L'opéra est créé au King's théâtre Haymarket de la Royal Academy of Music de Londres le [1]. Il s'agit du cinquième ouvrage que le compositeur écrit pour l'institution[2]. C'est, dès l'origine, un succès et Haendel le reprend en 1725, 1730 et 1732, pour un total de trente-huit représentations dans les saisons qui suivent[2]. Il est également monté à l'étranger, comme à Hambourg en 1725, à Brunswick et à Paris en 1737[2]. Avant le XXe siècle, la dernière représentation a lieu à Hambourg en 1737[réf. nécessaire].
Postérité
Certains airs comme V'adoro, pupille, Se pietà ou Piangerò (Cleopatra), Va tacito ou Dall' ondoso periglio (Cesare), Svegliatevi nel core de Sesto ou encore le poignant duo de Cornelia et Sesto qui termine le premier acte, sont devenus des pièces de concert.
Le compositeur, ravi du succès de son ouvrage, continue d'exploiter le sujet politico-moral dans ses opéras suivants, mais qui finit néanmoins par lasser le public[2].
Description
L'ouvrage est pensé comme un chant à la grandeur de Rome et de la vertu des Romains face à l'amoralité des Egyptiens[2]. L'évolution du personnage de Cléopâtre se situe dans le développement d'une morale royale en fréquentant César[2].
Jules César a poursuivi jusqu'en Égypte son ennemi Pompée, or Ptolémée, le roi des Égyptiens, croyant bien faire, tue son rival dont il offre la tête à César. Celui-ci, qui allait conclure la paix avec son adversaire, en est profondément choqué et jure au nom de la femme et du fils de Pompée de le venger. D'un autre côté, Ptolémée tente d'éloigner du trône sa sœur Cléopâtre, qui se rend incognito chercher de l'aide auprès de César, qu'elle séduit d'abord par intérêt mais dont elle finit par tomber amoureuse et dont le sentiment est bientôt réciproque.
L'opéra se termine par le triomphe de César et de Cléopâtre à Alexandrie, Achilla étant mort au combat et Ptolémée tué par Sextus.
Aria (Cesare) – Se in fiorito ameno prato Scène II
Arioso (Cornelia) – Deh piangete, oh mesti lumi Scène III
Aria (Achilla) – Se a me non sei crudele Scène IV
Aria (Tolomeo) – Sì spietata, il tuo rigore sveglia Scène IV
Aria (Cornelia) – Cessa omai di sospirare! Scène VI
Aria (Sesto) – L’angue offeso mai riposa Scène VI
Aria (Cleopatra) – Venere bella, per un istante Scène VII
Aria (Cesare) – Al lampo dell’armi Scène VIII
Chœur Morrà, Cesare, morrà Scène VIII
Recitativo accompagnato (Cleopatra) – Che sento? Oh Dio! Scène VIII
Aria (Cleopatra) – Se pietà di me non senti Scène VIII
Arioso (Tolomeo) – Belle dee di questo core Scène IX
Aria (Sesto) – L’aure che spira tiranno e fiero Scène XI
Troisième acte
Aria (Achilla) – Dal fulgor di questa spada Scène I
Sinfonia Scène II
Aria (Tolomeo) – Domerò la tua fierezza Scène II
Aria (Cleopatra) – Piangerò la sorte mia Scène III
Recitativo accompagnato (Cesare) – Dall’ondoso periglio Scène IV
Aria (Cesare) – Aure, deh, per pietà spirate Scène IV
Aria (Cesare) – Quel torrente, che cade dal monte Scène V
Aria (Sesto) – La giustizia ha già sull’arco Scène VI
Recitativo accompagnato (Cleopatra) – Voi, che mie fide ancelle Scène VII
Aria (Cleopatra) – Da tempeste il legno infranto Scène VII
Aria (Cornelia) – Non ha più che temere quest’alma Scène IX
Sinfonia/La Marche Scène Ultima
Duo (Cleopatra, Cesare) – Caro! – Bella! Scène Ultima
Chœur – Ritorni omai nel nostro core Scène Ultima
Les versions modernes de Giulio Cesare
La redécouverte
Giulio Cesare est l'opéra italien de Haendel le plus représenté sur les scènes modernes. Oublié pendant près de deux siècles, l'œuvre reparaît pour la première fois à Göttingen en Allemagne en 1922. On prend dès lors, et pour longtemps, l'habitude de tronquer la partition, traduire le livret, couper les da capo (reprise de la première partie d'un air, forme universelle de l'aria dans l'opéra italien durant la majeure partie du XVIIIe siècle), transposer la plupart des rôles masculins pour mieux satisfaire le goût contemporain (baryton pour César et Ptolémée, à l'origine castrats altos...). Une version française voit brièvement le jour en 1935 avec Louise Mancini.
Ce n'est qu'avec le renouveau de la musique baroque vers 1970 que des versions fidèles à la partition de Haendel apparaissent. Parmi celles-ci, le concert donné au festival de Beaune et l'album enregistré en 1991 par René Jacobs avec la mezzo-soprano américaine Jennifer Larmore dans le rôle titre, fait encore autorité. Au sein d'une discographie plus abondante que pour tout autre opera seria, elle fut la première à proposer un texte intégral, non arrangé, non transposé, un orchestre virtuose d'instruments originaux et un climat théâtral fidèle aux intentions supposées des auteurs.
Premières grandes productions
Les principales productions du chef-d'œuvre ont eu lieu à Vienne en 1954 (partition mutilée sous la baguette de Karl Böhm), à Londres en 1963 (première tentative d'un César contralto, et avec la jeune Joan Sutherland en Cléopâtre), à la radio bavaroise en 1965 (version publiée par la suite), à l'ENO de Londres en 1979 avec le César un peu arrangé mais marquant de Janet Baker, aux États-Unis en 1985 puis en Europe (Bruxelles 1988, Nanterre 1990) dans une production moderne et décapante de Peter Sellars qui transportait l'action dans un Moyen-Orient très actuel visité par un Président américain.
En juin 2013, l'œuvre est reprise à l'opéra de Paris sous la direction d'Emmanuelle Haïm avec Lawrence Zazzo dans le rôle titre et Sandrine Piau dans celui de Cléopâtre. . Avec Giulio Cesare de Haendel, le contre-ténor vedette Philippe Jaroussky s’apprête à diriger son premier opéra au Théâtre des Champs-Élysées, avec l'ensemble Artaserse à Paris[3]. Sous son costume de Sextus, le contreténorFranco Fagioli jubile. À la baguette, son homologue Philippe Jaroussky, lui, transpire… « Avec Franco, il y a toujours quelque chose qui se fait sur le moment, explique-t-il », avec Sabine Devieilhe (Cléopâtre), Gaëlle Arquez (Jules César) et Paul-Antoine Bénos-Djian (Nireno)[4],[5].
Discographie
Parmi une vingtaine de références, la plupart enregistrées sur le vif sans motif de publication, trois albums à écouter en priorité :
J. Larmore, B. Schlick, B. Fink, M. Rörholm, D. Ragin, F. Zanasi, Concerto Köln, dir. René Jacobs (Harmonia Mundi 1991)