Pierre Louis Georges Mathieu, né le à Nîmes, est le fils de Samuel Léon Mathieu (1855-1939), pasteur de l'église réformée à Uchaud et de Louise Cécile Suzanne Cavalier Bénézet (1860-1940)[1].
Élève du lycée de Bordeaux de 1892 à 1900. Après une licence ès lettre, il est admis à l'École des Chartes en novembre 1903 et doit faire une année de service militaire avant le début de ses études[2]. Il est incorporé au 6e régiment d'infanterie de novembre 1903 à septembre 1904 et nommé caporal dans la réserve en 1910[3].
Diplômé archiviste-paléographe en 1908, il est nommé la même année archiviste de la Corrèze à la préfecture de Tulle. Il y réside lorsqu'il épouse Sophie Laure Hine (née en 1888) le 9 mars 1911, à Jarnac[4]. Il publie des articles sur l'histoire de la Corrèze, sur l'hôpital de Tulle sous l'ancien régime, sur l'instruction publique dans le département pendant la Révolution et les répertoires numériques des fonds anciens des archives départementales[5],[6].
Le régiment subit d'intenses bombardements en mai 1916 lors de la bataille de Verdun. Georges Mathieu est cité à l'ordre de la brigade à cette occasion : « Sous-officier remarquable par son calme et son sang-froid. S'est particulièrement distingué pendant les 5 et 7 mai 1916, sous un bombardement inouï, en donnant à tous l'exemple du courage et de l'esprit de sacrifice »[7].
Dans une lettre qu'il écrit le 8 mai, il raconte son expérience : « Le vacarme des explosions était terrifiant. À chaque instant, nous recevions de la terre, projetée à une grande hauteur par une explosion proche. À trois reprises, l'obus a éclaté si près de moi, qui me tenais à l'entrée de l'abri, que j'ai reçu violemment en pleine figure plusieurs kilos de terre, qui m'ont aveuglé. C'est une affreuse impression. On est brusquement plongé dans les ténèbres. J'ai cru devenir aveugle. Par une chance prodigieuse, aucun éclat ne m'a touché. Le troisième obus a eu des conséquences pires. Il a éclaté à deux mètres devant moi, sur un pare-éclats, ce qui a eu pour résultats et de m'aveugler de terre, et de boucher notre abri sous une avalanche de terre et de sacs de terre. Minute horrible, où l'on craint d'être enseveli vivant. J'avais eu heureusement l'idée de mettre en travers de l'ouverture un gros rondin, qui a porté le coup et nous a laissé une petite fente. Avec une énergie décuplée, de mes ongles j'ai gratté, remué, et, après un quart d'heure d'efforts, j'ai pu sortir et dégager l'ouverture. J'étais si éreinté et si ému, les hommes aussi, que nous sommes restés là, sans bouger, jusqu'à la nuit »[8].
Après des combats dans le Pas-de-Calais et dans la Somme, son régiment est renvoyé au chemin des Dames. C'est là que Georges Mathieu est tué à Corbeny le [9],[10].
Il est cité à l'ordre de l'armée du 5 juin 1917 : « Chef de section d'une haute valeur morale. A été mortellement frappé le 8 mai 1917, en entraînant ses hommes à l'assaut d'un fortin »[11].
Alfred Leroux, « Georges Mathieu (1882-1917) [note biographique] », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 29, nos 115-116, , p. 312 (lire en ligne)
Maurice Rousset, « Georges Mathieu - Archiviste départemental de Corrèze », Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, , p. 90-96 (lire en ligne)
Association des écrivains combattants, Anthologie des Écrivains Morts à la Guerre - 1914-1918, t. 1, Amiens, Edgar Malfère, coll. « Bibliothèque du Hérisson », , p. 456-459
↑Association des écrivains combattants, Anthologie des Écrivains Morts à la Guerre - 1914-1918, t. 1, Amiens, Edgar Malfère, coll. « Bibliothèque du Hérisson », , p. 456-459
↑« Courte chronique écrite à Ayen (Corrèze), 1560-1585, publiée par Georges Mathieu, archiviste de la Corrèze. Paris, H. Champion, 1909. (Extrait du Bulletin de la Société des lettres de Tulle.) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 71, no 1, , p. 357–358 (lire en ligne, consulté le )
↑Georges Mathieu, Note sur les comités révolutionnaires de Tulle, (lire en ligne)
↑Auguste Petit et Georges Mathieu, Inventaire sommaire des archives hospitalières antérieures à 1790 : série H Supplément : hôpitaux de Tulle, Brive, Ussel, Argentat, Treignac, Meymac, (lire en ligne)