Avec ses yeux de braise, son sourire charnel et sa voix canaille, Ginette Leclerc fut, pendant des années, la représentation de la femme fatale et de la vamp des bas-fonds. Elle disait : « Je suis l'actrice qui a fait le plus longtemps le trottoir et qui a été le plus souvent assassinée »[1].
Biographie
Jeunesse et débuts
Geneviève Menut naît dans le quartier de Montmartre à Paris où ses parents, Louis Menut et Suzanne Fauth, tiennent une joaillerie. Elle adopte, durant son adolescence, un comportement quelquefois provocant, qu'elle racontera ultérieurement dans son autobiographie sortie en 1963[2]. Elle se marie à dix-huit ans, le , avec un danseur de seize ans son aîné, Lucien Leclerc[2], « pour ne pas travailler »[3]. En effet, elle veut être danseuse, mais sa famille s'oppose à ce choix. Toutefois, le ménage ne dure pas et ils divorcent le . Elle conserve cependant son patronyme. Plus tard, Ginette Leclerc partage pendant une dizaine d'années la vie du comédien Lucien Gallas. Elle a fait sa connaissance en 1936 sur le tournage de La Loupiote, mélodrame d'Arthur Bernède réalisé par Jean Kemm et Jean-Louis Bouquet[2].
Elle a des débuts assez difficiles, posant pour des cartes postales « coquines », et faisant de la figuration pour le cinéma à partir de 1932, jusqu'au jour où elle est remarquée par Jacques Prévert[4].
En 1938, elle devient célèbre grâce au film La Femme du boulanger de Marcel Pagnol, aux côtés de Raimu et de la chatte Pomponette. Elle a peu de texte à dire pour ce rôle, mais se révèle dans ses silences, ses regards, et ses expressions[2]. Un de ses autres rôles majeurs est celui de Denise, la femme sensuelle et boiteuse, amoureuse d’un médecin, dans Le Corbeau (1943) de Clouzot[2], sans oublier sa composition dans Le Val d'enfer de Maurice Tourneur[5].
Sous l’Occupation, Ginette Leclerc, partenaire de Tino Rossi, Jean Tissier, Georges Marchal et de bien d’autres grands acteurs de l'époque, tient aussi un cabaret avec son compagnon, Lucien Gallas, et accueille le milieu parisien de la collaboration et des occupants. Ceci lui vaut des ennuis à la Libération. Elle est détenue, sans jugement, pendant presque une année pour avoir travaillé, comme d'ailleurs une partie des comédiens français de l'époque, avec la Continental, société de production cinématographique contrôlée par les Allemands qui monopolisait les productions françaises[2]. À sa sortie de prison, elle se voit contrainte de rejouer des rôles en partie stéréotypés[2].
Ginette Leclerc participe aussi à plusieurs séries policières pour la télévision, entre autres Maigret ou Les Cinq Dernières Minutes, où on lui confie des rôles de prostituées, de femmes autoritaires et méchantes, ou de mères maquerelles.
En 1963, elle écrit un livre de souvenirs intitulé Ma vie privée, publié aux éditions de la Table ronde[2],[4].
Ginette Leclerc se retirera du métier de comédienne, et prendra sa retraite en 1981, après avoir interprété un dernier rôle, à la télévision, dans la série télévisée Les Cinq Dernières Minutes.
1980 : Petit déjeuner compris (feuilleton en 6 épisodes de 52 min) de Michel Berny, son personnage « la Buque », point de départ de l'histoire, meurt aux premiers instants du premier épisode, en étant évoqué pendant toute la série.
1981 : Le Système du docteur goudron et du professeur plume de Claude Chabrol : la douairière