Georges Gusdorf, né le à Caudéran (commune ayant fusionné avec Bordeaux) et mort le , est un philosophe et épistémologue français. Son œuvre est marquée par Søren Kierkegaard.
Biographie
Georges Gusdorf est le fils d'un père juif, athée et aux idées avancées, et d'une mère protestante, tous deux de nationalité allemande.
En 1940, il est fait prisonnier avec son régiment dans le Loiret et passe toute la guerre dans différents camps de prisonniers, où on le déplace pour son refus de défendre la politique de Vichy. Il finit à Lübeck, en Allemagne du Nord. C'est durant ces années de détention qu'il fait l’expérience d’une sociabilité intellectuelle que sa carrière universitaire ne lui permettra plus, selon lui, de renouveler.
Après la guerre, entre 1945 et 1946, il prend la charge de répétiteur à l'ENS, préparant à l'agrégation de philosophie. Il y succède à Merleau-Ponty, et prépare à l'agrégation Althusser et Foucault.
En 1948, il est nommé professeur à l'université de Strasbourg, occupant la chaire de philosophie générale et de logique. Il n'a alors publié, sous la direction de Gaston Bachelard, qu'une thèse, La Découverte de soi, matrice de ses futurs travaux sur la mémoire et rédigée au cours de sa longue captivité à Lübeck.
Gusdorf raconte que dans son camp de prisonniers, le milieu des officiers de carrière était favorable à Vichy, notamment aux thèses défendues par Jean Guitton et relayées un certain temps par Paul Ricœur[2]. Avec quelques-uns de ses camarades, il réussit à retourner les esprits. « C'est grâce à vous que nous avons pu rentrer la tête haute », lui a dit après la guerre un officier prisonnier avec lui[3]. La captivité a également été l'occasion pour Georges Gusdorf de s'intéresser à un genre qui d'ordinaire ne tente pas les philosophes, l'autobiographie. Admirateur de la Geistesgeschichte et de l'école critique fondée par Wilhelm Dilthey ainsi que de l'Histoire de l'autobiographie de Georg Misch, le gendre de Dilthey, Gusdorf polémiqua en 1975 contre l'approche à son sens formaliste de Philippe Lejeune et de son pacte autobiographique[4]. Georges Gusdorf reste attaché à une vision lucide de l’homme, qui est conditionné par son corps et le monde dans lequel il vit, mais qui est aussi capable de se détacher de ce déterminisme et de produire des œuvres où se manifeste sa liberté. Ces œuvres ne peuvent être réduites à des schémas formels, elles expriment un être personnel et avec lui tout un univers que l’on ne pourra jamais dévoiler entièrement et qui varie en fonction des individus, mais aussi des époques[5].
De 1966 à 1988, il publie chez Payot les quatorze volumes d'une vaste recherche encyclopédiste, Les sciences humaines et la pensée occidentale[3]. En 1968, peu en phase avec la révolte étudiante, il s'exile à l'Université Laval, située à Québec, mais revient à Strasbourg, une fois le calme revenu. Georges Gusdorf affirme avoir en quelque sorte prévu l'explosion dans son ouvrage L'Université en question, paru en 1964[3].
Les sciences de l'homme sont des sciences humaines, 1967 [5]
La Pentecôte sans l’esprit sain : université 1968, 1969 (publié au Canada sous le titre : "La nef des fous Université 1968", Presses de l'Université Laval, Québec); [6]
Montesquieu : Lettres persanes – Présentation par Georges Gusdorf, 1972
Les Sciences de l’homme sont-elles des sciences humaines?, 1976 [7]
↑Georges Gusdorf, « De l’autobiographie initiatique à l’autobiographie genre littéraire », Revue d'Histoire Littéraire de la France, 75e année, no 6 (nov.-déc. 1975), p. 957-994.
↑François Genton, « Georges Gusdorf et l'autobiographie : de la théorie à la pratique », dans Anne-Rachel Hermetet et Jean-Marie Paul (dir.), Écritures autobiographiques. Entre confession et dissimulation, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 21-33.
André Encrevé, « Gusdorf, Georges », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 2 : D-G, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2020, p. 1029-1031 (ISBN978-2-84621-288-5)
François Genton, « Georges Gusdorf et l’autobiographie : de la théorie à la pratique », dans Anne-Rachel Hermetet et Jean-Marie Paul (dir.), Écritures autobiographiques. Entre confession et dissimulation, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 21-33.
Pierre Nzonzi, Le mythe dans la pensée de Georges Gusdorf, Thèse non publiée, Université Paris-Nanterre, 2003.