Gertrude Vanderbilt s'efforce de tenir son rôle de jeune fille de la haute société, puis de femme du monde, contrariant ainsi sa nature fantasque et son tempérament d'artiste. Ses biographes soulignent que cela l'oblige à mener en quelque sorte une double vie[3].
Son apparente froideur fait d'elle une cible idéale pour la presse, notamment dans l'« affaire Vanderbilt » qui l'oppose à sa belle-sœur, Gloria Morgan Vanderbilt, sur la question de la garde de sa nièce, Gloria Vanderbilt (Little Gloria). La presse s'apitoie sur la « fragile et frivole jeune mère » Gloria Morgan Vanderbilt, tandis que Gertrude — qui était surnommée la « Dame de fer hautaine » — passe pour sa tortionnaire[4].
Une vie de milliardaire cache une vie d'artiste
Tout en menant une vie mondaine, Gertrude Vanderbilt Whitney possède un atelier dans Greenwich Village où elle sculpte, dessine et peint. Elle fréquente une danseuse des Ziegfeld Follies (ce dont on se sert contre elle), un sculpteur Frederick Hazltine, ou des peintres[5].
En Europe au début des années 1900, elle découvre à Paris la vie artistique de Montmartre et Montparnasse. Elle est largement encouragée dans son travail de sculptrice par Auguste Rodin qui est un temps son professeur.
En 1892, la fortune de Gertrude Vanderbilt Whithney aide à financer le lancement de la revue de mode, Vogue, et en 1913, une première photo d'elle, par le baron de Meyer, est publiée dans ce magazine[7].
Sa fortune lui permet en outre, de devenir collectionneuse et mécène. Elle encourage ainsi les artistes américains en achetant leurs œuvres. En 1914, elle installe dans un de ses innombrables appartements – situé également dans Greewich Village – l'atelier Whitney (Whitney studio club) qu'elle offre aux jeunes artistes pour exposer leurs œuvres. C'est de cet endroit même que naît le Whitney Museum of American Art, qui par la suite, s'agrandit. Refusant l'offre du MoMA (Museum of Modern Art) qui souhaite accueillir sa collection, Gertrude Vanderbilt Whitney crée et lègue ensuite à son pays, le bâtiment et la collection d'œuvres qu'elle a rassemblées durant vingt-cinq ans.
Les sculptures monumentales
Aux États-Unis, Gertrude Vanderbilt Whitney a réalisé :
Gertrude Vanderbilt Whitney repose à côté de son mari dans le cimetière de Woodlawn dans le quartier du Bronx à New York.
Sa fille, Flora Whitney-Miller, continue son œuvre, et elle prend en charge la gestion du Whitney Museum of American Art.
En 1982, la vie de la nièce de Gertrude Vanderbilt Whitney, Gloria Vanderbilt (qui avait fait l'objet d'une longue bataille juridique concernant sa garde), est adaptée à l'écran d'après le livre de Barbara Goldsmith, sous le titre éponyme : Little Gloria Happy At Last. Le rôle de Gertrude était interprété par Angela Lansbury.
En 1999, la petite-fille de Gertrude Whitney, Flora Miller Biddle, publie un livre de souvenirs sur la famille : The Whitney women and the museum they made (« Les Femmes de la famille Whitney et le musée qu'elles ont créé »).
Bibliographie
(en) B. H. Friedman : Gertrude Vanderbilt Whitney, a biography, Doubleday, New York, 1978, 684 pages, (ISBN0385129947).
Des passages entiers du livre de B. H. Friedman, Gertrude Vanderbilt Whitney, a biography, Doubleday, New York, 1978, (ISBN0330264117) ont été reproduits par Barbara Goldsmith avec l'accord de l'auteur qui a été le biographe de Gertrude le plus précis. La journaliste américaine Barbara Goldsmith est réputée pour ses enquêtes approfondies, dont Tom Wolfe a salué le talent dans son livre “The New Journalism” Harper & Row, New York, 1973. p. 219, (ISBN0060147075).
(en) The Whitney women and the museum they made, Flora Miller Biddle, Arcade publishing, 1999, (ISBN1559705094).
(en) Clarice Stas and Nex England publishing associate, The Vanderbilt women, dynasty of wealth, glamour and tragedy. 2000, (ISBN1583487271).
Arthur T. Vanderbilt, Fortune's Children : The Fall of the House of Vanderbilt. New York, Morrow. 1989, (ISBN0688072798).
Julie Verlaine, « Gertrude Vanderbilt Whitney (1875-1942) : Mécène de l'art américain », dans Femmes collectionneuses d'art et mécènes : de 1880 à nos jours, Éditions Hazan, , 287 p. (ISBN9782754106122), Avant-garde et émancipation : de la Belle Époque aux Années folles, 1905-1930, p. 127-134
↑(en) Kathleen D. McCarthy, Women's Culture : American Philanthropy and Art, 1830-1930, University of Chicago Press, , 324 p. (ISBN978-0-226-55583-6, lire en ligne)
↑Nathalie Herschdorfer (trad. de l'anglais, préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast [« Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN978-2-87811-393-8, présentation en ligne), « Les débuts : 1911 - 1938 », p. 28