Georges Rey, né le à Lyon, est un cinéaste expérimental, photographe et commissaire d'expositions français.
Biographie
Parcours
Georges Rey a commencé à filmer à la fin des années 1960, après des études techniques de comptabilité, commerciales, juridiques, d'éducateur populaire et d'histoire de l'art. L’homme nu (1969) est son premier film, suivi par La vache qui rumine, un plan fixe de trois minutes.
De 1975 à 1978, il réalise un film, décadré, de cinquante minutes, L’amour la plus grande imposture de tous les temps, inspiré par différentes rencontres faites lors de voyages (à Venise, en Occitanie…). Le film commence par un chemin de fourmi, sujet emblématique de ce qui, en soi, ne peut se cadrer. Il traite du lien entre nature et culture, du phénomène de culturation et de construction d’une identité au fil des rencontres. Ce film pose déjà tout l’esprit de la recherche de Georges Rey, son intérêt pour le hors-cadre, son refus de la norme, ce qui le conduit à ne pas tenir compte d’un cinéma normé et à s’intéresser particulièrement à tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, contribue à libérer la condition humaine. C’est dans cet esprit, également, qu’il réalise Le monde le plus beau est comme un tas d’ordures répandu au hasard (1976), inspiré d’une phrase d’Héraclite qui postule ainsi l’émergence de la beauté en dehors de l’ordre.
La rencontre de Georges Rey avec l’univers musical punk a confirmé sa démarche. Il y retrouve la mise en cause des règles, le franchissement des limites et le désir d’échapper aux conditionnements. L’attitude punk, où prime la pulsion, le conforte dans son intérêt pour une forme de réalité instinctive et dans sa volonté « d’être présent là où il y a un maximum d’énergie ». Quand Georges Rey filme les groupes, les concerts, « il veut exister autant qu’eux en les filmant », exister pouvant même impliquer de « disparaître ». Il ne s’agit donc pas de signifier un point de vue, un parti pris, par l’orientation ou le mouvement de la caméra, mais de les filmer selon un mode qui soit au plus près de son ressenti en leur présence. Le « Do It Yourself » appliqué à la caméra, en quelque sorte. Le film sur Electric Callas est très frontal, induit par la violence hypnotique du groupe. Celui sur Marie et les Garçons opère un déplacement de la caméra pour être pleinement « avec » le groupe sur scène et laisser apparaître le public. Le film sur Starshooter est en plan fixe, pour mieux capter la prestation scénique du groupe.
Passé cette révélation du monde punk, Georges Rey aura d’ailleurs la sensation d’avoir perdu le contact avec le réel. Si l’on émet l’hypothèse que « se réaliser » consiste à trouver sa réalité, son réel, Georges Rey va donc, à partir des années 1980, se réaliser à travers le regard des artistes. En 1980-81, à New York, il est fasciné par le premier film de Jim Jarmush, Permanent Vacation (1980), dérive urbaine entre rock et punk.
Dès cette époque, Georges Rey commence à réaliser de nombreux portraits d’artistes (films avec Philippe Parreno, Pierre Joseph et Philippe Perrin, avec Ange Leccia…). Si la réalité n’est plus palpable sur un mode immédiat et intense comme le permettait la scène musicale punk quelques années auparavant, Georges Rey cherchera désormais à la saisir par son intérêt pour les artistes, ce qu’ils voient et ce qu’ils restituent du monde (No more reality, film avec Parreno…).
En 1985, il réalise le film Canards, dans le souci de travailler avec une image la plus banale possible.
Les films expérimentaux de Georges Rey privilégient les plans fixes et cherchent à saisir le réel tel qu’il se présente, avec sa temporalité, en le transformant le moins possible. Nul montage (à la différence de ses films sur l'art par exemple). Georges Rey veut laisser le maximum de liberté au sujet filmé.
Photographe
En parallèle de sa pratique de cinéaste, Georges Rey a développé une pratique quotidienne de la photographie. Cette pratique, tout comme celle de cinéaste s'est inscrite dans plusieurs expositions personnelles et collectives.
De 1999 à 2007 : professeur de cinéma à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon.
De 2009 à 2010 : intervenant dans le domaine des nouvelles technologies spécialement de l’interactivité à l’École Média Art Fructidor de Châlon-sur-Saône.
Commissaire d’exposition
1977-1995 : l'ELAC vidéo, séance hebdomadaire d’art vidéo, de films sur l’art et invitations d’artistes à l’Espace Lyonnais d’Art Contemporain[1].
1982 : Energie New-York, ELAC, co-commissaire Florence Pierre, avec les artistes : Jeff Koons, Lynda Benglis, Jon Borofski, Judy Pfaff, John Torreano, Nancy Arlen, Dike Blair, Tom Butter, R.M Fischer, Don Hazlitt, Steve Keister, Algernon Miller, Jeff Plate, F.L Schröder, Barbara Schwartz, Taro Suzuki, Hap Tivey.
1991 : 1re Biennale de Lyon, L’amour de l’art, espace de projections de films de bandes vidéo d’artistes français, Et si la télévision devenait un art !
1995 : 3e Biennale de Lyon, Co-commissaire avec Thierry Raspail et Thierry Prat[2],[3].
1997 : Version originale, MAC Lyon, exposition sur internet avec 27 artistes[1][4].
2000 : Changement de temps, manifestations présentant 7 artistes dans 7 monuments nationaux français utilisant les nouvelles technologies avec Catherine Beaugrand au château de Chambord, Fabrice Hyber à L’Arc de Triomphe, Pierrick Sorin au château comtal de la Cité de Carcasonne, Robert Wilson à la Basilique de Saint-Denis, Ange Leccia à l’Abbaye de Cluny, Serge Comte au site archéologique de Glanum à Saint Rémy de Provence, Sarkis au Panthéon à Paris[5].
2006 : Suite, à la BF15, avec les artistes Sophie Négrier, Hikaru Miyakawa, Camille Laurelli, Romain Jacquet
2009 : So Punk !, Institut d’Art Contemporain, Villeurbanne, exposition, concert avec 8 groupes lyonnais et une projection de film[6][2].
2016 : Des mondes parallèles, Institut français, Sfax, Tunisie[7][3].
Exploitant de cinéma
À Lyon, Georges Rey a été gérant des salles de cinéma Le Cinéma, de 1976 à 2000, et du Cinéma Opéra, de 1982 à 2000[8].
Œuvres
Filmographie sélective
1969 La vache qui rumine, 2’45’’, 16mm, muet, N&B.
1969 L'homme nu, 2’45’’, 16mm, muet, N&B.
1969 La source de la Loire 2’45’’, 16mm, muet, N&B.
1973 Portrait, 2’45’’, 16mm, muet, N&B.
1975 Accumulations ou « Le monde le plus beau est comme un tas d'ordures répandu au hasard », 4’, S8, sonore, couleur.
1975-1978 L'amour la plus grande imposture de tous les temps, 50’, 16mm double bande, sonore, couleur et N&B.
1984 Tokyo, New-York, Montréal, Paris, Belgrade, 30 ans de cinéma expérimental en France, A.R.C.E.F L'homme nu, La vache, La source, Micro-film, Fleurs
2002 Olomouc, République Tchèque, La vache qui rumine[25].
2009 Villeurbanne, IAC, So punk !, Films punk, 12/11/2009[26].
2010 Caen, Cinéma LUX, ciné-conférence Georges Rey, Un autre cinéma, 14/02/2010[27].
1976 Peter Kubleka, Une histoire du cinéma, catalogue de l'exposition une histoire du cinéma, Ed. Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, 238 pages[35].
1979 Dominique Noguez, Éloge du cinéma expérimental, Ed. Musée national d'art moderne centre Georges-Pompidou, 191 pages[36].
1981 Jean-Paul Fargier, A Lyon Un lieu unique, dans Le Monde, périodique, 14/02/1981[37].
1982 Dominique Noguez, Trente ans de cinéma expérimental en France (1950-1980), Paris, Ed. A.R.C.E.F, 119 pages[38].
1990 Bernard Blistene et Jean-Michel Bouhours, Andy Warhol, Cinéma, Questions à Georges Rey ed Carrée, 270 pages[39].
1991 Thierry Raspail et Thierry Prat, L'amour de l'art, Ed Biennale d'art contemporain Lyon, 370 pages[40].
1995 Thierry Prat, Thierry Raspail et Georges Rey, 3e biennale d'art contemporain de Lyon, Ed Réunion des musées nationaux, 572 pages[41].
1996 Jean-Michel Bouhours, L'art du mouvement, ed Centre Georges-Pompidou, 496 pages[42].
1996 auteur et éditeur : Ministère des affaires étrangères, Vidéothèque des titres 100 : une collection sur la France contemporaine. 138 pages[43].
2002 Rose Lowder et Alain-Alcide Sudre, L'image en mouvement, ed Archives du film expérimental d'Avignon, page 189[45].
2004 Jacky Evrard et Jacques Kermabon, Une encyclopédie du court métrage français, Ed. Yellow Now, 464 pages[46].
2006 Georges Rey et Bernard Marcadé, Hauviette Bethemont , Moly-sabata résidence été 2016, 44 pages[47].
2007 Despret Vinciane, Bêtes et hommes (exposition à la Villette), Paris, Ed.Gallimard, 160 pages[48].
2008 Fibicher Bernard (direction éditoriale), Comme des bêtes, catalogue, exposition au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, du au , Milan, 5 Continents Éditions, 224 pages[49].
2012 Sylvie Mokhtari, A la vie délibérée ! : une histoire de la performance sur la Côte d'Azur de 1951 à 2011, Villa Arson, 135 pages[50].
2014 Georges Rey, dans la revue May, N°12, Les enfants gâtés de l'art, (retranscription du texte de la vidéo), Ed. Les presses du rée, 230 pages[51].
2014 Raphaël Bassan, Cinéma expérimental, abécédaire pour une contre-culture, ed Yellow Now, 335 pages[52].
2015 Direction Artistique Perrine Lacroix, La BF15 2015-2004, ed. deux-cent-cinq, exposition Suite en 2006 proposée par Georges Rey, 320 pages[53].
2018 Romain Gandolphe, D'autres voix que la mienne, ed La BF15, 198 pages[54].
2018 Chercheurs de la Sorbonne, Partout...mais pas pour très longtemps, ed École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Lyon, 170 pages[55].
Presse
1975 Louis Marcorelles, Expérimental 1, Le monde du 10 novembre 1975 [4].
1976 Lyon, un autre cinéma : « le cinéma » ouverture, Revue Melba n°1, novembre 1976, page 8 et 9.
1977 Propos d'un autre temps, Revue Melba n°2, Janvier, février 1977.
1981 Jean-Paul Fargier, À Lyon,un lieu unique, Le monde du 14 février 1981[56].
1985 Guy Argence, Lyon jour et nuit, Art Vivant n°10 03 et 04/1985, page 48[57].
1986 Hauviette Bethemont, Georges Rey signale l'avant-garde, Libération, n°96, 27 et 28 décembre 1986.
1986 Claire Peillod, La collection vidéo de Grenoble, Entretiens avec Georges Rey, Lyon poche n°770, du 10 au 16/12/1986, page 30.
1990 Soirée Andy Warhol à l'ELAC, Libération n°1186 du 11/07/1990.
2001 Jean-Marc Manach, Les rapports vert, gris et vert-de-gris (Le cinéma expérimental ou l'institutionnalisation impossible), Revue Dérives, rapport du colloque organisé par le CNC à l'ELAC de Lyon les 9 et 10 décembre 1978[58].
↑Biennale d'art contemporain (Lyon, France) (1st : 1991 : Lyon, France), L'Amour de l'art : une exposition de l'art contemporain en France, bac, 3 septembre-13 octobre 1991, Lyon., Biennale d'art contemporain, (ISBN2-906461-40-7 et 978-2-906461-40-6, OCLC26013169, lire en ligne), p. 354 à 359
↑Bernard Fibicher, Comme des bêtes : ours, chat, cochon & cie, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, , 224 p. (ISBN978-88-7439-458-6), La vache, pages 57 à 61
↑« Comme des bêtes », sur Musée cantonal des Beaux-Arts (consulté le ).
↑Yolande Bacot - Vincianne Despret - Catherine Mariette, Bêtes et hommes : [exposition, Paris, Grande halle de La Villette, 12 septembre 2007-20 janvier 2008], Paris, Parc de la Villette, Gallimard, , 160 p. (ISBN978-2-07-011893-9, BNF41110133), p. 159
↑Kubelka, Peter., Sayag, Alain, 1941- et Musée national d'art moderne (France), Une Histoire du cinéma : exposition, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Musée national d'art moderne, (ISBN2-85850-005-3 et 978-2-85850-005-5, OCLC2876362, lire en ligne), page 93 et 94
↑Biennale d'art contemporain (Lyon, France) (1st : 1991 : Lyon, France), L'Amour de l'art : une exposition de l'art contemporain en France, bac, 3 septembre-13 octobre 1991, Lyon., Biennale d'art contemporain, (ISBN2-906461-40-7 et 978-2-906461-40-6, OCLC26013169, lire en ligne), Et si la télévision devenait un art, programme vidéo des pages 354 à 359.
↑(en) Musée Saint-Pierre art contemporain (Lyon, France), 3e Biennale d'art contemporain de Lyon : installation, cinéma, vidéo, informatique : Musée d'art contemporain ... du 20 décembre 1995 au 18 février 1996., Paris/Lyon, Réunion des musées nationaux / La Biennale, , 572 p. (ISBN2-7118-3207-4 et 978-2-7118-3207-1, OCLC34659271, lire en ligne), De page 15 à 25
↑Bouhours, Jean-Michel,, L'art du mouvement : collection cinématographique du Musée national d'art moderne 1919-1996 catalogue, Paris, Centre Georges-Pompidou, , 495 p. (ISBN2-85850-902-6 et 978-2-85850-902-7, OCLC36963711, lire en ligne), page 372 et 495
↑Lowder, Rose., Sudre, Alain-Alcide, 1940- et Archives du film expérimental d'Avignon., L'image en mouvement : 25 ans d'activité pour la défense du cinéma comme art visuel, Avignon, Archives du film expérimental d'Avignon, , 189 p. (ISBN2-909383-02-4 et 978-2-909383-02-6, OCLC52106460, lire en ligne), pages, 16, 20, 21, 22, 23, 26, 29,105, 112
↑Evrard, Jacky,, Kermabon, Jacques, (1956- ...).,, Bargain, Anne, et Jungblut, Guy,, Une encyclopédie du court métrage français, Pantin/Crisnée, Festival côté court, impr. 2004, 463 p. (ISBN2-87340-181-8 et 978-2-87340-181-8, OCLC492769729, lire en ligne), La vache qui rumine, pages 392 à 394
↑Sajn, Michel., Mangion, Éric., Villa Arson (Nice) et Impr. Riccobono), À la vie délibérée! : une histoire de la performance sur la Côte d'Azur de 1951 à 2011 : [exposition, Nice], Villa Arson, 1er juillet au 28 octobre 2012, Nice/Saint-Laurent-du-Var, Villa Arson, dl 2012, 133 p. (ISBN978-2-913689-18-3, 2-913689-18-3 et 978-2-9542514-0-0, OCLC820653537, lire en ligne), page 109
↑Espace lyonnais d'art contemporain (Lyon)., Partout... mais pas pour très longtemps : [exposition du 3 au 11 juillet 2018 à l'ELAC, Espace Lyonnais d'Art Contemporain]., , 151 p. (ISBN978-2-915213-31-7 et 2-915213-31-3, OCLC1062384967, lire en ligne), p. 138 à 143
↑« À Lyon Un lieu unique », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Adrien Maeght, L'Art vivant, L'Art vivant, (lire en ligne), p. 46 à 49