Il participera au secours de 700 personnes. Déjà sensible aux questions de l'éducation physique, il constate alors que seuls les êtres forts physiquement mais également moralement ont réellement été aptes à porter secours. Ce sera la naissance de sa vocation : repenser l'éducation physique, tâche à laquelle il consacrera toute sa vie.
De retour en France, il soumet un plan de réforme à la Marine Nationale qui l'affecte alors à l'École des fusiliers marins à Lorient.
Il bouleverse entièrement l'enseignement et très rapidement, les résultats se font sentir. La Marine adopte en 1909 la Méthode de Georges Hébert, qu'il avait nommée « Méthode naturelle ».
Carrière militaire
Entre dans la Marine en 1893 et aspirant le , port de Cherbourg.
1er janvier sur le croiseur Dubourdieu, division navale de l'Atlantique (Cdt Joseph Bonnin de Fraysseix).
1904, officier adjoint à l'officier chargé de l'école de gymnastique et d'escrime, École des fusiliers marins à Lorient. Officier breveté fusilier et gymnaste.
1906, chargé de l'instruction de la gymnastique à l'École des fusiliers marins à Lorient.
Influencé par son contemporain le docteur Paul Carton, il tire de l'observation des activités courantes des indigènes et des marins des conclusions sur l'entraînement et l'entretien physique militaire qu'il met en œuvre dès 1904 à l'École des fusiliers-marins de Lorient. Il présente en 1910 au ministère de la Marine un mémoire qui lui vaut d'être nommé directeur des exercices physiques dans la marine.
Il publie alors plusieurs ouvrages techniques relatifs à l'éducation physique militaire.
En 1913, un congrès international d'éducation physique est organisé à Paris. La marine y présente la « Méthode naturelle » de Georges Hébert qui y remporte un très vif succès. La Méthode naturelle est plébiscitée par le public et la presse. Georges Hébert accepte en 1913 la direction technique du collège d'athlètes de Reims, construit par le marquis Melchior de Polignac, membre du comité international olympique, pour promouvoir la propagation de sa méthode puis assurer la préparation des Jeux de la VIe Olympiade prévus à Berlin en 1916[5]. Cet établissement, où il accueille Georges Demeny pour la partie scientifique, participe au rayonnement de la méthode dans le monde entier. Il sera détruit dès le début de la guerre en octobre 1914, alors qu'Hébert, à la tête d'une compagnie de fusiliers-marins, est grièvement blessé à la bataille de Dixmude, Bataille où les troupes, entraînées selon la méthode naturelle, s'illustreront de manière remarquée.
L'armée, faisant le constat de la supériorité de la Méthode, fait alors appel à Georges Hébert, non encore guéri et invalide d'un bras à la suite de ses blessures. Elle le charge de l'entraînement des troupes d'assaut de progressivement toutes les armées. Il crée alors un parcours d'obstacles, mondialement connu sous le terme de Parcours du combattant.
Après la guerre de 1914, il se consacre à l'éducation physique civile et plus particulièrement féminine en ouvrant un établissement spécifique, la Palestra de Deauville[6]. Inquiet des aspects pris par la spécialisation sportive, il publie en 1925 un ouvrage, Le sport contre l'éducation physique, où il en dénonce les principales dérives. Il définit le sport comme « tout genre d'exercice ou d'activité physique ayant pour but la réalisation d'une performance et dont l'exécution repose essentiellement sur l'idée de lutte contre un élément défini, une distance, un danger, un animal, un adversaire [...] et par extension contre soi-même ».
En 1930, un mécène lui offre un trois-mâts goélette, l'Alcyon. Georges Hébert fonde alors, à bord de ce dernier, la première école nautique féminine au monde.
Il écrit ensuite des ouvrages où il décrit avec précision sa méthode. Comme Pierre de Coubertin, l'antiquité grecque l’attire par la grandeur et la grâce de ses exemples. « Ιl y trouve souvent une inspiration, des modèles, l’union traditionnelle de la gymnastique et de l’esthétique[7] ». En 1940, le Gouvernement de Vichy, auquel Georges Hébert refuse de participer, déclare néanmoins la « Méthode naturelle » comme « Méthode nationale » et en fait un élément du relèvement physique et moral du pays.
En 1955, pour rendre hommage à Georges Hébert, a lieu aux arènes de Lutèce de Paris une cérémonie et une démonstration pour le cinquantenaire de la Méthode.
Très diminué physiquement par les séquelles de ses blessures, il meurt le , laissant une abondante littérature.
Ouvrages publiés
L’Éducation physique raisonnée, 1907
Guide pratique d'éducation physique, 1910
Le Code de la force. La Force physique, ses éléments constitutifs et sa mesure pratique, 1911
L’Éducation physique ou l'entraînement complet par la méthode naturelle, 1912
La Culture virile et les devoirs physiques de l'officier combattant, 1913
Ma Leçon-type de natation, 1914
Ma Leçon-type d'entraînement complet et utilitaire, 1915
L’Entraînement physique complet par la méthode naturelle. Guide abrégé du moniteur chargé de l'entraînement dans les écoles, les sociétés de sport et de gymnastique, et en général dans les groupements de toutes sortes d'enfants ou d'adultes, 1918
L’Éducation physique féminine. Muscle et Beauté plastique, 1919
Le Sport contre l'éducation physique, 1925
L’Éducation physique, virile et morale par la méthode naturelle, 4 vol., 1936-1959
I. Exposé doctrinal et Principes directeurs de travail. II. Technique des Exercices. Technologie. Marche. Course. Saut. III : Technique des exercices. Fascicule 1 : Quadrupédie. Fascicule 2 : Grimper. Fascicule 3 : Équilibrisme.
IV : Technique des exercices . Fascicule 1 : Lever. Fascicule 2: Lancer. Fascicule 3: Défense
V : Natation (édition posthume en 1959 )
Une œuvre féconde et de haute portée sociale : les Champs d'ébats, centres de régénération physique, virile et morale, 1944
Son nom a été donné à des installations sportives : le stade municipal de Deauville, ou encore un complexe sportif du nord de Reims. Il reste attaché à un type d'installation sportive de plein air : le « parcours Hébert ».
Jacques Defrance, « La signification culturelle de l’hébertisme. Étude de sociologie de la culture des années 1920 et 1930 », dans J-P. Clément et M. Herr, L’identité de l’EP scolaire au 20e siècle, Paris, AFRAPS, .
Gilles Xuan et Jacques Gleyse, De l'émergence de l'éducation physique, Georges Demenÿ et Georges Hébert : un modèle conatif appliqué au passe, Paris, Hatier, coll. « Le temps des savoirs », , 253 p. (ISBN978-2-218-72570-8, OCLC51085225).
Jean-Michel Delaplace, Georges Hébert, sculpteur de corps, Paris, Vuibert, coll. « Science, corps & mouvements », , 22e éd., 415 p. (ISBN978-2-7117-7135-6, OCLC62679369)
Pierre Philippe-Meden, Du sport à la scène. Le naturisme de Georges Hébert (1875-1957), Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, , 406 p. (ISBN979-10-300-0080-1).
Michel Thibault, Reims, le Parc Pommery, Alan Sutton, coll. « Témoignages et récits », , 159 p. (ISBN978-2-84910-182-7)
Sources et références
↑Archives de l'état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 5/971/1875 ; avec mention marginale du décès
↑Charles Le Goffic, Dixmude. Un chapitre de l’histoire des fusiliers marins (7 octobre – 10 novembre 1914), Paris, Librairie Plon, , p. 89 à 91
↑« Lors de l'attaque de Beerst le 19 octobre 1914, la 8e compagnie du Lt de vaisseau Hébert est envoyée à la rescousse des 5e et 6e compagnies en difficulté, leurs chefs hors de combat : « Le lieutenant de vaisseau Hébert, alors âgé de près de quarante ans, est célèbre dans toute la Brigade et même dans toute la Marine. C'est lui qui s'est fait le pionnier de l'éducation physique militaire. Toute l'armée a repris ses mots d'ordre, dont le plus célèbre claque comme un défi : « Soyons forts ! Les faibles sont des inutiles ou des lâches ! ». C'est dire à quel rythme d'enfer il mène sa 8e compagnie. Tous les gradés sont formés à son image. Accrocheurs, méprisants du danger et d'un courage qui tourne au fanatisme. Où personne ne peut passer, la compagnie Hébert passera… Il n'y a plus d'espoir pour le lieutenant de vaisseau Hébert, qui vient de perdre, en quelques minutes, ses trois chefs de section. Il ordonne le repli. Ses hommes se glissent hors de la ferme. Soudain, le célèbre gymnaste ressent une douleur terrible au bras gauche. Une balle vient de le déchirer du coude au poignet. Puis un choc à la poitrine. Est-il touché en plein cœur ? Une autre balle a traversé son bloc-notes, son manuel d'officier en campagne et s'est arrêtée sur son portefeuille. Ses hommes l'emportent vers l'arrière, son bras gauche inerte, mais sa main encore crispée sur la crosse de son revolver. Hébert hors de combat à son tour, c'est l'attaque sur Beerst qui s'enlise à nouveau sur tout le front tenu par le bataillon Pugliesi-Conti. » », extrait de La Bataille de l'Yser de Jean Mabire.
↑Sylvain Villaret et Jean-Michel Delaplace, « La Méthode Naturelle de Georges Hébert ou « l'école naturiste » en éducation physique (1900-1939) », Staps, vol. 63, no 1, , p. 29-44 (ISSN0247-106X, DOI10.3917/sta.063.0029)
↑Pierre Philippe-Meden, « Les Palestres hébertistes », Gazette Pierre de Coubertin, Paris, Comité Français Pierre de Coubertin, , p. 16-17 (lire en ligne)
↑Α. Coche, Manuel de Pédagogie Appliquée à l’Éducation Physique, , p. 295