives de 1984 (67 % en 1984, 62 % en 1993, 58 % en 1997, 50 % en 2002 et 37 % en 2007).
Avec 27 % des sièges à la chambre basse du Parlement, le Parti de la justice et du développement doit se résoudre à former un gouvernement de coalition. Le , trois jours après l'annonce officielle des résultats du scrutin, le PJD lance officiellement un appel aux partis de la Koutla[4]. L'Istiqlal (deuxième au scrutin avec 60 sièges) est le premier parti à se dire intéressé tandis que l'USFP (39 sièges) décline l'offre le [5], préférant regagner une crédibilité dans l'opposition. Le troisième parti de la Koutla, le Parti du progrès et du socialisme, annonce quant à lui son ralliement au PJD le [6], invoquant un « compromis historique » qui justifie le dépassement des divergences idéologiques opposant les deux mouvements[7].
De son côté, l'Alliance pour la démocratie, coalition politique hétéroclite de partis couramment surnommée le G8 et formée le dans la perspective des élections, se fissure. Si le PJD a d'emblée écarté l'hypothèse d'une alliance avec le Parti authenticité et modernité (47 sièges)[8], plusieurs partis de la coalition se déclarent intéressés, en premier lieu le Mouvement populaire (32 sièges) et l'Union constitutionnelle (23 sièges)[9]. Le , le bureau politique du Mouvement populaire vote à l'unanimité le ralliement au PJD, outrepassant les réticences de la frange réformatrice de la base du parti[10].
Coalition gouvernementale
Après 2 semaines de négociations entre le chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkiran et les partis politiques susceptibles de participer au gouvernement, la coalition a été officiellement dévoilée le soir du lundi à la suite de la réunion d'Abdelilah Benkirane avec les secrétaires généraux des partis ayant accepté la participation. Après 5 semaines de négociations, la liste gouvernementale a été approuvée et nommée officiellement le par le roi Mohammed VI.
Le , le conseil national du parti de l'Istiqlal annonce son retrait de la coalition gouvernementale à la suite d'une réunion extraordinaire tenue à Rabat. Le début de cette crise politique commence en effet en septembre 2012, à la suite de l'élection de Abdelhamid Chabat à la tête du parti de l'Istiqlal, il critique alors publiquement le bilan gouvernemental et appelle au retrait de ses six ministres partisans du gouvernement. Le roi, alors en voyage privé en France, depuis le , obtient néanmoins, par téléphone, un ajournement de la décision des instances dirigeantes de l'Istiqlal[11]. Le , cinq des six ministres istiqlaliens déposent officiellement leur démission au chef gouvernement[12], seul Mohamed Louafa refuse de mettre à exécution la décision de retrait du gouvernement prise par son parti et maintient son poste à l'Éducation nationale[13], il est suspendu par conséquent de son parti le .
Conformément à l'article 88 de la constitution, le Chef du gouvernement a présenté le programme gouvernemental le mardi devant les membres du parlement.
Le jeudi , le parlement a approuvé ce programme par 218 voix contre 135. Aucune abstention n'a été enregistrée[15].
Les cinq grands axes du programme
La déclaration gouvernementale repose sur trois bases[16] sur lesquelles seront fondées les politiques gouvernementales, ainsi que leurs mises en application:
action intégrée ;
l'approche coopérative;
lier la responsabilité à la reddition des comptes.
Dans la page 9 du programme qui en compte 97, cinq grandes directives sont instaurées :
la consolidation de l’identité nationale unifiante dans la diversité de ses composantes tout en s’ouvrant sur les civilisations, les cultures et les langues étrangères ;
la protection des droits et libertés acquis et leur élargissement, la régionalisation élargie et la bonne gouvernance ;
le renforcement de l’économie nationale, la création d’emplois décents et l'instauration d'une politique économique garantissant une répartition équitable des richesses ;
l’adoption d’un nouveau pacte social axé sur la solidarité entre les différentes couches sociales, entre les générations et les régions et assurant aux citoyens l’accès aux prestations sociales ;
l'encouragement de la réactivité positive avec l'environnement régional et mondial et le renforcement du service public au profit des marocains résidant à l'étranger ;
Réactions de la classe politique
Ce programme a été qualifié par la majorité de la classe politique de "très ambitieux et d'audacieux"[17]. Mais l'accusation qui revient le plus souvent à l'égard du PJD et de son programme, jugé irréaliste, c'est celle de pratiquer le populisme[18].
Débats parlementaires
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Programme gouvernemental face aux attentes de la société civile
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Le chômage, le manque de prestations sociales adéquates et les problèmes liés au déséquilibre entre le pouvoir d'achat des citoyens et les prix exorbitants de l'habitat et des services médicaux constituent les principaux défis à l'action gouvernementale[19].
Mise en application du programme
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Popularité
Un peu plus d'une semaine après la victoire électorale du PJD le , un sondage d'opinion réalisé pour le compte de l'hebdomadaire Actuel par l'institut LMS-CSA (filiale marocaine de l'institut de sondage français CSA) révèle que 82 % des Marocains font confiance au Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane[n 2]. Il montre aussi que la lutte contre la corruption, l'amélioration de l'accès aux soins et la réforme de l'éducation constituent alors les dossiers prioritaires du gouvernement aux yeux de la population[20].
Critiques du roi Mohammed VI
Le roi Mohammed VI a en l'espace de trois semaines critiqué ouvertement le bilan du gouvernement à travers deux discours pronnocés. Le , à l'occasion de la fête du Trône, le roi a tenu à préciser que le gouvernement actuel avait hérité d'une « situation saine » de la part du gouvernement précédent. Trois semaines plus tard, à l'occasion d'un discours prononcé lors de la 60e commémoration de la Révolution du roi et du peuple et à la veille de son cinquantième anniversaire, le roi dénoncera la politique du gouvernement islamiste Benkiran en matière d'éducation. Il la juge décevante et promet des réformes dans ce secteur qui doit être une priorité nationale. Il réactive à cette occasion le Conseil national de l'Éducation[21],[22].
↑Le Parti authenticité et modernité, bien que n'ayant pas participé aux législatives de 2007, était présent dans le précédent parlement avec 55 députés ayant rallié le parti au cours de la législation, à la suite de sa fondation.
↑Sondage réalisé du 2 au sur un échantillon de 1000 personnes.